Descendre à Québec pour aller faire un tour au Festival d’été est toujours plaisant pour un montréalais en manque de festival… Sans déconner, l’événement, qui en est à sa 41e édition, a le bénéfice d’offrir une programmation tout azimuts. Pas coincé avec un titre qui l’obligerait à présenter plus de jazz ou d’artistes d’expression francophone, le FEQ ratisse donc large. Du classique au punk en passant par la techno, la variété et le hip-hop, il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les publics.
Le week-end dernier, c’était Wyclef Jean qui valait le détour. L’ex Fugee a transformé les Plaines en véritable carnaval haïtien. Un concert endiablé, fou, avec ses dérapages et son lot d’improvisations plus ou moins calculées, des apparitions surprises (Akon, Muzion) et un Wyclef visiblement heureux d’être là. Le chanteur est dans une bonne passe on dirait. Fini les postures clichées du hip-hop et place au positivisme à la Bob Marley. Wyclef se veut rassembleur et ambianceur. Si le concert offert vendredi soir fut plus court que les shows marathons de 3 heures qu’il a présenté en salle dernièrement, le chanteur d’origine haïtienne a compensé en se donnant 2 fois plus. Grimpé sur le stage, à 3 mètres du groupe, l’énergie était palpable autant là que dans l’immense foule. Une symbiose quasi-totale. Au final, quand le groupe a quitté la scène, c’était avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles… ça en dit long!Samedi, je suis plutôt allé faire un tour dans la basse ville. D’abord à l’Impérial où jouait le corrosif combo rock garage montréalais Starvin’ Hungry et les obscurs Egypt 80 de Memphis. Hélas pour eux, les Caféine et Vulgaires Machins étaient programmés en même temps au Parc de la francophonie (très mauvaise initiative du programmateur!). Résultat: un Impérial vide, à 20 personnes près… triste… Ça n’a pas empêché les Starvin’ de se donner comme si la salle était pleine.Après un tour au Cercle (anciennement le Rouje) où la soirée Mutek tardait à démarrer, je suis allé faire un saut à LOFF sur la rue du Roi, salle improvisée tout spécialement pour Le Festival OFF de Québec (événement incontournable en marge du FEQ il va sans dire!). C’est là que je suis tombé sur les californiens de Mae-Shi. Comment dire, on retrouvait dans ce groupe tous les clichés indie 101. Pas de mélodie, pas de sens du rythme, pas capable de faire une seule chanson qui se tient mais une exubérance à toute épreuve, un bon fond hippie trop content d’être là (merci Arcade Fire… chantons tous ensemble!) et une naïveté contagieuse, sauf pour les montréalais blasés et trop gâtés! Insupportables pour un vieux punk dans mon genre. Exit et retour au Cercle où le party avait vraiment commencé à décoller. Krikor, Cabanne et DJ More n’ont eu aucun mal à garder la foule debout sur ses pattes, jusqu’à ce que 3 h sonne et qu’on ouvre les valves.
Bien que le FEQ se terminait dimanche, j’ai filé direct sur Montréal pour la dernière soirée du plus en plus petit Festival de Reggae. Le but était de prendre le pouls d’un événement que plusieurs observateurs disent moribond et aussi pour voir les vétérans de Steel Pulse! Si la pluie a réduit les ardeurs de plusieurs amateurs de reggae, les quelques 300 personnes présentes sur le site -de dimension plus modeste que l’immense anciennement utilisé à quelques mètres de là- ont eu droit à une excellente (mais assez tardive) performance du célèbre groupe britannique. Steel Pulse est allé puiser dans son imposant répertoire pour ressortir plusieurs de ses classiques, à la grande joie de tous. Comme d’habitude, l’ambiance était sympathique, très familiale, et le festivalier pouvait se régaler des nombreuses spécialités jamaïcaines offertes sur le site.