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Popkomm: dernier sprint

La dernière soirée du Popkomm fut sans doute la plus intéressante en terme de découvertes, du moins dans tout ce que j’ai pu voir, ce qui n’est qu’une petite partie de tout ce qui était programmé lors de cette 5e édition berlinoise. Ce fut la journée la plus captivante mais aussi la plus éreintante puisque j’ai pratiquement traversé la ville d’un bord l’autre à deux reprises.
La première étape débuta comme toujours à la Kulturbrauerei. C’est avec les Autrichiens de Chowalski dans la salle Alte Kantine qu’on a parti le bal. Ce groupe réussi le difficile pari de mélanger la musique des Balkans avec quelque chose qui se rapprocherait de Faith No More et Gogol Bordello. Un chanteur à dreadlocks émule de Mike Patton, un violoniste, un joueur de différents cuivres, un bassiste, un guitariste et deux batteurs dont un qui jouait sur des bidons d’essence transformés en batterie. Évidemment, tous étaient sapés comme une bande de gitans à un mariage… du genre qu’on voit dans les films de Kusturica. Disons franchement que la bande excelle dans ce genre de croisement improbable. Un début de soirée prometteur. La suite ne fut donc pas décevante, à quelques exceptions près (la très ennuyante Marie Modiano par exemple).
Les Israéliens de Sabbo & Kuti Electric Jam, normalement une dizaine sur scène avec cuivres et tutti quanti, se sont retrouvés en trio (format économique) mais ont tout de même bien impressionné avec leur électro-dub groovy dans la salle du Club 23. Retour ensuite au Alte Kantine pour entendre les jeunes Allemands de The Hash et leur rock très inspiré d’Hendrix et des Stooges avec un chanteur qui fait penser à Darby Crash des Germs. Probablement le groupe allemand le plus conviancant qu’il m’ait été donné de voir durant les trois jours officiels du festival. Mais le clou de la soirée au Kulturbrauerei fut sans contredit la superbe prestation des Finlandais de Rubik qui jouaient dans le cadre du showcase du label Fullsteam Records. La petite salle du nbi était archi-pleine pour l’occasion car tous savaient à quel point cette incroyable formation indie-rock/pop vaut le détour. Des chansons fortes, de très bonnes mélodies, une belle énergie et énormément de talent, voilà quelques qualificatifs pour décrire la musique de Rubik. Imaginez Malajube en moins chargé et moins prog, Arcade Fire en moins exhubérant et vous aurez une petite idée de la bête. Allez vite jeter une oreille à leur Myspace si vous ne connaissez toujours pas cette formation. Ma révélation du Popkomm!
J’ai dû ensuite filer vers le Zapata -dans cet ancien squatt Tacheles devenu un grand complexe culturel- pour assister à la perfo des United Steel Workers of Montréal. Le combo roots-bluegrass-alt country a séduit la petite salle bien remplie malgré la fatigue dû au décalage horaire. Puis ce fut un rapide saut au Maria am Ostbahnhof histoire de renouer avec les Young Gods. La formation Suisse présentait un concert quasi unplugged avec percus et trois guitares acoustiques. Comment se fait-il qu’on n’ait pas vu ces vétérans de la scène électro/rock expériementale helvète à Montréal depuis si longtemps? Ce groupe a toujours eu une bonne base de fans ici…
Je serais resté plus longtemps avec les Young Gods mais j’ai dû m’éclipser vers le club techno Watergate, situé justement au bord de l’eau, afin d’entendre le court set de Deadbeat et du MC Tikiman. Après avoir passé tous les contrôles, guest-list et autres power-trips propres à ce genre d’endroit et certaines personnes qui y travaillent, je me suis retrouvé devant un gars derrière son laptop et le même toaster/MC avec qui, va savoir pourquoi, tous les bidouilleurs qui veulent donner une touche reggae-dub-dancehall à leur musique, font appel. Cela dit, le mélange est néanmoins intéressant bien que trop linéaire. J’ai terminé la soirée et la série de concerts du Popkomm (hormis la soirée DJ de samedi) au RAW-Tempel, une sorte de complexe de salles de concerts destroy installées dans une série de bâtiments industriels désaffectés, pour la longue soirée reggae du festival. De 19h à 5h du matin, une foule de DJ, deejays, toasters, selecters et groupes se sont succédés sur les trois différentes scènes de l’endroit. On retiendra la perfo de Benji, qui, sur des riddims de Studio One et autres qu’il est de bon ton d’entendre dans tous les partys de reggae, chante en allemand avec une sorte d’accent jamaïcain. Une hérésie pour certains mais faut admettre que son truc est assez unique et que ça fonctionne!
Samedi, une quinzaine de clubs (dont le très rock et kitsch White Trash Fast Food) accueillaient une foule de DJ et quelques groupes de tous acabits pour clôre cette édition 2008 du Popkomm. Pour ma part, je me suis concentré sur la dernière soirée Turque – au Kulturbrauerei- avec Gevende, Pasha, Electric Migration et Ipek Ipecioglu, sans doutes les artistes les plus originaux et novateurs de tous ceux qu’on a pu voir durant le festival.
De son côté, le “trade show” du Popkomm a été suivit par plus de 14 000 visiteurs -reliés de près ou de loin au milieu du disque, du spectacle et de la musique en général- qui se sont déplacés pour rencontrer les 843 exposants, dont 75% provenaient de l’étranger, et assister aux nombreuses conférences, panels, ateliers dans l’énorme complexe d’exposition Messe Berlin. et créer de nombreux contacts. 1400 journalistes étaient présents, surtout pour le fameux trade-show, le plus important en Europe avec le Midem de Cannes.
L’édition 2009 du Popkomm aura lieu du 16 au 18 septembre.