Si on est chanceux et que tout va bien, l'été pourrais désormais débuter avec le Festival International de Reggae de Montréal, qui avait lieu cette fois-ci du 26 au 28 juin sur l'île Notre-Dame.
Après des années de gestion déficiente et de problèmes internes au sein de l'équipe du festival, Eric Blagrove, patron du EB resto-bar et grand manitou de l'événement, a décidé de faire le ménage et de s'entourer de nouveaux collaborateurs, plus motivés et surtout plus intègres.
Ainsi, 2009 était l'année charnière, celle du "ça passe ou ça casse". Et ça a passé on dirait. Compte tenu du temps incertain où à tout moment on risquait de se prendre un gros orage -qui n'est jamais venu- sur la tête, d'un site plus difficile à atteindre que le Quai du Vieux-Port où se déroulait le festival auparavant, d'un pont Jacques-Cartier fermé à toute circulation samedi soir… plusieurs milliers d'amateurs de reggae se sont tout de même déplacés pour souligner leur intérêt mais surtout pour assister à ce qui est probablement la meilleure programmation de toute l'histoire du FIRM.
Vendredi, c'était pour moi le meilleur soir. Un vrai sound-system formé de vieux pros, du bon old-school reggae-dancehall… U-Roy, Charlie Chaplin mais surtout Brigadier Jerry et Josey Wales ont démontré tout leur savoir-faire, leur sens de l'improvisation et leur longue expérience des fêtes reggae. Le hic, c'est que le Stur Gav Soundsystem n'a joué que deux petites heures alors qu'il était programmé pour au moins 3h30!
Samedi y'avait pas mal plus de monde pour voir Anthony B et surtout Capleton. Le bobo dread était en feu, sautant et hurlant, complètement allumé. Après le spectacle, il a pris du temps pour retrouver ses fans et autres bobos zélés, bavardant avec eux, posant pour les caméras, se lançant dans des tirades hallucinantes pour une radio ou une télé web… Un type charismatique et généreux.
Dimanche, y'en avait pour tous les goûts avec Ky-Mani Marley, Sanchez, Frankie Paul (qui, à cause de problèmes de visas, n'a pu être présent vendredi tel que prévu) et Sugar Minott. Ce dernier a établi un record en atterissant à 21h30 à Montréal et en étant 45 minutes plus tard sur le site du festival. Hélas, on ne l'a eu que pour un maigre 40 minutes…
Mais dans l'ensemble, disons bien honnêtement que cette sixième édition fut une réussite. Avec une large place accordée aux formations locales durant tout l'après-midi, alors que le site est ouvert à tous gratuitement (payant à partir de 18h), et surtout pas une seule annulation des artistes vedettes, les organisateurs ont prouvé qu'ils étaient capable de gérer l'événement avec professionalisme et que le FIRM pourrait bien être là pour rester. C'est ce qu'on souhaite de tout coeur car Montréal ne peut se passer d'un tel événement, où une bonne partie de la communauté jamaïcaine sort en famille de son coin de la ville et se retrouve avec tous les autres amateurs de reggae, tranquille dans un bel endroit. Puis, n'oublions pas que le FIRM, c'est aussi toute la vibe jamaïcaine: le reggae et tout ce qui l'entoure, les fringues et les accessoires, mais aussi et surtout la bouffe! Et comme d'habitude, il y avait sur place plusieurs kiosques qui offraient les spécialités locales, de la bière de gingembre maison au poulet jerk en passant par les rottis ou le fameux ackee and saltfish.
Il reste bien entendu quelques petits problèmes à règler, tel le respect des heures de passage sur scène, principal bug pour le public et les artistes. Inévitablement, c'est toujours le dernier concert à l'affiche, donc en général le clou de la soirée, qui écope.
Alors oui, on espère que désormais le FIRM sonnera le début de la vibrante saison estivale sur Montréal.
Festival International de Reggae de Montréal: ça passe!
Patrick Baillargeon