L’avenir du petit resto et salle de spectacles bien connu des amateurs de musique montréalais est incertain. En effet, depuis deux jours, la Casa Del Popolo n’est plus autorisée à programmer de concerts tant que l’endroit n’aura pas obtenu un permis de salle de spectacles officiel.
Depuis neuf ans, la Casa a programmé de nombreux artistes locaux et étrangers sans être embêtée.
Les propriétaires tentent depuis six mois de règler ce problème mais les choses semblent se compliquer depuis peu puisque la Ville de Montréal s’est opposée à ce que la salle du boulevard St-Laurent obtienne ce permis. Il semblerait que le bruit dérange le voisinage. La Casa Del Popolo a donc retiré sa demande de permis pour salle de spectacles le 11 février dernier. En attendant que ce dossier soit réglé, la salle continue de servir des repas mais il n’y aura plus de musique jusqu’à nouvel ordre.
C’est un haut lieu de la culture montréalaise qui est réduit au silence. Dans le passé, la salle du Main Hall, un peu plus haut sur le blvd St-Laurent, a dû aussi cesser ses activités parce que le voisinage se plaignait du bruit. Il y a aussi eu le Café Campus à une autre époque… la liste est longue.
Il serait franchement désolant que la Casa Del Popolo soit obligée de cesser définitivement de programmer des concerts et si personne ne réagit, il est fort probable qu’on s’en mordre les doigts.
La Casa Del Popolo en péril
Patrick Baillargeon
Se prendre un appart sur le boulevard Saint-Laurent puis se plaindre du bruit, c’est un peu idiot, non? Il me semble qu’il y en a amplement à Montréal, des quartiers résidentiels pépères, pour ceux qui veulent être tranquilles…
Il n’y a pas que La Casa qui vit cette situation difficile.
Moi aussi je fréquente un bar qui subit les foudres du « voisinage », en l’occurence ici de locataires qui se plaignent du bruit après avoir signé un bail EN HAUT du bar en question.Notons que ce bar possède également un permis de spectacle.
Venons-en à ce fameux « voisinage », mot passe-partout en langue de bois de la bureaucratie montréalaise( la plus infecte en Occident) qui désigne en réalité tous ces promoteurs immobiliers et autres propriétaires de gros bars chromés qui cherchent à occuper le plus d’espace possible dans les rues commerciales de Montréal, et que je soupconne d’avoir leurs entrées à la mairie des Tremblay Brothers.
Notons aussi la nature tâtillonne et janséniste de la règlementation à ce sujet, un fouillis incompréhensible , une insulte à l’intelligence de quiconque se préoccupe de diffuser de la musique, de la culture émergente dans les bars et les bistros de son quartier, parce que ça dérange des imbéciles s’entêtent à venir habiter dans ces environs, alors qu’ils pourraient fort bien se trouver des logis, pour pas cher, ailleurs dans des quartiers résidentiels. Je le sais, et j’en connais, certains de ces « voisins » sont des esprits malfaisants qui n’aiment rien ni personne.
D’ailleurs, toute la règlementation sur les permis de bar est à revoir de fond en comble. Et des masses de technocrates à congédier…
Ai vécu six mois au-dessus de la Casa, notre terrasse la surplombant. Faut dire, la « Casa Magica » où squattais (nom debile hein, l’sais bien) etait en grande partie un studio d’enregistrement, avec des chambres à louer à l’etage, et des jams plus que souvent. Alors forcement niveau vacarme, y’en avait peut-être plus en dedans que venant d’en-dessous. Mais le « bruit » de la Casa quel bonheur: une programmation tellement riche et hétéroclite, qui donne la chance à tous et à tout, un espace incroyablement sympa, une drôle d’acoustique malgré l’étroitesse du lieu, toujours accueillant, toujours gentiment peuplé mais pas à l’excès comme le Divan.
Me souviens de tonnes de bons souvenirs là-bas… Par exemple étais sûre quand y suis allée soi-disant la deuxième fois, que c’tait Titi qui m’avait fait connaître l’été d’avant. Mais ensuite de sa bouche même ai appris qu’elle n’y avait jamais mis les pieds, et que moi cette fois où y (re-)venais du moins le croyais, bien ça avait ouvert depuis pas long… Mystère! Aussi en mémoire des papilles: une bonne sousoupe et un p’tit canouche après un après-midi de raquettes avec Ben et des Chacoux dans la montagne… une de nos dernières escapades. De calmes veillées de tricottage de cagouilles. Des soirées interminables avec Vero. Des tofos avec Yan ou Ju. Du bonheur plein les ouies avec Pascal/Millimetrik, Emi/ElfinSaddlre, Antoine/Montag. Une soiréé ou deux Ttttttttttttttttttttttttt, on jouait avec mon slinky avec Renard qu’étais si heureuse de voir, si innocemment, avant notre déclencheur-ride à bici et mon abandon de Tommy dans sa cuisine… Des discussions à la con avec Eric/Gatineau, avec d’autres, le début d’une idylle éternelle avec Jérémi Mourand. Tout ça c’était là, c’est là dans moi maintenant, tout ça ne s’effacera jamais. Mais ça serait triste de penser qu’y en aura pas d’autres.
Et puis d’abord un peu de ras-l’pompon ici. Effectivement si tu cherches du calme t’habites pas sur StLo. T’habites pas non plus dans le vieux au-dessus du Santos, où pour le coup c’est pas de la musique mais du cassage de tympan de mauvais goût, une ridicule ambiance et un sale style qui te rendent absolument pas curieux de descendre voir les soirs de shows (là-bas tous les soirs, pas une nuit de calme…). Alors qu’à la Casa si t’es simplement ouvert d’esprit et d’oreille, t’as toujours le goût d’y regarder de plus près. Aussi la Casa avait développé sa bulle qui fonctionnait très bien. Petite salle, petits prix, programmations hebdo, le festival Suoni, les tapas en face, El Salon pour les besoins de scène, le mini jardin en arrière, des expos souvent, des soirées kitsch&rock gratuites, de la bière comme partout, une boustifaille bonne végé santé et accessible. Bref un bon concept pop, pas de prise de tête ni de sous, une ambiance famille et potes. Alors c’est quoi l’idée? Venir les mettre sur la paille avec un permis de gros poissons alors que la bâtisse fera jamais les entrées nécessaires pour rentabiliser? C’est pas ça le style de la maison. L’opération « refus de permis » risque seulement en effet, plutôt que de grapiller trois sous symboliques, de noyer ce coin tranquille ou de lui faire renier ses origines pop pour rentrer dans ses frais à coût de gros covers… Trop con. Me demande qui c’est à l’initiateur de cette bourde. Il doit déjà plus avoir de doigts, tous mordus. Faut le dire le rererépéter et pas l’accepter.