Cette année, les Francos de Spa ont débuté le
jour de la fête nationale Belge alors qu'avant elles se terminaient le 21
juillet. Il y a avait donc pas mal de monde sur le site mais il aurait été
difficile de savoir pour le non initié que c'était aussi jour de fête
nationale. Une ambiance festive mais pas délirante et pas mal de monde mais pas
trop non plus.
De cette première journée, c'est sans contredit la performance
de Baloji que j'ai retenu. L'ex Starflam, qui vient de faire paraître Kinshasa
succursale, un deuxième album où il revisite ses racines congolaises, plonge
dans les musiques du pays de ses ancêtres, avec une touche urbaine. Ici, la
rumba, le soukous et le mutuashi se mélangent au r'n'b, à la soul et
au hip-hop mais aussi au reggae et à l'afro-beat avec élégance et beaucoup de
groove. Baloji est charismatique, généreux, enthousiaste et son groupe assure
le rythme sans défaillir. Baloji est définitivement sur la bonne voie.
Sans être décevant, le reste des artistes que j'ai
vu sur scène n'arrivaient pas à la hauteur de Baloji. Je dois tout de même
souligner le concert de Dominique A qui, depuis quelques années, semble
préconiser une approche plus dynamique, plus rock. J'admire la ténacité de ce
chanteur et guitariste français qui a toujours suivit le même tracé, sans
jamais tomber dans la facilité. Un parcours exemplaire pour ce musicien qui,
curieusement, en était à ses premières Francos de Spa!
De Belgique, j'ai été entendre Ghinzu, que je
connaissais mais que je n'avais jamais vu en concert. Comme je ne suis pas très
chaud avec tous ces groupes qui ressemblent à Radiohead et qu'en plus Ghinzu ne
chante qu'en anglais, inutile de dire que je n'ai pas tellement embarqué dans
leur monde. Cela dit, la musique de la populaire formation (plus de 50 000
copies de son dernier album écoulées en Europe) est assez envoûtante et riche,
loin des clichés pop. Mais dans le même registre, je préfère Karkwa.
J'ouvre une parenthèse ici. Comme plusieurs l'ont fait remarquer l'année dernière, il semble que de
chanter en anglais ne pose pas de problème aux programmateurs des Francos de
Spa, même si le nom du festival laisse entendre qu'il s'agit là d'une fête
dédiée à la musique d'expression francophone. On comprendra qu'entre les deux
solitudes, les wallons francophones d'un côté et les flamands néerlandophones
de l'autre, la meilleure façon de communiquer demeure l'anglais. Mais des
événements qui se consacrent presque exclusivement à la musique anglophone, il
n'en manque pas en Belgique! C'est assez étonnant que même certains des artistes
québécois présents au festival chantent en anglais… On n'est pas à un paradoxe
près semble-t-il, bien que ces artistes soient tous dignes d'intérêt. Bon,
on ne reviendra plus sur le sujet, on ne veut pas passer pour les râleurs
nationalistes de service, mais on n'en pense pas moins. Fermeture de la
parenthèse.
Du reste de cette première soirée, j'ai bien
apprécié le groupe Français Yodelice: un bon sens du spectacle (maquillage à la
Orange mécanique, habits de scène originaux mais qui n'ont rien du costume…),
une bonne présence, du dynamisme, des chansons accrocheuses et une belle
sensibilité pop-rock. J'ai par contre eu du mal à embarquer dans l'univers de l'ex
Melon Galia Samir Barris. La musique de l'auteur-compositeur Belge, croisement
délicat entre nouvelle chanson et un certain esprit jazz, demande une écoute
plus soutenue, ce qui est difficile dans un contexte de festival en plein air.
On y reviendra, mais sur disque!
Je passe sur la perfo plutôt molle de
Patxi pour terminer avec celle nettement plus endiablée de Magnus. Ce projet,
mené de front par Tom Barman, leader des très populaires Deus, et du DJ et
bidouilleur CJ Boland, balance une techno au couleurs house ludique et festive,
juste assez barrée. Rien de bien original, mais en fin de soirée, c'est très
efficace! Un album est en chantier dit-on.
Aujourd'hui jeudi, programme hyper chargé avec,
entre autres Été 67, Christophe, Dutronc, Yann Perreau, Orange Orange, Sexy
Sushi, Piano Club, Pony Pony Run Run, Emmanuelle Seigner, Coeur de Pirate,
Mélanie Pain et Coco Royal, mené par le fils d'un certain Geluck…