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Francos de Spa: dernier sprint et bilan

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La dernière journée de ces 17e Francos a
été marquée par la sympathique performance de Lio qui  était accompagnée du
groupe liègois Phantom (en photo). L'ex pop star des années 80 avait donc une solide
machine rock derrière elle pour revisiter ses grands succès. Si elle a
nettement moins de voix que lors de ses belles années (elle en avait déjà pas
beaucoup), elle compense par une étonnante fraîcheur et beaucoup d'énergie.

On m'avait fortement suggéré d'assister
au concert de Puggy, trio basé à Bruxelles et composé d'un belge, d'un suédois
et d'un américain. La bande, endossée par Universal a bien quelques très bonnes
chansons pop et une énergie communicative, elle ne propose toutefois rien de
plus que les nombreux autres s'inscrivant dans le même registre indie-machin.

Je parlais des nombreux groupes belges
chantant en anglais mais il y en a tout de même quelques-uns qui restent fidèles
à la langue de Brel, comme par exemple Atomique Deluxe, un band liègois mené
par un breton. Les amateurs de rock franco comme on en faisait durant les
années 80 et 90 devraient y prêter une oreille. Il est question d'ailleurs que
la bande se retrouve bientôt au Québec. Dans un registre
diamétralement opposé, le combo hip-hop Congo Groove va piger dans ses racines
africaines (il y a une importante communauté congolaise en Belgique) pour
alimenter ses rythmes et ses paroles, qui passent du français au kikongo ou au
lingala. Un afro hip-hop plutôt original.

Ces 17e Francos se sont comme tous
les soirs terminées au Casino pour les afters où se réunissent pas mal tous
ceux qui sont accrédités mais aussi une foule d'autres gens du coin, et comme
toujours au son d'un DJ pas terrible. Mais avant, c'était à Montevideo et
Compuphonic que revenaient l'honneur de clôre en musique cette dernière journée
du festival. MVSC, c'est la rencontre d'un groupe rock avec bidouilleur
électro, tous belges. Ça donne un truc hyper groovy et dansant, qui pourrait
faire penser à New Order en plus pêchu et moins froid.

Malgré plusieurs averses et un temps
souvent frisquet, l'édition 2010 des Francos de Spa a permis aux nombreux
festivaliers de découvrir ou renouer avec des valeures sures de la francophonie
et plusieurs artistes émergents, principalement de Belgique, mais aussi de
France et du Québec. À ce sujet, tous les représentants québécois ont réussi à
attirer l'attention du public et des médias. L'intérêt qu'ont suscité les Ian
Kelly
, Tricia Foster, Colin Moore, Marco Calliari, Yann Perreau, Orange Orange
et Mad'moiZèle Giraf était sincère, d'autant plus que tous ont livré de belles
performances, que ce soit sur les scènes des Bars en folie (des concerts
difficiles dans des conditions rarement optimales et avec un public pas
toujours très attentif) ou sur les scènes officielles. 

Comme l'année précédente, plusieurs
professionels de l'industrie et journalistes québécois (Voir, La Presse, Le
Devoir, Radio-Canada) -on parle d'une délégation d'une bonne quinzaine
personnes sans compter les musiciens- étaient présents aux Francos de Spa, ce
qui incite de nombreux intervenants européens à se déplacer pour les
rencontrer. Un panel sur le marché québécois et les perspectives offertes aux
Belges a d'ailleurs été organisé par l'organisme Wallonie-Bruxelles Musique
(WBM). Intitulé Le Québec, rêve ou réalité, cette rencontre a permi aux
représentants européens qui y assistaient de se faire une meilleure idée de la
spécificité du marché québécois et de son dynamisme mais aussi de relativiser. Car le Québec, bien qu'il consomme beaucoup de sa propre culture, n'est pas
forcémment l'Eldorado pour les artistes de la francophonie et de la Belgique en
particulier. Bref, un débat intéressant car il a aussi permit aux intervenants
québécois de réaliser la grande fragilité du marché belge, un marché lui aussi
divisé entre deux langues mais encore plus vulnérable. On souhaite bien sur de voir plus
d'artistes belges au Québec car bien que ce pays soit je sais pas combien de fois
plus petit que le Québec, il est depuis fort longtemps un incroyable incubateur
à talent.

Tout ça finalement augure très bien pour
la 18e édition qui, souhaitons le, devrait attirer encore plus de québécois et
d'européens à se rencontrer, débattre, échanger des idées et créer des ponts
entre les deux continents.

Le coup de coeur du festival? Je dirais
Baloji pour sa rumba hip-hop congolaise métissée, Été 67 pour sa chanson
indie-pop enjouée, Dutronc pour son rock-yéyé dérisoire, Yann Perreau pour son énergie
communicative et les bières belge pour leur incroyable capacité à toujours se
trouver un chemin jusqu'à votre bouche!