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Trans en danse

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L'avantage de la compilation que fait paraître
les Trans à chaque  édition du
festival, c'est qu'elle permet de se faire une petite idée des nombreux groupes
qui ont été sélectionnés. Elle peut aussi nous induire en erreur. Par exemple,
Raph Dumas & The Primaveras, dont la pièce Trip m'avait bien accroché avec
sa rythmique un peu swing 60's, un peu Fatboy Slim; un truc super entraînant
qu'on ne retrouvait hélas pas sur scène. Programmé trop tôt en début de soirée
dans le grand Hall, la troupe (vingt musiciens sur scène) s'est retrouvée
devant une salle pratiquement vide. Donc déjà pour l'ambiance, c'était pas
chaud. Mais la musique dynamique créé à la base par le DJ-bidouilleur espagnol
est alourdie par le poids de l'orchestre catalan Cobla La Millenaria. On parle ici d'une douzaine de
cuivres, plus basse, guitare, clavier et choristes qui entourent le DJ et ses
machines… Puissant mais lourd, ça traîne. Par contre, la musique est très
stylée, léchée, un jazz presque de big band avec des saveurs latines, soul,
funk et de trames sonores 60's… Il y a évidemment beaucoup de moyens et de
travail dans le projet et le tout est assez impressionnant. Mais voilà, rien à
voir avec ce qui m'a branché sur disque. En ce qui concerne Connan
Mockasin
(en photo)cependant, groupe néo-zélandais expatrié en Angleterre, c'était tout aussi
bon, et même beaucoup  mieux que
sur la compil des Trans. Blond peroxydé, guitare Stratocaster modifiée qui ressemble à une
Vox, le chanteur Connan Hosford a des allures de Brian Jones et une voix qui
nous rappelle Robyn Hitchcock. Musicalement on est très proche de l'univers de
Pop Levi même si la bande n'hésite pas à reprendre sur scène le Remember The
Time
de Michael Jackson. Un son assez particulier, une belle révélation et sans
contredit mon principal coup de coeur de ces 32e Trans.

Autre bonne surprise, la suisses d'origine
ghanéenne Oy, Joy Frempong de son vrai nom. Seule sur scène, la musicienne
trafique un amalgame d'influences diverses, soul, hip-hop, trip-hop, tribal,
dub, world beat tout à fait particulière. Une déconstruction souvent brillante
sauf lorsqu'elle se lance dans des envolées soul un peu trop convenues, digne
des Björk et Leila de ce monde.

Ce qu'il y a de sympa aussi dans des événements
tels que les Transmusicales de Rennes, c'est de se laisser entraîner à un
concert qui a priori ne nous disait rien et du coup de tomber sous le charme.
C'est ce qui m'est arrivé pour Salem. La formation de Chicago pourrait en
quelque sorte être le pendant électronique des Jesus & Mary Chain pour
l'aspect sombre et les voix pleines de reverb. Y'a aussi un peu de Cocteau
Twins pour le côté éthérée et quasiment gothique mais ce qui les distingue de ces
deux influences est leur sensibilité hip-hop. Curieux mélange qui ne passe pas
toujours bien mais qui heureusement n'est pas la norme puisqu'on s'échange le
micro à tour de rôle dans ce groupe et que ce n'est pas tout le monde qui "rappe". Si on n'adhère pas immédiatement au style
de Salem, on finit par se laisser gagner par leur beauté sinistre. Là aussi,
une belle surprise!

Puis c'est au tour de la très attendue Janelle
Monae
dont l'album The ArchAndroid s'est mérité moult éloges lors de sa sortie
il y a quelques mois. Cette fois, le Hall 9 est rempli. Autre ambiance bien que
cette salle immense et froide demeure peu conviviale, peu importe qu'elle soit
pleine ou vide. Difficile aussi d'y retrouver une sonorisation adéquate. Le
spectacle de Janelle Monae et de sa troupe, c'est le gros show à l'américaine
où rien n'est laissé au hasard, tout est calculé, répété, étudié. Et ça roule
comme une machine bien huilée, avec petits numéros de théâtre, costumes, décors
et chorégraphies. Impeccable, trop même. Cela dit, divertissement assuré. Un
gros show d'aréna slick, à la James Brown. Par contre pour la musique, c'est
plus Prince qui nous vient en tête. Si seulement Janelle Monae pouvait éviter les
archi-typiques et banales envolées vocales à la Witney Houston, ça aiderait.

C'est dans le même Hall 9, un peu plus tard,
qu'on retrouvait MIA. La controversée et surestimée chanteuse britannique a
attiré une foule monstrueuse, au point où il était impossible d'entrer dans la
salle en début de concert. L'ayant vu à trois ou quatre reprises à Montréal pour à chaque fois
me dire que ses spectacles sont d'une banalité effarante et estimant que son
dernier disque est plutôt moyen, je ne voyais pas l'intérêt d'aller me prendre
un bain de foule pour voir une fille en legging fluo danser maladroitement sur
scène. De toutes les personnes qui y ont assisté et que j'ai croisé par la
suite, aucune ne m'en a d'aileurs dit du bien. Déception générale quoi.

Je me suis plutôt laissé entraîner au concert de
la formation normande Concrete Knives. Le jeune groupe propose, évidemment en
anglais, un pop-rock à la Franz Ferdinand et compagnie, syncopé et drôlement
accrocheur. C'est règlé au quart de tour et une mélodie forte n'attend pas l'autre.
Rien de bien original on s'entend et on est en droit de se demander où tout ça
les mènera mais force est d'admettre que c'est plutôt bien foutu.

De retour au Hall 9, j'ai rapidement jeté une
oreille au set du DJ et producteur britannique Fake Blood. Sur disque ou le
web, on arrive à trouver de solides bombe dancefloor puissantes mais en live,
c'est plus difficile d'adhérer. J'ai résisté à l'appel du retour en ville pour voir
ensuite le combo colombien Systema Solar à l'oeuvre. Ce groupe, c'est une
explosion de rythmes cumbia et hip-hop bigarrés et ravageurs, mené par deux
chanteurs shamans survoltés. Festif à mort!

Ah oui, en passant, la chanteuse Kyrie Kristmanson n'est pas montréalaise comme je le laissais entendre dans mon précédent billet mais torontoise. Elle est pour le moment installée à Paris.