Après un vendredi à guichets fermés, où plus de 12 000 personnes se sont déplacés sur le site des Trans, ce qui a créé un cafouillage monstre avec le service des navettes qui a été interrompu pendant 90 minutes et qui a provoqué des frictions entre les festivaliers impatients et les (très nombreux) policiers qui l’étaient tout autant, on s’attendait à la même chose pour la dernière soirée de ces 30e Trans. En fait, ce sont cette fois-ci plus de 16 000 festivaliers qui ont envahi le site du Parc Expo de l’aéroport dse Rennes. Disons qu’il y avait beaucoup beaucoup de monde. Mais on s’explique mal comment ça pouvait être sold-out la veille à 12 000 personnes et la même chose le lendemain à 16 000…
Ce fut une soirée déchirante, comme à tous les jours du festival finalement: est-ce qu’on passe la soirée sur le site ou en ville aux Bars en Trans, notamment pour assister au concert de Natasha, le nouveau groupe à l’ex chanteuse de l’AS Dragon, ou alors on se rend à l’Air Libre, salle entre le centre-ville et le site principal, pour voir la rencontre inusité entre Yann Tiersen et les musiciens de Orka, groupe de patenteux des Îles Féroé qui fabriquent leurs propres instruments. Puisque les Residents présentaient sur le site principal leur nouveau spectacle où les lapins sont à l’honneur -et certainement un des groupes les plus attendus du festival, j’ai opté pour les Residents et tant pis pour le reste… Sauf que le show de ces légendaires iconoclastes était un peu trop long et… ennuyant, mais bien dingue comme d’habitude par contre! Si, après quatre année au site Expo, les Trans reviennent au centre-ville comme il est possiblement question pour la prochaine édition, ce sera plus facile de passer d’un endroit à l’autre et on ne sera plus pris avec ce genre de dilemme.
Donc qu’avons nous retenus de cette ultime soirée? Probablement la colorée perfo de la britannique Ebony Bones (notre photo). Entourée de choristes, d’un solide groupe, la chanteuse a donné un show dynamique et entraînant. Quelque part entre Santogold, Bow Wow Wow et certaines chanteuse soul des années 60 pour le groove et la présence scénique. Très cool!
Autrement, la majorité de la soirée appartenait aux DJ et autres pourvoyeurs de beats synthétiques, dont Diplo, les lituaniens de Metal on Metal (trois bidouilleurs avec un guitariste et un batteur), The Count & Sinden Soundsystem d’Angleterre, les scratcheurs japonais maniaques de Hifana (reste que quand on vient de la ville de A-Track et Kid Koala, plus rien ne nous étonne…), le DJ Sud-africain Mujava et plusieurs autres… Dans le registre “rock-pop”, disons que c’était plutôt maigre. The Black Angels d'Austin au Texas et Professor Murder furent les deux seuls qui ont piqué notre curiosité. Les premiers, avec leur rock psychédélique stoner dans la lignée des Warlocks, Spaceman 3 et compagnie ont donné une performance molle et banale et leur répertoire n’amenait rien de plus au genre, comme on a déjà pu le constater sur leur album Directions To See A Ghost. Quand au second, on se surprenait quelques fois à taper du pied au son de ce combo de Brooklyn qui mélange avec plus ou moins de bonheur new-wave, dance et indie-pop. Bref, rien de transcendant. Dans ce temps là, pas mal tous les “badgés” se rendent dans le hall VIP et bavardent, boivent et échangent cartes d’affaires et poignées de main. En plus, cette année, la radio Le Mouv’ avait eu la bonne idée d’installer son studio mobile et une petite scène dans ce hall, ce qui nous a permit de voir, l’espace de trois ou quatre chansons, quelques-uns des groupes de la volumineuse programmation qu’on n’avait pas eu le temps d’attrapper lors de leur concert officiel.
Il serait précipité de prédire qui des 90 groupes ou programme va rayonner jusqu’à chez-nous au Québec d’ici un an ou deux mais si on doit nomer quelques noms, il y a de fortes chances pour que Miss Platnum, Ebony Bones, Cage The Elephant, Sammy Decoster, les sinistres rockeurs anglais de Sister, les excentriques parisien de Rosita Warlock & Mr Djub et, mon coup de coeur, le trio britannique de Micachu & The Shapes, fassent parler d’eux
Pronostic? Avec deux soirs sold-out, on se fait moins de soucis pour les Trans et on espère sincèrement que ce festival hors du commun, qui d’année en année propose une programmation aussi inusitée qu’unique, où le terme “découverte” prend tout son sens, sera encore là dans 30 ans. Quand on sait que des gros événements, qui proposent des têtes d’affiches très connues, peinent malgré tout à se maintenir à flot, force est d’admettre que Jean-Louis Brassard et Béatrice Macé ont relevé le pari de ce beau risque qu’on nomme les Rencontres Transmusicales de Renne.