Les Anges (déchus) célébraient hier soir un autre de leur désormais incontournable Cabaret annuel au Lion d'Or. Si l'événement fut moins fréquenté que l'année dernière (bicoze grève du transport en commun on imagine), force est d'admettre que tous ceux qui comptaient étaient là. De toute façon, heureusement qu'il n'y a pas eu salle comble sinon on aurait crevé de chaud là-dedans. Il faut dire aussi que le Cabaret des Anges Vagabonds de 2006 célébrait les 5 ans à Montréal (les deux proprios, Serge Paradis et Michèle Méthot étaient d'abord établis à Ste-Hyacinthe) de la petite boutique de disques spécialisée dans la scène locale et, hélas, l'éviction de leur local sur la oh so chic avenue du Mont-Royal (trop chic pour les Anges) et leur relocalisation sur Rachel, relocalisation qui aura conduit les Anges Vagabonds à leur perte puisque leur clientèle n'a pas suivit. Dorénavant, on pourra trouver sa dose de musique locale sur le web, au www.angesvagabonds.com.
Alors hier y'avait moins de monde mais la soirée s'est déroulé sans heurts avec les rockeuses garagistes de Camionette, l'inimitable Franck Martel et son groupe l'Ouest Céleste, The Blue Seeds, Vander et son Bass Ma Boom Sound System décidemment de mieux en mieux d'un concert à l'autre, les corrosifs Peter Paul Groupe de Rock et leur comparse, l'inéffable Mononc' Serge et les toujours bien déjantés Jérémi Mourand. Bref, une programmation impeccable, un super reflet du dynamisme et de la belle diversité qu'offre la scène locale montréalaise.
Vagabondages
Patrick Baillargeon
Euh, soyons francs, est-ce vraiment sur la clientèle qu’il faut taper pour expliquer la fermeture des Anges ? Certes, sa nouvelle adresse n’était pas forcément idéale, bien que le magasin ne se trouvait finalement pas beaucoup plus mal situé qu’il l’était sur Mont-Royal, loin du métro…
Si les Anges ont coulé, c’est peut-être avant tout parce qu’ils se spécialisaient trop. S’ils avaient étendu leur catalogue pour devenir, par exemple, LE magasin incontournable pour la musique francophone en général (donc aussi de France, de Belgique, de Suisse…) au lieu de ne faire de la place qu’aux artistes québécois, peut-être auraient-eu davantage de passage.
Le magasin sur Rachel était petit, le choix aussi. En 2007, alors que les mélomanes téléchargent de plus en plus leur musique (légalement ou non), alors qu’il est souvent plus facile de trouver un CD sans se lever sur ebay ou chez cette multitude de marchands virtuels qui vendent souvent moins cher, un magasin ne peut pas se contenter de vendre quelques dizaines de disques québécois. C’est du suicide, pas de l’assassinat !
Aussi, les gros comme Archambault piétinent les platebandes des petits comme les Anges. Archambault vend Carl-Éric Hudon, Nicolas Huart, Émilie Proulx, etc. Peut-être faut-il aussi chercher là l’explication de la chute des Anges et cesser de taper aveuglément sur la tronche du client infidèle…
Tu n’as pas tout à fait tort Béatrice mais dans ton message se trouve aussi la réponse. C’est certain qu’on ne doit pas tout mettre sur le dos de la clientèle mais je peux te dire de source sûre que la majorité des clients qui fréquentaient la boutique sur Mt-Royal n’ont pas fait l’effort de se rendre sur Rachel par la suite. Cette même clientèle savait, comme toi, que de se procurer des albums est aujourd’hui -via le web- drôlement plus facile qu’hier, elle savait donc que pour qu’un magasin puisse survivre, si on aime vraiment ce genre de boutique de disques, il fallait se déplacer physiquemement, comme au bon vieux temps. Un effort pour une bonne cause en somme (puisque contrairement à plusieurs autres disquaires, les Anges faisaient ça pour l’amour de la zique d’ici, un labor of love comme disent nos voisins du sud). Donc, penses-tu sincèrement que ces mêmes clients se seraient davantage déplacé si les Anges Vagabonds avaient été moins spécilaisés? Je pense que le marché du disque au détail (à l’exception du disque vinyle usagé/collection) traverse une crise très grave, voir mortelle à moyen terme, et que les Anges, malgré toute leur bonne volonté, doivent faire face à la chanson, si je peux me permettre l’expression. Les deux proprios l’ont compris: ils font maintenant affaire en ligne.
En tous cas, merci pour ton commentaire éclairé!
Pat
– « Cette même clientèle savait, comme toi, que de se procurer des albums est aujourd’hui -via le web- drôlement plus facile qu’hier »
Ce n’est souvent pas une question de facilité, mais plutôt de disponibilité. Surtout quand on a une certaine tendance à être très sélectif et à s’intéresser à des trucs qui ne sont pas grand public. Pour ma part, très sérieusement, je ne trouve pas mon bonheur dans les magasins de disques de Montréal dans 95 % des cas ! Certes, je recherche souvent des albums très rares de rock et de folk des années 60 et 70, mais j’en cherche aussi d’autres qui sont sortis récemment et ne sont disponibles que sur commande, entre 2 à 4 semaines plus tard (récemment The Quarter After et Bert Jansch). Donc, je déserte les magasins et j’achète maintenant mes CD presque exclusivement sur Internet n’importe où dans le monde. Et nous sommes nombreux à le faire. D’où la fermeture de magasins comme les Anges, ou même le gigantesque Tower Records à Los Angeles.
Quant aux artistes québécois, j’achète principalement leurs CD quand je vais les voir en concert, désolée pour Les Anges… J’y ai quand même acheté quelques trucs.
– « Un effort pour une bonne cause en somme »
On parle là de commerce, d’un magasin, pas d’une oeuvre de charité. Aussi sympas et dévoués que soient les proprios, ils ne pouvaient en aucun cas espérer survivre grâce à la simple reconnaissance des consommateurs.
– « Donc, penses-tu sincèrement que ces mêmes clients se seraient davantage déplacé si les Anges Vagabonds avaient été moins spécilaisés? »
Je pense plutôt que les Anges auraient considérablement élargi leur clientèle en se spécialisant dans d’autres « pays » que le Québec. S’il avait été possible d’y trouver des disques français non vendus chez Archambault par exemple, si les Anges avaient été le disquaire francophone de Montréal au sens large du terme, ils n’auraient pas seulement attiré les amateurs de scène locale.
Primo bienvenue à mon homonyme dans ses nouvelles fonctions.
Secundo concernant le sujet de cette entrée. Je crains fort que les commerces de disques risquent de disparaître de la carte. En allant chez HMV j’ai été pas mal surpris de voir l’espace consacré à des objets autrs que des cds sur l’étage principal.
Également soulignons la disparition de petits commerces consacrés à la vente de Cds, entre autre le Tuyau Musical sur Mt-Royal ainsi que le Subalterne sur St-Denis.
Il semble que ce soit de moins en moins rentable de tenir un commerce consacré aux disques et de tenir pignon sur rue.
Sans blâmer la clientèle, après tout le client a toujours raison, il y un déplacement dans la façon d’acheter qui rend ces commerces caduques.
J’avoue que le fureteur en moi qui peut passer des heures à flâner dans ces magasins afin de se dégoter des aubaines n’y trouve pas son compte dans cette nouvelle réalité économique.