Depuis plusieurs mois on en parle de cette Coeur de Pirate, bien plus souvent en mal qu'en bien, on la juge, la conspue, on la cloue au pilori… Le buzz est tellement fort que des magazines n'ont pas hésité à la mettre en une avant même que son premier album ne soit sorti.
Maintenant que la chose est faite, que l'album est en magasin, que tous ont enfin eu la chance d'entendre celle dont tout le monde parle et de réaliser que, en effet, ce n'est pas un album extraordinaire mais que ce n'est pas mauvais non plus, peut-on passer à autre chose?
Je ne voulais pas m'en mêler, sauter dans l'arène, mais je dois admettre que toute la saga entourant Coeur de Pirate (à ne pas confondre avec le duo français du même nom), car il s'agit bien d'une saga, prend des proportions ridicules. Ce qui est fascinant dans cette histoire, c'est tout le brouhaha entourant la jeune Béatrice Martin, la Pirate en question. Le débat déborde maintenant jusqu'au responsable du label Grosse Boîte/Dare to Care, Éli Bissonnette, et on tombe dans le grand n'importe quoi. On accuse, on pointe du doigt, etc…
Est-ce qu'on peut laisser cette gamine tranquille, cesser de l'accuser à tort et à travers? Elle n'est aucunement responsable de tout ce buzz. Elle fait de la musique, basta. Les responsables, peut-être une trentaine en tout, ce sont les médias et journalistes branchés, les blogueurs hipsters, bref tous les trendsetters qui font et défont la petite scène locale. Ceux là même qui abreuvent certains blogs de leurs commentaires inutiles. Je dis pas si il s'agissait d'un truc énorme comme… je sais pas moi, le Lindbergh de Charlebois-Forestier tiens. On ne parle pas d'un disque qui va révolutionner le paysage de la pop québécoise et francophone à ce que je sache, on ne parle pas d'une artiste à la plume incandescante, on parle d'un bon petit album cute, gentil et inoffensif, that's it! Alors, c'est quoi tout ce bordel?
La nouvelle pollution
Par contre, il y a une analyse intéressante du phénomène de hype à faire ici. Ce terme, on ne l'utilisait jamais autant il y a 5 ou 10 ans. Aujourd'hui, on n'entend que ça, tout le temps. Le mot est sur toutes les lèvres.
Ailleurs, dans des villes comme Paris, Londres, NY, LA ou autres, ce phénomène a commencé à polluer depuis longtemps, mais ici à Mtl, c'est assez récent. Et on peut réaliser pleinement aujourd'hui, avec le cas Coeur de Pirate, à quel point le phénomène de hype peut être pernicieux. Certes il pourrait être bénéfique pour un artiste (quel artiste refuserait que tout le monde parle de lui avant même qu'il ne fasse un album?) mais il peut aussi se retourner contre lui, et c'est ce qui risque d'arriver à Béatrice Martin. Quand une rumeur favorable autour d'un artiste circule abondamment sur le web ou dans les médias, inévitablement le public, qui subit ces rumeurs, va s'attendre à quelque chose d'extraordinaire or, souvent, ce n'est pas le cas.
Déception, pétard mouillé, la baloune se dégonfle vite et le pauvre artiste, qui s'y voyait déjà, retourne à sa niche la queue entre les jambes, démoralisé. Parlez en mal, parlez en en bien, l'important est d'en parler dit-on, mais en ce qui concerne la fragile mais bouillonnante scène locale, je pense que ce diktat ne s'applique pas.
Le buzz a plûtôt bien fonctionné récemment pour Tricot Machine alors qu'il semble avoir joué en défaveur de Bonjour Brumaire, autre formation locale qui a été portée par une rumeur favorable avant même que ne sorte l'album. De toute façon, tout ça demeure une question de goût et, semble-t-il, ça ne se discute pas. Mais franchement, il y a tellement mieux à faire que de perdre son temps avec toutes ces futilités.
« Le buzz a plûtôt bien fonctionné récemment pour Tricot Machine alors qu’il semble avoir joué en défaveur de Bonjour Brumaire »…
Bonjour Brumaire n’ont ils pas joué tout l’été à travers le Québec, dont des shows aux Francos, Osheaga et le Festival d’Eté?? Quelques mois après la sortie d’un premier album qui vient de gagner deux prix au GAMIQ (révélation et album indie pop) et dont une chanson est nominée pour un prix SOCAN: est ce si défavorable que ca?
Parce que dans ce cas, alors oui ils n’ont vraiment pas concrétisé la « rumeur » autour d’eux…
Amen Patrick! pas mal dans le mille…
Damien, je parlais des critiques plus ou moins positives à leur égard, le fait que les médias les boudent (autrement que pour la sortie de l’album, quand as-tu lu quelque chose sur Bonjour Brumaire malgré toutes leurs gigs et leurs « récompenses » -pour ce que ça vaut un GAMIQ…) et , surtout, le groupe ne vend pas d’albums. Tricot Machine oui. Voilà où le buzz n’a pas fonctionné pour les BB.
Moi non plus, je ne voulais pas sauter dans l’arène, Monsieur Baillargeon… Jusqu’à ce que je lise ci-haut: « Coeur de Pirate (à ne pas confondre avec le duo français du même nom) ».
Quelle est donc cette idée saugrenue d’adopter un nom déjà retenu par quelqu’un d’autre? En savez-vous davantage sur ces flibustiers?
Au delà de tout le reste, l’inévitable confusion pouvant en résulter risque d’avoir de bien plus sérieuses retombées que les critiques, fussent-elles bonnes ou mauvaises. Parce qu’il risque d’y avoir de la casse, ici. Des tirs à boulets rouges, même.
Claude, le duo français Coeur de Pirate n’existe probablement plus. Il était actif vers la fin des années 80, dans le style Niagara un peu. Je pense que Béatrice Martin, la Coeur de Pirate montréalaise, ne doit même pas être au courant. Mais il est vrai qu’avant de choisir un nom de scène, vaut mieux bien vérifier car ça peut porter à confusion et jouer de mauvais tour si ceux qui ont choisit ce nom en premier décident de vous faire un procès…
Effectivement. Et merci pour la précision apportée.
Ce qui a d’ailleurs été le cas pour bien d’autres band: Galaxie 500 (obligés de retirer le 500), Blink-182 (autrefois Blink), Bionic (pas de procès parce qu’anyway les deux bands en ont rien a battre)…et j’en passe.
Patrick, toi qui es « journaliste » tu devrais savoir que les résultats de rumeurs/buzz sur un groupe ne devraient pas se mesurer en terme de ventes d’albums mais plus sous forme d’un coefficient « affection » et « retour ». Va donc faire un tour à plusieurs de leurs concerts pour voir.
Certes, c’est sûr, ils n’ont pas fait le tour de toutes les émissions Radio Can-matante, mais on ne doit pas lire les mêmes publications parce que je les ai vu/lu partout cet été (à part dans VOIR étrangement).
Si c’est ça être boudé, alors oui, ils ne semblent vraiment pas appréciés.
Comparer Tricot, dont le public a bien 40 ans de moyenne d’âge – forcément donc de très très très grands aficinados du téléchargement – et Bonjour Brumaire, me paraît bien ambitieux.
D’autant plus que si je ne m’abuse et pour l’avoir vérifié sur un joli tableau Soundscan publié chez votre concurrent ICI, le groupe ne se porte pas si mal en ces temps de crise du disque.
Pour ce qui est du commentaire « pour ce que ça vaut un GAMIQ », et bien disons que je suppose que tu vaux mieux qu’une remarque aussi sournoise et désobligeante qui devraient ravir les acteurs de la scène indépendante québécoise et Bang Bang.
Damien, moi qui suis « journaliste » te dis que derrière un groupe il y a une compagnie de disque qui investit souvent beaucoup de fric et qui espère que le groupe ou l’artiste va vendre des disques pour ne pas perdre de sous. Que les concerts soient pleins (tu parles d’un show gratuit aux Francos ou celui dans un festival où les gens vont voir plusieurs groupes et non un en particulier?) ne change pas la donne. Le groupe doit être rentable sinon il sera abandonné pas le label à court où moyen terme. Et je suis curieux que tu me dises dans quelles publications tu as lu une entrevue avec ce groupe durant les 6 derniers mois? Si tu te souviens bien, un gros buzz entourait ce band avant que le disque paraisse et puis après, plus rien… Pourquoi? Parce que tout le monde, les « journalistes » s’attendaient à bien plus qu’un autre petit groupe pop trop cute, même si ce petit groupe pop trop cute sait écrire des chansons et faire de la musique.
Je rajouterais, cher Damien, que le public pour Tricot Machine a bien moins que 40 ans, va donc faire un tour dans leurs concerts pour voir. Pour ce qui est d’un tableau Soundscan, tu as des chiffres ou juste une postition sur un palmarès plus ou moins fiable? En ce qui concerne un trophée au GAMIQ, je te conseille de te réveiller et sortir de ta bulle. Va demander aux vainqueurs combien de disques ou de téléchargements payants ils ont vendus depuis leur victoire et compare ensuite avec une victoire à l’ADISQ. On s’en reparle après, vu?
Patrick, ton commentaire me rappelle cela:
http://rateboulimique.wordpress.com/2007/10/24/le-snobisme-de-patrick-baillargeon/
Encore une fois tu parles de ventes post-récompense pour justifier le prestige d’un prix.
Le GAMIQ n’est pas l’ADISQ c’est certain, et ce n’est pas plus mal. L’alternative que ce gala représente est utile et intéressante.
Alors pourquoi dénigrer la valeur de la tape dans le dos pour un jeune groupe que ces prix signifient? D’autant plus qu’au contraire de l’ADISQ, le public vote aussi ici.
Pour ce qui est des publications dans lesquelles j’ai pu lire des reviews/entrevues d’eux (on s’entend qu’après la sortie d’un album, pas beaucoup d’artistes donnent des entrevues de promo pendant 6 mois straight) je te citerai Elle Québec, le journal de MTL, Toronto NOW, Toronto Star, AOL Music, le site de la FNAC en France, 24heures, Métro, Mirror, Canoe, Exclaim, et j’en passe…
Mais non, tu as raison, ils sont boudés.
Ah oui, tu sais, il existe autre chose que la rue Sainte-Cath, autre chose que Montréal, et même autre chose que le Québec en terme de lecture…
Vu?
Oups, je pense que j’ai offensé un fan!
merci de m’indiquer qu’il y a autre chose que Mtl, j’avais pas remarqué.
Mais là le débat dévie du sujet initial. Voilà une des raisons pour lesquelles je fuie les blogs… j’ai horreur de perdre mon temps avec des futilités. Les gens accordent trop d’importance à la musique et aux musiciens. C’est du divertissement et ça devrait le rester. Cela dit, le GAMIQ (et avant le MiMi) n’est pas l’ADISQ certes, mais si tu regardes les nominations à l’ADISQ, tu remarqueras que les BB (j’adore l’analogie!) ou encore Karkwa sont en nomination, tout comme plusieurs autres artistes qu’on associe à la « relève ». Aujourd’hui, les choses ont changé et des événements comme le GAMIQ devraient plutôt mettre l’emphase sur les artistes en devenir, pas ceux qui sont « établis » (on met les guillemets n’est-ce pas) ou en compétition pour un prix à l’ADISQ. Ce que fait le GAMIQ à moitié. Où est la ligne maintenant? Que ces artistes sont indés? Andrée Watters aussi est indé. Que ces artistes sont alternatifs? Bonjour Brumaire alternatif? Laisse moi rire. Karkwa alternatif? No sir, aujourd’hui, l’alternatif n’est plus ce qu’il était. Duchess Says, We Are Wolves, ça oui, c’est champ gauche, c’est marginal et cela a toute sa place au GAMIQ (encore que We Are Wolves est en nomination à l’ADISQ et que ce sont eux qui auraient dû gagner le prix GAMIQ pour le groupe qui a le plus performé à l’étranger, pas Malajube qui n’a presque pas joué à l’extérieur du pays l’année dernière… anyway…)
Snob Patrick Baillargeon? Comme tout le monde, ni plus ni moins. Sélectif et passionné, ça oui. Érudit de musique, encore plus!
Ce que tu me cites en rapport aux BB, tout ça est tiré de leur bio fournie par Indica, as-tu vraiment lu tout ça? Et il s’agit principalement de deux ou trois lignes ou encore d’une critique de disque. Ne me prends pas pour un con s’il te plaît.
Je note surtout ton « aujourd’hui, l’alternatif n’est plus ce qu’il était », sorti tout droit de la bouche d’un vieux punk crust frustré qui trouve que « c’était mieux avant ».
Donc en bon vieux dialogue de sourds, on parle tous les deux à un mur.
Ah oui, et pour le respect, « Ne me prends pas pour un con s’il te plaît » ne fonctionnera que si toi aussi tu fais pareil.
Nous serons au moins tombés d’accord sur une chose:
« j’ai horreur de perdre mon temps avec des futilités » comme tu dis.
Mon petit Damien, le vieux punk crusty que tu penses que je suis ne voulait pas dire « que c’était mieux avant », il voulait dire que l’alternatif a pris un autre visage aujourd’hui. Ce qu’on catégorisait comme alterno à l’époque ne l’est plus nécéssairement aujourd’hui. Quand des groupes que certains considèrent comme alternos font de la musique pour gamines de cours d’école, là moi je ne parle pas de musique champ gauche, je parle de pop conformiste bien gentille et bien sage. Cela dit, je ne te prends pas du tout pour un con, sois rassuré. Je suis baveux et arrogant, mais je ne te manques pas de respect. Si c’est ce que tu penses, j’en suis désolé.