Et voilà, le premier gros festival de musique de la saison estivale vient tout juste de prendre fin. Je vais me prêter au jeu du bilan et affirmer avec satisfaction que cette 8e édition du Mutek fut sans doute une des plus réussie des dernières années. Pourquoi? Pour l'écclectisme, tout simplement. C'est en effet la première fois que le petit festival spécialisé en musique électronique sort à ce point de ses frontières et du son qui l'a toujours caractérisé. Est-ce pourquoi le public a répondu en aussi grand nombre ou bien parce que Mutek a enfin aquis la réputation et la crédibilité qu'il mérite? J'opterais pour les deux en fait.
Les bons coups? D'abord la soirée électro-dub avec le Mtl Dub Lounge Soundsystem, Shackleton, Kode 9 et Rhythm & Sound avec Tikiman. Une excellente idée. Même si la perfo de Kode 9 a été trop longue et qu'elle a mis un certain temps avant de décoller, et même si le live set de Rhythm & Sound était assez décevant (bien meilleur sur disque) vu le toasting approximatif et sans vigueur de Tikiman -qui se contentait de déblatérer deux ou trois trucs de temps en temps, par-dessus une voix de toaster (la sienne?) déjà pré-enregistrée alors que son rôle est d'improviser sur le rythme des dub plates et de chauffer la foule. À ce sujet, on invite les amateurs de dub et de néo-dub à se rendre aux soirées du Bass Ma Boom Soundsystem de Vander pour voir c'est quoi un vrai labo dub où créativité et improvisation font bon ménage.
Deuxième bon plan: les soirées Nocturne au Métropolis avec de l'action en bas et de l'action en haut au petit Savoy. Vraiment sympa! J'ai été étonné par les perfos de Matthew Dear's Big Hands (un chanteur, un batteur, un bassiste et des machines) qui nous faisait penser à Underworld ou Wolfgang Press. Bien aimé aussi les Suisse de Kalabrese (trombone, voix, basse et machines). En haut, je suis surtout resté scotché sur le bruitisme trash et aggressif du trio Français casqué de Mec qui appuyait son assaut sonore d'extraits de films de motards.
Samedi, toujours au Métropolis, la soirée débuta sur une mauvaise note où, comme l'année dernière, toute personne qui pénétrait sur les lieux était minutieusement fouillé par une armée de gorilles zèlés. Et pourquoi? Parcer que cette soirée se terminait aux petites heures et qu'elle était considérée comme une rave party? Je ne comprends pas pourquoi le Mutek tolère ça. Il me semble d'une part que le public de ce festival n'a rien à voir avec celui qui fréquente les événements after-hours de masse comme le Bal en Blanc ou le Red Lite. Qu'est-ce que le service d'ordre pensait trouver en fouillant tout le monde ainsi? Je ne comprends toujours pas qu'en 2007 certaines personnes soient encore capables de freaker sur un party techno. Tout le monde sait qu'il y a plus de drogue dans un show d'Éric Lapointe mais personne n'est fouillé. Enfin, passons… Samedi c'était la vrai soirée Mutek typique avec les artistes de l'écurie Kompakt. Beaucoup de monde mais, moi, c'est pas trop mon truc la musique de club teutonne. Trop froide, trop sombre.
Ajoutez à ce joli programme deux Piknics électro et un volet plus expérimental à l'Ex-Centris et vous avez là le plus bel exemple de ce que doit être un bon festival de zique électro. D'ailleurs, alors qu'il y a quelques années Mutek devait se battre contre deux autres festivals du même acabit, il est aujourd'hui le seul et unique événement digne de ce nom puisque qu'Élektra étend son champ d'action de plus en plus vers les installations et les performances et que le MEG a pris un virage plus commercial en touchant autant à la zique électro qu'au rock ou à la pop.
Le futur de Mutek est donc possiblement bien moins sombre aujourd'hui qu'il ne l'était hier. Pourvu que ça dur
Mutek s’ouvre
Patrick Baillargeon