La 29e édition du FIJM étant maintenant chose du passé, c’est l’heure des bilans. Évidemment, comme à chaque édition, c’était la meilleure que le festival ait connu depuis ses débuts. À chaque année, pour rigoler entre journalistes, on se dit que ça ne sert à rien de se rendre à la conférence de presse post-mortem du festival car on sait très bien qu’on nous annoncera que ce fut une année record. Je peux dores et déjà vous dire que le 30e anniversaire du FIJM sera une année exceptionnelle. Ça c’est mon don de devin. Je le sens bien.Bon, assez de plaisanteries… Je n’ai pas suivit le festival avec autant d’assiduité que les années précédentes puisque je suis allé faire un tour à un autre festival, beaucoup plus petit mais non moins intéressant, celui de Petite-Vallée en Gaspésie, j’ai donc manqué les 4 premiers jours du FIJM. Cela dit, je me suis bien rattrapé par la suite. Comme il est coutume, allons-y avec nos coups de cœur et coups de gueule. Évidemment, même si j’avais passé tous les 11 jours que dure l’événement à courir les concerts (grosso modo 500), je n’aurais pas plus une opinion juste à 100%.Alors… – Le concert le plus chaleureux: Orchestra Baobab au Club Soda le 2 juillet… Impossible de ne pas se trémousser sur la rumba de ces vétérans Sénégalais. Du rythme et tellement de groove. Une performance toute en retenue, exécutée par des types qui n’ont plus rien à prouver. Ils étaient clairement là pour s’amuser et le public ne s’est pas fait prier pour se joindre à la fête. – Le concert le plus chaud: aRTIST oF tHE yEAR au Club Soda le 2 juillet à minuit. Encore une fois, le groupe montréalais a cassé la baraque avec son gros funk cochon et son esprit ludique. – Le concert le plus dynamique: Zita Swoon sur la Scène du Festival le 1er juillet à 20h et 22h. On avait vu le collectif belge l’hiver dernier dans une Sala Rossa presque vide because personne ne le connaissait ni ne savait qu’ils étaient là. Cette fois-ci, fort d’un nouvel album, le groupe mené par l’incandescent Stef Kamil Carlens a démontré tout son savoir-faire avec classe et une sacré pêche. – Le retour qu’on n’attendait pas: Public Enemy le 30 juin au Métropolis. Oui, les vétérans rappeurs new yorkais ont prouvé aux nombreuses personnes qui s’étaient déplacées qu’ils en avait encore dedans. Une soirée sans prétention, où le groupe passait volontiers autant de temps à bavarder avec la foule que de jouer.
– Le concert le plus apaisant: Le projet Planétarium de Rodolphe Burger et Yves Dormoy les 2 et 3 juillet dans la petite salle Studio Hydro-Québec du Monument-National. Malgré le peu de gens présent, le guitariste Rodolphe Burger et le saxophoniste, clarinettiste et bidouilleur (et pilote!) Yves Dormoy ont enveloppés la salle de leur musique feutrée, où les douces notes de saxo et de clarinette se mélangent aux sons uniques de la guitare et les rythmes et sons préenregistrés.
– On aime: Le pavillon Heineken. Vraiment une super belle idée. Un vieux pavillon charmant, authentique, magnifique. On aime bien aussi comment a été aménagé la scène Groove Bell. – Il brillait par son absence: U-Roy qui ne s’est jamais rendu à Montréal pour son concert avec le Love Trio in Dub. Le groupe y était, mais lui avait sans doute mieux à faire. Déjà, une semaine avant le show, le chanteur jamaïcain, rejoint par un copain, ne savait pas qu’il allait donner un concert au FIJM. Ce n’est hélas que le jour même que les festivaliers déçus l’ont appris… Soit disant, il avait mal au dos… Le show que les puristes du reggae ont snobé: Lee Scratch Perry le 5 juin au Métropolis. On m’a dit et redit que ce serait pas terrible… et je n’ai pas écouté aucun de ces avis. Le vieux Scratch est encore capable de donner un show de reggae bien allumé et franchement sympathique. Les sceptiques seront confondus! Le show qu’on se demande bien si il y a un tout petit mais tout petit rapport avec le jazz: Les ronflants Ladytron (quand avez-vous vu un bon concert de ce groupe?) le 2 juillet au Métropolis et We Are Wolves le 29 juin au même endroit (eux aussi devaient se demander ce qu’ils foutaient là) Le pétard mouillé: Sans aucun doute le méga-concert de Bran Van 3000 le 1er juillet sur la scène principale. Est-ce que je suis le seul à avoir trouvé ça ennuyant? Il était où le Bloc Party annoncé? C’est pas un groupe sur le retour qui vient de faire paraître un album très ordinaire et qui a trois ou quatre vieux bons morceaux à son actif qu’il fallait programmer. Bon, BV3 est maintenant sur le nouveau label de Spectra, ceci expliquant sans doute cela… mais l’heure de gloire de la troupe hétéroclite et visiblement pas très unie de James Di Salvio est passée depuis 10 ans. Mais il y a eu un tas d’autres concerts, des sympas (Guillaume & The Coutu Dumonts!) comme moyens (le gros show Cadillac d’Aretha Franklin) mais, comme d’hab’, y’en avait en masse pour satisfaire tout le monde, du chroniqueur désabusé et grognard à l’amateur éclairé ou au néophyte qui veut simplement entendre un peu de musique et voir du monde. Et le festival de Jazz de Montréal, c’est ça, une fête pour tout le monde.