La 31e édition des Trans s'est terminée hier, à guichet fermé. En général, c'est toujours le samedi que le festival affiche complet. La programmation est aussi davantage axée sur les musiques électroniques, particulièrement dans le grand Hall 9 (avec entre autres Mr Oizo et South Central) où j'ai à peine mis les pieds hier soir.
J'ai donc débuté cette dernière journée du festival avec avec le spectacle intimiste de Julie Doiron qui était de la programmation du volet Bars en Trans. La chanteuse et guitariste originaire des Maritimes était accompagnée uniquement de son batteur pour l'occasion. S'adressant à la foule dans un français parfait, elle a offert une performance chaleureuse et intimiste. Ce fut d'ailleurs mon seul concert du volet Bars en Trans cette année. Je serais bien allé voir les Tricot Machine qui se sont trouvés une place dans un bar de Rennes à la dernière minute (semble-t-il), mais je devais me rendre au concert du rappeur montréalais The Narcicyst sur le site du Parc Expo. Hélas, parce que Julie Doiron a joué plus tard que prévu, j'ai presque tout loupé… et je n'ai entendu que du bien de sa performance ensuite. D'origine irakienne mais ayant vécu à Dubaï avant de migrer vers le Canada, Yassin Alsaman -puisque c'est son nom- incorpore instruments et sonorités de son pays à ses grooves hip-hop et ses textes à saveurs socio-politiques et humanistes. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on en parle enfin à Montréal. J'ai par contre réussi à capter la moitié du spectacle de Rodriguez. Cet authentique rescapé des années 60 à moitié aveugle a livré un concert vraiment agréable. Son rock à fleurs n'a pas pris une ride -comme lui d'ailleurs (de loin en tous cas!)- et passe très bien sur scène.
Alors que je devais terminer le précédent billet, j'ai dû faire l'impasse sur les sud-africains de BLK JKS (pour Black Jacks) qui mélangent sonorités de leur coin de pays à une musique proche de celle de TV On The Radio, en un peu plus prog. Les observateurs questionnés à leur sujet n'étaient pas emballés. The Carps, vous connaissez? Moi non plus. Pourtant ce duo est de Toronto… Et ça vaut le coup de les découvrir? Oui, si le croisement entre TV On The Radio et Big Black vous semble intéressant. C'est qu'un batteur-chanteur (superbe voix très soul et jeux métronomique) et une basse fuzzée ou un clavier ont ses limites. Disons que ça ne m'a pas vraiment convaincu. The Politics par contre, ça c'est autre chose! Le trio danois a trouvé la formule gagnante avec ce musclé mélange de hip-hop/rock à la Beastie Boys-Urban Dance Squad-RATM et de grunge/alterno à la Nirvana-Pixies. Avec des refrains super accrocheurs et une bonne présence scénique, le groupe devrait logiquement trouver plus d'une oreille attentive à sa mixture. Cela dit, après une trentaine de minutes, on a compris le principe et tout finit par se ressembler. Mais c'est drôlement efficace! Chez Downtown Cuckoo, qui suivait les Carps au Hall 3, c'est à The Fall et aux Rakes que le groupe français s'est nourri. Post-rock angulaire intense made in Rennes!
Mes Trans se sont terminés avec un gros coup de coeur. Moi qui pensait prendre la navette du retour avant l'exode de la fin vers les 6h du mat', j'ai bien fait de rester pour le concert de The Very Best (notre photo). Ce sound system du Malawi aux ramifications franco-suédoise peut quelques fois tomber dans le cheesy Club Med mais quand il pousse les basses dub sur ces rythmes électro-africains on embarque très vite! Avec deux MC survoltés, des danseuses typiques et des palmiers en plastique pour faire plus "jungle", voilà le truc parfait pour attirer les amateurs d'ethno-techno. Le Festival Nuit d'Afrique devrait penser à ce groupe pour sa prochaine édition!
C'est donc sur une bonne note que j'ai terminé mes septième Trans. Transi, transporté, transpirant et bientôt le transat pour le retour à Montréal.
Au moment d'écrire ces lignes, je ne sais pas si le festival a attiré plus, autant ou moins de monde que les années précédentes. À première vue, le constat pourrait être le même que toutes les autres fois. Avec un peu plus ou un peu moins d'entrées, les Trans tiennent bon et attirent toujours un grand nombre de curieux et de défricheurs, autant auprès du public que des professionnels de l'industrie qui ne semblent pas tellement bouder l'événement, contrairement à d'autres d'aussi grande envergue. Cela veut dire quelque chose!
Les Trans, c'est beaucoup de musique, de blabla, d'alcool et de fatigue mais à chaque fois, malgré les gueules de bois et le manque de sommeil, on se dit qu'on en sort gagnant, enrichi de toutes sortes de nouvelles musique et de rencontres fructueuses. Maintenant, dodo!