Malgré les récents chamboulements qui ont affecté
le FEQ, notamment le départ de Jean Beauchesne qui fut l'âme de l'événement
pendant de nombreuses années, le festival semble s'être rapidement remis sur
les rails si l'on se fie à la programmation de cette 43e édition. Avec une
sélection encore une fois tous azimuts, sans devoir se restreindre à un créneau
particulier et forcémment réducteur, le FEQ peut se permettre d'offrir au
public une vaste brochette de style. La preuve, la majorité des concerts
présentés sur l'énorme site des Plaines d'Abraham affichent complets. Au point
où le festival est en rupture de stock de laissez-passer.
Vendredi dernier sur les Plaines, Iron Maiden a
rameuté près de 80 000 fans, et il pleuvait… Mais ce n'est pas que sur les
Plaines que ça se passe. Samedi, la salle de l'Impérial était tellement pleine
pour les concerts de Kid Koala and the Slew et The Heavy (notre photo) que plusieurs
journalistes ont dû faire des pieds et des mains pour y entrer. Grâce aux talents
de diplomate de Sébastien Nasra de M pour Montréal, on a pu entrer à temps
pour les excellents The Heavy (quel show!), mais l'entêtement d'un portier zélé
nous a tous fait manquer le spectacle de Kid Koala, remarquez c'est pas comme si on
ne l'avait jamais vu.
La salle du Cercle juste à côté était elle aussi
archi-comble pour la perfo de Dance Laury Dance. Le groupe de Québec a de
nombreux fans sur place et on le comprend quand on voit la bête sur scène. Ne
vous fiez pas au nom de la bande, c'est un second degré de plus dans la série
que les cinq membres de la formation hard-rock déballent sur scène. Le sex and
drugs and rock'n'roll poussé à l'extrême, mais toujours avec une bonne dose de
dérision.
Il y avait aussi une foule bien compacte qui
débordait sur la rue pour le concert de Colin Moore au Pub St-Alexandre à
minuit. Entouré entre autres de Ryan Battistuzzi à la guitare et de Vince Peake
à la basse, le chanteur folk-rock avait là une solide base pour livrer ses
chansons avec passion. Car qu'on aime ou non le style très canadian du gars, à
la fois proche de Dylan, Johnny Cash, Brian Adams, John Cougar Mellencamp et
Mike Ness de Social Distrtion, on ne peut nier son authenticité, ni qu'il y met
tout son coeur et son énergie. Ça peut paraître cliché et facile comme
remarque, mais dans son cas, c'est la vérité.
Ce ne sont sans doute pas tous les concerts qui seront si
populaires, mais le pari du FEQ de présenter des gros shows vendeurs sur les
Plaines (des shows d'artistes anglophones de gros calibres pour la plupart car
les shows francos susceptibles d'attirer plus de 50 000 personnes sont assez
rares), est réussi et permet ainsi à l'organisation de présenter des artistes
moins populaires mais non moins intéressants sur les autres sites. Les
mauvaises langues devraient y songer et s'amuser au jeu des comparaisons. À
part une poignée, quels artistes francos peuvent rivaliser en terme de
popularité avec un Iron Maiden, un Rush ou un Black Eyed Peas?
Le festival se poursuit jusqu'au 18 juillet.
Info: www.infofestival.com
Je dirais que malgré les récents chamboulements, le FEQ n’a pas été affecté. 😉
AVATAR!
En 1608, Champlain vient fonder Québec. La ville est française. Depuis, malgré la Conquête, elle demeure le bastion de l’Amérique française. Mais pour combien de temps encore ? Qu’est-ce qui nous attire dans cette magnifique ville ? Son architecture, son histoire, sa culture francophone. Or depuis quelque temps, Québec est en mutation; elle présente de plus en plus d’activités en anglais ou bilingues. Je ne me reconnais plus dans cette ville que j’aimais tant, cette ville que Montréal veut imiter. Dans cette métropole qui a déjà commencé à s’angliciser, on admire le maire Labeaume, on jalouse le succès de la cité mutante. Avatar…
Le Festival d’été de Québec en est un exemple. Faites la somme des chanteuses-rs québécois par rapporte aux chanteurs de langue anglaise ou de toute autre langue. Oui, le Québec est métissé, mais à ce point-là ? Au point de ne plus reconnaître notre culture dans un festival québécois de grande envergure? Nous sommes fiers de notre ouverture, mais devons-nous pour autant oublier la fragilité de notre microcosme francophone? Le nouveau mépris à la mode affiché envers la chanson francophone me surprend et m’interpelle. À écouter certains, il n’y a de salut que dans la chanson anglaise. Gros malaise…On produit chaque année, ici, des chanteuses et des chanteurs pleins de talent qui offrent leurs mots en français. Devront-ils changer de langue pour avoir du succès ? Le virage qu’insidieusement on est en train de prendre à Québec et qui est valorisé à Montréal est ridicule, honteux et dangereux. La glissade vers la culture anglophone est amorcée. Comme en France. L’équilibre n’est pas dans l’enclavement ethnocentriste, certes, mais pas non plus dans l’asservissement aux diktats culturels américains.
La particularité, l’originalité, l’unicité de Québec résidait dans son cachet franco-européen. Là, que reste-t-il qu’on ne trouvera pas ailleurs ? Et quelle mutation est-on en train d’amorcer?