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Gamiq

J'aurais bien voulu vous causer du gala Gamiq plus tôt mais je me suis fait enlever par des martiens dimanche à la sortie du Métropolis et mes parents viennent juste de payer la rançon.
Alors voilà, je m'y mets. En quelques mots, on sera tous d'accord pour dire que ce gala fut, techniquement parlant, une belle réussite. Jamais depuis la création du Gamiq -et carrément du MiMi- n'avions nous assisté à un show aussi « pro » et qui se déroule aussi bien. Au point de vue scénique, c'était très bien avec le house band de Sunny Duval perché sur une scène surélevée. Pas de temps mort, du visuel en phase avec le déroulement de la soirée, des interventions filmées des gagnants qui ne pouvaient se présenter. bref, rien n'a été laissé au hasard par les organisateurs. Un gros bravo donc.
Des bémols, il y en a, c'est normal mais c'est vraiment bien parti pour le Gamiq. Je suggèrerais cependant de confier la tâche de l'animation à MC Gilles qui a fait un boulot remarquable lors du plutôt triste gala Gamiq de l'industrie, qui lui avait lieu vendredi dernier au Cabaret. Je dis triste parce qu'il n'y avait personne. Je pense en fait que c'est inutile de séparer le gala officiel et celui de l'industrie. Les remises de prix aux acteurs de l'industrie devraient avoir lieu au cours de la soirée du gala du dimanche et personne n'y verrait d'inconvénient puisque pratiquement tout le monde sait qui fait quoi au sein de la « scène locale ». Et de toute façon, le public s'en fiche. Si l'on se fie à ce qu'on a pu constater dimanche au Métropolis, bien peu suivaient le gala avec attention. C'était plutôt un gros « schmooze fest », du blabla comme à chaque galas de ce type. Et comment capter l'attention du public? En mettant un ou des animateurs qui savent comment « driver » une foule et la garder attentive. MC Gilles.
Bon, le gala Gamiq était somme toute une réussite mais ultimement, réussite ou pas, la question qu'on se pose à chaque année est la suivante : ça sert à quoi tout ce bazar? Qui s'en soucie? Est-ce que de gagner un trophée Gamiq -ou MiMi à une autre époque- peut changer la « carrière » d'un artiste? Est-ce que des gens comme Arcade Fire, par exemple, en ont vraiment quelque chose à foutre?
Tiens, parlant d'Arcade Fire, est-ce vraiment un groupe qui mérite de se retrouver en nomination au Gamiq? Idem pour Patrick Watson et quelques autres dont la carrière est bien lancée et qui ne devraient plus être considérés comme faisant partie de la dite scène émergeante. Parce que c'est bien le rôle d'un événement comme le Gamiq non? Donner un coup de pouce et une petite tape dans le dos à ceux qui se dépatouillent comme ils peuvent au fond du bocal? Quand 8 des artistes en nomination au Gamiq se retrouve aussi en liste à l'Adisq, on se demande si ces 8 artistes sont maintenant à considérer comme ne faisant plus partie de la scène « émergeante » mais plutôt comme des artistes établis, ou en voie de le devenir très prochainement. Parce que si on suit la logique qui semble être celle du Gamiq et antérieurement du MiMi, sont éligibles tous les artistes issus de la culture « indie ». Indie un jour je veux bien, mais pas toujours. Quand un groupe vend plus de 500 000 copies d'un album (Arcade Fire), on parle plus d'un groupe « commercial » qu'autre chose. Et au Québec, quand on dépasse les 10 000 copies, on parle là aussi d'une certaine réussite « commerciale ». On peut aussi se questionner sur le style de musique. Est-ce qu'un groupe comme Tricot Machine est vraiment underground? C'est tout sauf « underground » Tricot Machine. Ok, va pour cette année, le duo était inconnu l'année dernière. Mais si on le retrouve l'année prochaine dans les nominés, comme Leloup/Leclerc ou Dumas ou Arcade Fire ou Pat Watson ou Malajube ou je sais plus qui encore, tous des noms qu'on retrouve à l'Adisq, il va clairement y avoir un gala de trop ici au Québec.
En d'autres termes, il faut que le Gamiq se démarque vraiment de l'Adisq si il veut subsister et être crédible et utile àmoyen terme. Car l'Adisq montre clairement -depuis peu il est vrai- une volonté de s'ouvrir aux artistes « émergeants ». Un ajustement et une politique de sélection des nominés s'imposent.