Dans le quotidien Le Monde du 18/19 novembre, le musicien français Jean-Louis Murat affirme, lors d'une longue entrevue, que le crise du disque est un leurre puisque, selon lui, l'offre est aussi croissante que la demande. Le problème, c'est le Web, un outil qui autorise le vol, l'anonymat, l'hypocrisie et qui, ultimement, mène à la délation. Voilà une étonnante sortie de la part d'un artiste qui, il y a quelques années à peine, offrait gratuitement ses chansons sur la grande toile. De plus, comme des milliers de musiciens, il a sa page Myspace. Paradoxal? Tout le monde peut se tromper et tout le monde à le droit de changer d'avis. Le Web est un outil encore méconnu et en constante évolution. Ce qu'on en savait hier n'a plus aucun rapport avec ce que l'on sait aujourd'hui et encore moins avec ce que l'on saura demain. Bref, tout ça pour dire qu'un artiste -surtout un artiste de la trempe de Murat, qui est assez populaire mais qui n'a jamais vendu des tonnes de disques avant l'arrivée du Web- peu bien retourner sa veste suite au fléau que représente le piratage. « Le web rend les gens hypocrites, il incite à prendre des pseudonymes. C'est un monde de délation intoxiqué de spams et de pubs…»
Le musicien, qui vient de faire paraître Charles et Léo, un album de poèmes de Baudelaire sur des ébauches musicales de Léo Ferré, lance une piste intéressante en soulignant que le Web incite à la goinfrerie: toujours plus de chansons, d'images, de clips, de sensations, de voyages, de pénis rallongés… Il dénonce l'omerta chez les artistes, la loi du silence qui oblige les musiciens anti-web à se taire de peur de se faire pirater par des internautes sans scrupules qui pensent que parce que c'est sur le Web, c'est automatiquement gratuit. Là où Murat semble déraper, c'est quand il prétend que «le monde est peuplé d'artistes qui ne le sont que six heures par semaine, du samedi matin au dimanche soir. Alors qu'être artiste, c'est un engagement total, où tous les risques sont pris…» Qui est-il pour prétendre de telles énormités? Quand il lance que le monde est peuplé d'artistes ratés, qui ne se sont jamais totalement sacrifiés, il se met au-dessus de ceux qu'ils considèrent comme des minables, des artistes du dimanche. Et c'est écrit où qu'un « artiste » se doit de l'être totalement 7 jours sur 7, 24h sur 24h? Bref, des énormités du genre, il en pleut dans cet article du Monde. Il n'en demeure pas moins que certaines idées lancées par Jean-Louis Murat porte à réfléchir et ne sont pas dénués d'intelligence. Le type manque juste un peu d'humilité, comme bien des «artistes» d'ailleurs.
Je suis curieux de savoir ce que vous, internautes, en pensez. Voilà un sujet hyper actuel: les méfaits/bienfaits du Web, et qu'est-ce qui définit un «artiste»?
Cher Patrick Baillargeon,
J’ai beaucoup de respect pour le spécialiste que vous êtes. D’ailleurs, je témoigne énormément de respect pour tous les professionnels depuis la fin de mon baccalauréat.
Permettez-moi de vous faire quelques confidences. La dernière session que j’ai passé à l’université a été une mise en situation complètement invraisemblable. Cette expérience m’a montré le côté réaliste des téléréalités qui prennent de plus en plus d’empleur dans notre société.
Vous comprenez, nous sommes tellement nombreux à partager un même territoire et les mêmes passions que les institutions et la société sont obligées de procéder par sélection pour offrir les meilleurs places à ceux qu’ils pensent être plus prometteurs pour l’avenir de la communauté. Malheureusement, les décideurs commetent quelques erreurs en déclassant certains sujets très prometteurs, mais mal encadrés. C’est là que le Web devient un outil important pour ceux qui sont choisis par l’Art. Car ils ont la liberté d’étaler leur savoir faire aux yeux de tous.
En effet, les vrais artistes ne choisissent pas d’être ce qu’ils sont. C’est l’Art qui les choisit comme véhicules; comme un corps dans lequel l’essence s’incarne pour transmettre de nouvelles idées, de nouvelles sensations au monde. Les entités cherchent à parachever l’oeuvre imcomplet.
À partir de cette façon de voir le monde de la créativité, je ne parlerai pas d’artistes ratés. Je dirai de préférence les élus qui sont portés à valoriser la gratuité de l’art dans l’esprit de l’Art pour l’art et ceux qui sont appelés à vivre de leur art et que la société appelle »Les stars ou les vedettes ». Mais de tous ceux qui portent fièrement le titre de star ou de vedette, combien arrivent à maintenir leur statut jusqu’à la fin de leur vie en toute intégralité ?
Je commence de plus en plus à vouloir vivre de mon art. Je veux que les têtes dirigeantes me laissent prendre ma place pendant que je commence à entrer dans la force l’âge. J’ai déjà fait tous les sacrifices que j’avais à faire pour me trouver dans la position de ceux qui attendent leur tour. Maintenant, il me faut l’horaire de travail et la paie qui me donnera ma liberté. Après le duel entre le moi, le ça et le surmoi, le je voit le jour et c’est lui le gagant. C’est lui l’artiste. Je suis un je parlant qui dit je suis artiste. Un titre que j’ai gagné après un long combat.
Mesdames, messieurs
Veuillez vous courber devant la gagnante. C’est ainsi que ça se passe dans le monde que je nomme honneur et respect. À chacun son titre.
Suis-je hors sujet ?