Histoire de flic. Histoire de boucler la boucle aussi. Hier, j'ai réussi à avoir une place pour le 2e concert que donnait The Police au Centre Bell. Pas une mince affaire. Mais voyez-vous, j'y tenais bien que je ne sois pas un grand amateur du groupe. En fait, j'ai décroché après le 2e album, l'excellent Reggata de Blanc. Parce qu'après ce disque, les Police ont laissé tomber le reggae et la pop vitaminée, pour ne pas dire punkifiée, de leurs débuts. Et c'est justement à leurs débuts qu'il fallait les voir.
En 1979, au Théâtre St-Denis, The Police a donné un show comme on n'en verra plus, ne jouant -pour cause- que les pièces de leurs deux premiers disques, leurs meilleurs. J'y étais, pas vieux c'est vrai, mais assez grand pour ne pas me faire embêter à la porte. Le public de ce soir là, il y a déjà 28 ans, n'avait rien à voir avec celui d'hier au Centre Bell. C'était, autant que je m'en souvienne, que des punks. Des types avec des tenues de pilote de guerre avec masque à gaz et tutti quanti, d'autres vêtus en officiers nazis. des looks qu'on ne voit plus depuis longtemps dans les shows soi-disant punks. Mais The Police n'a pourtant jamais été un groupe punk. Ou alors il l'était mais par la bande, parce que le batteur Stewart Copeland, qui a formé le groupe avec le guitariste corse Henri Padovani (je vous invite d'ailleurs à lire son livre sur son histoire au sein des Police, Secret Policeman sur Flammarion, y'a pleins d'anecdotes sympas), trippait sur cette musique et que le groupe -alors à quatre musiciens- a joué au premier festival punk à Mont de Marsan en France en 1977. Mais le punk, c'était pas Sting, pas Andy Summers.
1979-2007. Les trios musiciens ont vieilli mais ça ne se voit pas trop. Surtout Sting. On le dirait figé dans le temps; toujours beau bonhomme à cinquante quelques balais. Bon, côté énergie et dynamisme, ce n'est certainement plus ce que c'était. Et je dirais que c'est vraiment là que le bât blesse. Car chez The Police, tout se passe sur scène, entre les trois musiciens. Il n'y a jamais quoi que ce soit de tape à l'oeil pour porter l'attention du spectateur hors de ce qui se passe sur le stage. The Police c'était, à une époque, avant que le groupe ne devienne le truc à Sting, un Sting de plus en plus imbus de lui-même et davantage intéressé par la pop jazzé middle of the road, l'exemple même du power trio. Plus maintenant, et surtout lorsque le groupe revisite ces anciens morceaux vitaminés tels que "Can't Stand Losing You" ou "So Lonely". Ces versions étaient édulcorées, le picking du guitariste Andy Summers était mou, bref ça manquait de puissance et c'est ce que la majorité du public attendait. Même "Roxanne" semblait avoir pris un coup de vieux. Reste que les chansons plus pop du trio (l'insipide "Dadoudou" machin, "Every Breath You Take", "King Pain".) étaient joué pratiquement comme elles avaient été enregistrées.
Mais bon, c'était pas mal, bien mieux qu'un tas de groupes qui se reforment avec plein de membres en moins, ou alors complètement grabataires. La place était bondée pour les 2 soirs (en fait, presque toute la tournée du groupe affiche sold-out), le public a bien apprécié, le son était ok. que du bonheur quoi.
Voilà, c'est comme ça que j'ai commencé mes Francos, au poste avec les Police!
Police story
Patrick Baillargeon