Pas mal tout a été dit sur ce 29e gala de l'ADISQ. Je rajouterais tout de même deux ou trois trucs.
D'abord, les catégories. Comme dans un magasin de disque (je sais de quoi je cause, j'y ai passé une dizaine d'années de ma vie), on ne sait pas toujours où caser tel ou tel artiste. Il arrive donc que, par exemple, les Beastie Boys se retrouvent dans le hip-hop même si ils viennent de sortir un disque punk. ou que Jean «Leloup» Leclerc aboutisse dans la section Album Alternatif à l'ADISQ même si il est davantage un artiste pop-rock qu'autre chose. Donc, aurait-il fallu laisser Leclerc dans le créneau Rock-Pop malgré que Mexico soit un album franchement plus alterno que pop? (et ceux qui ne sont pas d'accord, réécoutez l'album siouplait!) C'est délicat mais un artiste n'a pas à être confiné dans un style ou registre. C'est ainsi le condamner à rester toujours le même, dans la tête des gens du moins.
Il arrive parfois que des groupes se retrouvent carrément là où ils ne devraient pas, je pense en l'occurrence à #Numéro qui a remporté le Félix du meilleur Album Électronique pour L'idéologie des stars alors qu'il s'agit clairement d'un disque de pop. Pop électro certes, mais pop tout de même. Je ne comprends pas la logique ici. Si tu utilises des instruments électroniques pour faire ta musique, t'es automatiquement un artiste qui fait de la techno/électro?
C'est comme classer les Vulgaires Machins dans Révélation de l'année! Allo? Ça fait combien d'années déjà qu'il roule -et plutôt bien même- ce groupe? Qui est-ce qui est assez déconnecté pour mettre les Vulgaires Machins là? Groupe de l'année aurait été pas mal plus juste.
Autre absurdité: le nombre d'albums vendus compte pour 40% dans certaines catégories. Résultats des courses, Patrick Watson, qui méritait totalement le prix du meilleur album anglo avec Close To Paradise, se fait damer le pion par Gregory Charles. Mais comment pouvez-vous battre un type qui a vendu près de 300 000 copies de son disque! Et c'est peut-être aussi cette étrange close d'albums vendus qui a empêché Xavier Caféïne de mettre la main sur le Félix du meilleur album Rock pour Gisèle. À la place, ce sont les 3 Accords qui sont repartis avec. Pourtant, leur disque Grand champion international de course est nettement moins intéressant que celui de Caféïne. Ça n'a certainement pas nuis à Jean Leclerc non plus.
Il y a cette histoire d'albums vendus qui compte, mais il y a aussi que les gens qui votent pour l'ADISQ (hormis ceux qui le font en salle, en petit comités d'experts pour certaines catégories), le font en ligne. Il arrive donc que plusieurs (et pas nécessairement des «spécialistes») votent pour le nom qui leur dit quelque-chose. De qui on a plus entendu parler (à l'extérieur de Mtl surtout) cette année? Caféïne ou Les Trois Accords? Quel nom est le plus connu? Pareil pour la catégorie Album anglo. Gregory Charles sonne plus une cloche chez l'amateur moyen de musique (qu'on a pourtant sélectionné pour voter à l'ADISQ) que Patrick Watson.
Alors, que faut-il faire? Réduire le nombre de personnes qui votent et s'assurer qu'elles sont crédibles et savent de quoi elles causent? Ce ne serait pas bête selon moi. Ce serait en tous cas beaucoup plus juste et réaliste comme sélection. Il faut aussi faire un peu plus attention où on case certains artistes. Quand à cette close d'albums vendus, qui s'applique à toutes les catégories «albums», j'ai du mal à me l'expliquer. Pourtant, il y a déjà une catégorie Meilleur vendeur. Je ne comprends pas la logique. Et vous?
Adisq-uter
Patrick Baillargeon
C’est clair qu’il y a déviation de la mission si les ventes pèsent à ce point dans la balance !
En passant, vous avez oublié le cas Frédérick De Grandpré, que Ariane Moffatt n’a pas manqué d’écorcher !
À votre tour de m’expliquer ce que vous entendez par »amateur moyen de musique »
Monsieur Patrick Baillargeon, pensez-vous que je suis séduite par la musique de Gregory Charles parce qu’il »est très connu » du public ou parce que sa musique me parle profondément en plus d’être d’une excellente qualité ?
Je dois vous dire sincèrement que »I think of you » est UNE RÉPONSE pour l’âme de bien de femmes qui étaient prêtes à détester les hommes pour le restant de leurs jours. Mais Gregory Charles, sans le vouloir, apporte une image de l’homme telle que nous ne la connaissions pas. Il a fait preuve d’honnêteté, de sincérité et d’une grande générosité en parlant des émotions de l’homme. Cette confidence, il la fait dans une langue étrangère à la langue de sa communauté en tant que québécois d’abord.
Parfait, je suis prête à lui demander la raison pour laquelle il a préféré faire »I think of you » en anglais au détriment du français. Mais de là, dire que Patrick Watson méritait le titre de l’album anglophone de l’année est injuste. Un album est un album. L’origine du chanteur n’a rien à voir avec le prix que vaut l’oeuvre du chanteur.
Par ailleurs, je peux me montrer un peu sévère sur »Loin de la lumière » que je trouve trop différent de »I think of you » en core là, je suis obligée de mettre de côté mon »Moi » pour comprendre le message que Gregory Charles communique au public via »Loin de la lumière », Je pourrai dire que cet album contient seulement deux bonnes chansons, mais avec le temps, je me rends compte que je me trompe, parce que »Loin de la lumière » tient compte des sentiments qui nous habitent. Et les états d’âmes contiennent des variantes qui dépendent de plusieyrs facteurs. Donc encore là, »Loin de la lumière » reste un bon album. Un album qui parle de chuchotements à l’oreille de la personne aimée.
En conclusion et de façon objective, Gregory Charles mérite le prix pour le meilleur album anglophone. Double prix, pour avoir vendu un grand nombre de cet album. Triple prix pour la place que cet album occupe dans le coeur du peuple.
Amicalement vôtre !