BloguesSonique rendez-vous

Petite Vallée

Un rock-critic, comme disent si bien les français, est un drôle d’oiseau. C’est généralement un être troublé, un peu nerd sur les bords, limite autiste pour certains, un personnage urbain qui vit la nuit et ne sort de sa ville que pour se rendre dans une autre grosse ville, en général pour couvrir un festival de musique. Abandonnez-le en pleine campagne et il devient fou en quelques jours, au point d’être capable de vous céder une partie de sa précieuse collection de disque en échange d’un aller simple pour son monde de béton. Pourtant, ça n’a pas empêché l’auteur de ces lignes de quitter son précieux gaz carbonique pour l’air pur de la Gaspésie afin de jeter un œil au Festival en chanson de Petite-Vallée, ce curieux petit événement totalement dévoué à la chanson d’expression francophone qui fait tant parler de lui.

Si le démesurément grand Festival de Jazz accapare la majorité des journalistes culturel durant la même période, il étonnant de voir à quel point ce petit événement du bout du monde puisse attirer autant de médias. Les raisons sont simples: l’endroit est aussi charmant qu’inusité et le concept «familial» donne une dimension plus humaine à ce festival qui dure depuis… 26 ans! À Petite-Vallée, l’artiste et le public font tous partie du spectacle. En fait, c’est le village au complet, et même carrément une bonne partie de la Gaspésie, qui fête la Chanson durant les 9 jours (du 26 juin au 3 juillet) que dure l’événement.

Fidèle à son habitude, le festival désire servir de tremplin pour les auteurs-compositeurs-interprètes de demain. Cependant, pour la première fois cette année, le jury du concours de découverte n’a plus procédé à l’élimination des candidats, préférant un recentrement sur la création et la formation, ce qui encourage au lieu de créer de l’animosité et un esprit de compétitivité.

Cette 26e édition était placée sous le thème «J’ai le goût de l’eau» et c’est tout naturellement l’auteur de cette chanson, Michel Rivard, qui était à l’honneur. Il fut donc dûment célébré, notamment par les quelques 200 enfants –provenant des quatre coins de la Gaspésie- de la Petite école de la chanson ainsi que par ses pairs, l’ensemble des chansonneurs ainsi que les artistes du cercle d’auteur Les rencontres qui chantent en conclusion du festival.

Un périple à Petite-Vallée et Grande-Vallée (on a vainement cherché Moyenne-Vallée mais on n’a jamais trouvé…) -ces villages qui, si on regarde deux minutes ailleurs, nous passent sous le nez- est aussi l’occasion de découvrir non seulement un superbe coin de pays où le jour se presse de côtoyer la nuit, mais aussi des gens, simples et chaleureux ainsi qu’une cuisine qui l’est tout autant. Un arrêt par les magnifiques Jardins de Métis chemin faisant (11h de route depuis Montréal, ça fait du bien de prendre l’air et de se dégourdir les jambes!) ou encore une excursion jusqu’au fameux rocher Percé et l’île Bonaventure pour déguster une délectable soupe de poisson font partie des petits bonheurs que l’ont peut s’offrir avant de retourner en chanson à Petite-Vallée, le pays où le téléphone cellulaire perd son monopole.