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La face de P.I.L. (version longue)

 

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John "Rotten" Lydon a redémarré son
Public Image Ltd. à ses frais et comme il l'entendait. Rencontre avec une icône
toujours fidèle à son image publique.

John Lydon. L'homme est plus grand que
nature, une sorte de demi-dieu… ou demi-démon si vous PIL au débutpréférez. En un seul
disque –Never Mind The Bollocks– avec son groupe The Sex Pistols, alors qu'il se
faisait appeler Johnny Rotten, il a écrit le plus gros chapitre du punk et du
coup révolutionné l'histoire du rock. Puis en 1978, alors que le controversé
combo sombrait, victime de sa réputation sulfureuse et triste parodie de
lui-même, Rotten abandonnait le surnom de pourri et retrouvait Lydon avec un
nouveau véhicule nommé Public Image Ltd. Cette fois-ci, John Lydon
prouvait qu'il était bien plus qu'un guignol seulement capable de scandaliser
les bons sujets de sa majesté la reine.

Mais l'âge d'or de P.I.L., cette période en
compagnie du bassiste Jah Wobble, du guitariste Keith Levene et du batteur
Martin Atkins un peu plus tard, fut de courte durée. De cette période
fructueuse sont né les albums First Edition (1978, sans Atkins) et le
mythique Metal Box (1979), rebaptisé ensuite Second Edition, double galette qui
allait jeter les bases du post-punk et devenir le disque fétiche de tous les
artisans de la vague disco-punk. Après le départ de Jah Wobble en 1980, P.I.L.
déstabilisa tout le monde avec l'inqualifiable Flowers of Romance, un disque aride et presque
uniquement composé de percussions. C'est durant cette période que la formation
est passée nous rendre visite pour la première fois.

 

Sans même le savoir, P.I.L. est intimement lié à
la petite histoire de la musique à Montréal puisque c'est ce groupe qui a
inauguré le Spectrum. C'était le 17 octobre 1982. À cette époque, ne restait
que le batteur Martin Atkins, le guitariste Keith Levene et bien entendu mister
Lydon. La première formation à fouler les planches de la célèbre salle
montréalaise venait présenter son troisième album studio, l'inqualifiable Flowers
of Romance
.
Le public, déstabilisé par ce disque aride et presque uniquement composé de
percussions, réclamait les chansons des deux premiers albums et surtout des Sex
Pistols, ce qui n'a pas eu l'air de plaire aux membres qui ont donné un show
court et sans âme, envoyant paître la foule de punks avec moult doigts
d'honneur et s'éclipsant après une cinquantaine de minutes. Il faut aussi dire
que les relations étaient assez tendues dans le groupe à ce moment. "J'espère
que ceux qui nous ont déjà vu à Montréal n'ont pas oublié à quel point Public
Image est un bon groupe", ironise John Lydon au bout du fil. "Quand à ceux qui
se demandent si je suis capable d'interpréter des chansons de mon premier album
comme du dernier, ceux là n'ont pas vraiment écouté ma musique car ces chansons
ne sont pas si différentes les unes des autres. Elles sont complémentaires."

 

Lydon pilote

Après le départ de Levene en 83 puis de Atkins en
85, Lydon a fait appel a d'autres musiciens, le son a changé, la formation est
devenue moins avant-gardiste, plus commerciale même, perdant du coup la
majorité des fans de la première heure. This Is What You Want… This Is What
You Get

(1984), Album (1986), Happy? (1987), 9 (1989) et That Was Is Not (1992) ont suivit
jusqu'à ce que Lydon mette en 1993 un terme au groupe et reparte avec les ex
Pistols. Aujourd'hui, en reformant P.I.L., le chanteur mène ses deux entités de
front: Lydon d'un côté, Rotten de l'autre. "Je ne vois pas de raisons pour
arrêter les Pistols. C'est un autre aspect de ma vie qui est tout aussi valide.
C'est surtout mon héritage et c'est ce qui m'a permit de me lancer sur cette
route vers la rédemption. Je serai éternellement reconnaissant envers ces gars
là. Les Sex Pistols, comme PIL, sont éternels".

 

P.I.L. 2010

Plusieurs journalistes et fans se sont demandés
pourquoi John Lydon a choisit de reformer le groupe avec le guitariste Lu
Edmonds

(Damned, Mekons, 3 Mustapha 3…) et le batteur Bruce Smith (Pop Group), deux
musiciens qui ont fait partie de la formation entre 1986 et 1992, plutôt que
Jah Wobble, Keith Levene et Martin Atkins. À ce sujet, John Lydon a bien
entendu une réponse toute prête: "Je ne dirais pas que le groupe s'est reformé,
je dirais qu'il est remodelé. Cette nouvelle mouture de P.I.L. est la
meilleure que j'ai connu. Et les gens devraient me prendre au mot car je sais
ce qui est le mieux! Les quatre personnes qui représentent P.I.L. sur scène
aujourd'hui sont quatre personnes qui s'apprécient et savent travailler
ensemble. Il n'y pas d'animosité. Donc en remodelant le groupe, j'ai
immédiatement pensé à Lu Edmonds et à Bruce Smith. Pour ce qui est du bassiste,
Scott Firth, c'est par le biais de notre tour manager que nous l'avons trouvé.
Quand j'ai su qu'il avait joué avec Stevie Winwood et surtout les Spice Girls,
j'ai tout de suite été intéressé. Pas de snobisme ici. Pour valoir quelque
chose, il faut être au dessus de la mode et des tendances. Tu vois, j'ai fait
partie de deux groupes qui ont eu une énorme influence sur la culture moderne.
Mais le problème, c'est que la culture moderne n'a pas saisi que pour nous
apprécier, il faut rester soi-même, pas essayer de nous imiter! Contrairement
aux Pistols qui n'ont pas eu le temps de s'échapper du piège de la mode et de
s'émanciper, P.I.L. a eu la possibilité de le faire et d'avancer en adoptant
différentes formes au fil des ans. De sorte que nous avons toujours été en
avance sur la meute. Mais nous voilà sur la route à faire cette tournée. Et
pour y arriver de façon indépendante, j'ai dû investir toutes mes économies.
C'est marche ou crève avec moi car les actes valent plus que les paroles. Il
n'y a pas un seul centime provenant d'une maison de disque dans ce projet. Oui,
il y de l'intérêt de la part de certains labels mais ceux là ne répondent même
pas lorsque je les appelle au téléphone. Pourtant j'ai toujours eu un effet
bénéfique sur la culture moderne mais curieusement ils n'osent pas me répondre…
C'est toute une réussite non? Je me demande comment j'ai fait pour me retrouver
dans ce genre de situation bizarre… Mais je te le dis franchement, l'adversité
ne m'a jamais empêché de faire ce que je voulais, j'arrive toujours à la
transformer en quelque chose de délicieusement sucrée (rigole). Les compagnies
de disque manipulent les artistes et les auditeurs et P.I.L. a toujours été
capable de les en empêcher. Maintenant, l'empire du disque s'écroule… N'est-ce
pas merveilleux! J'espère que j'en suis grandement responsable (rigole). Avec
leur vision de comptable, les gros labels ont tué une industrie qui est censé
être un hommage à la vie et  la
créativité."

 

Post party

Après cette tournée qui aura mené le groupe un
peu partout sur la planète, P.I.L. planifie enregistrer de nouvelles chansons
avec les sous récoltés au cours de la tournée. Le groupe a des idées mais ne
jouent aucune nouvelles compos sur scène de peur de se faire pirater ou
plagier. Lydon a connu trop de mauvaises expériences de ce genre. "Il y a plein
de vautours qui rôdent. Tu sais l'imitation n'est jamais une forme de
flatterie, c'est plutôt un vol déguisé. Reste qu'on a tellement d'idées que ça
va être difficile de choisir".

 

P.I.L.-LCD

Si les Pistols ont influencé un tas de groupes
punks, le deuxième album de P.I.L. est à l'origine de la vague disco-punk et de
groupes comme LCD Soundsystem … "Où ça? Quelle vague?", se moque Lydon. "Sans
blague, nous sommes plutôt copain avec LCD Soundsystem. Je pense que comme moi,
ils sont intègres. Je ne suis pas le seul, il y en a quelques autres! Pour moi,
si un groupe est vraiment honnête dans ce qu'il fait, je l'aime, même si je
n'apprécie pas sa musique! C'est important d'être sincère, de dormir l'esprit
tranquille. Et crois-moi j'en ai vu un tas qui n'avaient pas la conscience
tranquille au fil des ans. C'est pourquoi aujourd'hui ils sont pris avec des
problèmes de drogue ou sont morts, qu'ils reposent en paix. Mais ils ont laissé
de terribles séquelles à la société."

 

Mort de Malcolm McLaren

Bien qu'en froid avec l'ex manager-manipulateur
des Sex Pistols depuis des années, John Lydon reste pourtant très poli et
digne lorsqu'on lui demande comment il a réagit au décès du controversé
personnage il y a quelques semaines. "Je ne savais pas du tout qu'il était
malade donc ce fut une réelle surprise, vraiment. On m'a annoncé ça brusquement
et j'ai réagit de façon adéquate. Car je parle avec mon coeur, il n'y a donc
pas d'animosité de ma part, d'aucune façon. Je ne souhaite pas la mort des
gens. Maintenant, essayons de faire un grrros effort pour se souvenir des
bonnes choses vécut avec lui (rigole). Je vais devoir vraiment faire un trrrès
gros effort! (rigole). Par dessus tout, les gens doivent savoir que John Lydon
est un être humain et qu'il souffre des problèmes que n'importe quelle autre
personne. Je peux voir les choses différemment puisque chaque personne est
unique mais ultimement si mon oeuvre peut aider une seule personne, alors c'est
une bonne raison pour persévérer. Les ouvres d'autres personnes m'ont grandement
aidé, certains livres en particulier, quelques films et même un bon band
peuvent me faire réfléchir et voir les choses de façon plus positive. J'ai été
foutu dehors du jardin d'Eden et maintenant je veux y être réadmis!

 

Le 8 mai

À L'Olympia

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Killing Joke, Wire, ESG