Le GéNéRIQ (www.generiq-festival.com) c'est le festival à dimension humaine.
Après l'intensité et la surabondance des Trans de Rennes, le contraste n'est
pas désagréable.
Cet événement, une initiative de l'énorme
festival Eurockéennes de Belfort, se déroule simultanément dans huit villes de
la région Rhin-Rhône, les principales étants Mulhouse, Belfort, Besançon et
Dijon.
Ainsi, entre les 12 et 19 décembre,
toutes ces villes ont vu défiler quelques 70 groupes de tout acabits et d'un
peu partout dans le monde. Juste à Dijon, où j'ai été reçu, pas loin d'une
quarantaine d'artistes ont pris part à l'événement.
Principale ville de Bourgogne, Dijon n'est certes
pas aussi survoltée que Rennes mais ce n'est pas plus mal puisque ce côté plus
"tranquille" donne au festival un aspect plus intimiste. Il est donc plus aisé
de rencontrer les artistes et les festivaliers et ainsi de vivre l'événement
sans être bousculé.
Cette 4e édition du GéNéRIQ a débuté de façon
très originale avec un départ de Paris dans un TGV pour Dijon à bord duquel les
journalistes et nombreux représentants de divers festivals et salles de
spectacles de France et d'ailleurs étaient tous réunis pour un concert de Noël
de Florent Marchet. Le chanteur français a interprété quelques-unes de ses
compositions dans l'espace exigüe du wagon bar, entouré d'une trentaine de
personnes littéralement collées sur et les unes sur les autres. Pas optimales
comme conditions mais franchement original comme entrée en matière pour le
festival.
Arrivée sur place, sous la neige, toute la bande
a été transportée dans un hôtel particulier, où les hôtes recevaient nul autre
que Cali pour un concert intime. Accompagné de son pianiste et d'un
trompettiste à l'occasion, le chanteur était au début visiblement mal à l'aise
devant toute la famille et la petite troupe du train assis par terre à ses
pieds dans ce grand et vieux salon. Cali a offert quelques pièces de son
excellent nouvel effort La vie est une truite arc-en-ciel… ainsi que deux ou
trois de ses classiques. Un spectacle totalement unique dans un lieu magique!
Pour la suite du programme de la soirée et celui
des trois autres jours du festival, les concerts se déroulaient à la Vapeur,
principal lieu de diffusion des musiques amplifiées de Dijon, ainsi qu'à
l'Atheneum de l'Université, deux salles en périphérie du centre-ville. Les
afters avaient lieu au Hit Club et pour les spectacles en après-midi, ce sont
les salles de la Coupole et du la galerie d'art Le Consortium qui accueillaient
le public. Des lieux variés, souvent inusités, qui donnent au festival un
aspect plus ouvert, évitant ainsi un certain cloisonnement.
Prog
Comme pour toutes manifestations de ce genre,
impossible de tout voir, et encore moins quand on se retrouve booké comme DJ
pour les 5 à 7 du festivals… Sur la quarantaine de groupes programmés à Dijon,
il y en avait pour à peu près tous les goûts: hip-hop, électro, rock garage, chanson, indie pop, funk,
néo-folk, rock'n'roll, humour, electropical et quelques autres plus difficiles
à catégoriser.
Du lot, plusieurs ont retenu mon attention. Le
dynamique trio hip-hop old school Ninjasonik de Brooklyn s'est donné comme si
c'était son dernier concert; les impressionnants Monarchy ont quand à eux
séduit la petite foule avec leur électro à la Pet Shop Boys-Depeche Mode
impeccablement exécutée; les très rétros mais aussi très classes Hillbilly Moon
Explosion de Suisse ont brouillé les pistes avec leurs relectures et
réadaptations de certains classiques comme Laisse tomber les filles de France
Gall ou encore le thème de James Bond que la bande intégrait en partie à ses
propres compos. Ils ont d'ailleurs bien chauffé la salle pour les démentiels
Experimental Tropic Blues Band (en photo). Le trio belge, aperçu il y a deux ans lors des
francos de Spa, a réellement décuplé sa force de frappe. Sauvage, sexy, malsain
et juste assez de dérision pour garder un certain décalage. L'influence du
grand Jon Spencer est omniprésente et c'est sans doute pourquoi ce dernier a
accepté de réaliser le prochain album du combo liégeois. La claque du festival
selon moi.
Il ne faudrait cependant pas passer sous silence
la belle folie qui anime la sympathique formation électro rock dijonnaise
Elektrisk Gonner, le jazz électro-exotica de la sulfureuse Jessie Evans,
l'humour contagieux de Thomas VDB, les délires blues soniques du one-man band
américain Honkeyfinger, les rythmes cumbia accélérés des colombiens de Bomba
Estereo, l'indie pop des danois de Lars and the Hands of Light et celle un peu
plus intimiste des français de Syd Matters, l'érudition du toujours surprenant
DJ Mehdi, l'indie-rock expérimental de la guitariste américaine Marnie Stern, le rock débridé de Ty Segall et
on en passe…
Bilan
Cette 4e édition du GéNéRIQ a été marquée par des
conditions climatiques peu clémentes ce qui a quelque peu réduit l'ardeur de
certains festivaliers, incapables de se déplacer sur les routes enneigées, et
aussi celle de certains artistes. Il est fou de constater ce que quelques
centimètres de neige peuvent provoquer comme chaos. Cela dit, l'organisation a
tout de même réussi le pari de réunir sur scène à plusieurs occasions des
groupes d'horizons forts différents et du coup à séduire, avec sa programmation
éclatée, les nombreux délégués et journalistes présents. Reste maintenant à
attirer davantage le public. Le festival étant encore jeune, le tir sera très
certainement rectifié l'année prochaine avec plus de concerts en ville plutôt
que dans des salles légèrement excentrées, tel que me laissait entendre le
chargé de création à la Vapeur Gilles de Valck. Ainsi, il devrait être plus
facile pour le public de se rendre aux spectacles, peu importe les caprices de
dame nature.
Mais ce qu'on retiendra de cette sympathique
manifestation musicale, c'est le côté "familial" du festival, l'accueil
chaleureux et amical, l'audace des programmateurs et l'écclectisme de la
programmation.
GéNéRIQ, un événement qu'on aura plaisir à
suivre!