La première journée officielle de cette 5e édition berlinoise nous a montré à quel point le Popkomm est énorme. Pour être capable de voir le maximum de concert, il faut bien planifier; ça veut dire tenter d’en savoir le maximum sur tous ces artistes dont on n’a jamais entendu parler car on s’en voudrait de tomber sur quelque chose de vraiment pas dans nos cordes (il y a vraiment de tout: du punk à la pop mainstream en passant par le folk et le métal) et surtout s’assurer de savoir exactement où se trouve tel ou tel club et le moyen de s’y rendre le plus rapidement sans se perdre… et comme on ne connait pas Berlin, disons que ce n’est pas évident. C’est pourquoi il est plus simple de rester au Kulturbrauerei, une ex brasserie de l’est de Berlin, épargnée par les bombardements de la seconde guerre mondiale et qui loge aujourd’hui un complexe culturel divisé en plusieurs salles. L’endroit est immense. Il est donc possible d’attraper quelques 20 minutes de pratiquement tous les groupes qui y jouent, et tant pis pour les autres programmés à l’autre bout de la ville. C’est dommage, mais à part deux autres clubs à proximité du Kulturbrauerei, tout est beaucoup trop excentré.
Ainsi, pour la première soirée, les découvertes furent nombreuses mais pas toujours impressionnantes. Du lot, on retiendra certainement la superbe performance du groupe hollandais Voicst. Une belle énergie juvénile, des chansons accrocheuses avec cuivres et claviers, un chanteur dynamique, une forte présence scénique des 7 musiciens, bref, un show franchement divertissant et ça, tous les journalistes présents dans la salle, qu’ils soient de l’Inde, de l’Australie ou de Hollande l’ont remarqué. À retenir. Autrement, on a pu découvrir le ska-pop du groupe Turc Athena. Dynamique, mais dépassé d’au moins dix ans. Un collègue d’Australie me disait à la blague que ce qui est dépassé de dix ans pour nous est probablement 10 ans en avance pour eux… Pour le moment, il faut lui donner raison car ce qu’on a vu de Turquie au Popkomm, pays qui, faut-il le rapeller, est en vedette cette année, est soit très traditionnel, soit très mainstream. On verra samedi pour les bidouilleurs. Un journaliste du Rolling Stone turc qui couvre le festival prétend que c’est vraiment là qu’on pourra découvrir ce qui se fait de plus audacieux dans ce pays.
Mercredi donc, on a aussi eu droit à une série de groupes allemands, tous aussi sages les uns que les autres. Disons que ce que font Herrenmagazin et Sport est assez ancré dans le post grunge radio friendly et le pop punk à roulette. Précisons tout de même que Herrenmagazin opte pour sa langue maternelle au lieu de l’anglais, ce qui est tout à son honneur. De son côté, la formation Belge Mintzkov balance un rock alterno mélancolique, sombre et nuancé. Les guitares sont présentes sans se faire trop lourdes et la rythmique est hyper solide, merci au puissant batteur. Dans la salle Palais du Kulturbrauerei, quelques groupes brésiliens étaient du programme. Je n’ai vu que le dernier, Tita Lima et, franchment, y’avait rien là. J’ai eu droit à tous les clichés de la musique brésilienne en une seule demi-heure. On pourrait dire la même chose des Finlandais de Sturm Und Drang qui ne sont rien d’autre qu’une pâle copie de Skid Row, aussi drabe que l’original avec un chanteur à la beauté plastique. Je n’arrive pas à croire qu’on puisse encore faire ce genre de musique aujourd’hui et surtout sans aucun second degré. Le monde est plein de surprise!