Pour sa sixième édition, le festival Les Ardentes
de Liège se positionne désormais comme un événement incontournable pour les
amateurs de musique. À mi-chemin entre l'éclectisme du Dour Music Festival -qui
débute ce jeudi!- et l'objectif plus grand public des Francos de Spa qui
suivent la semaine prochaine, Les Ardentes offrent le meilleur des deux mondes
en quelque sorte.
Situé au parc Astrid, le long de la Meuse, le
festival proposait cette année, du 7 au 10 juillet, une affiche possiblement
moins audacieuse que l'année précédente et c'est sans doute pourquoi le public
à répondu massivement à l'appel. Il faut aussi dire qu'avec le temps toujours
incertain et les nombreuses averses que connait la Belgique (et vous pensiez
qu'on avait un climat de fou au Québec!), un événement peut vite tomber à
l'eau, c'est le cas de le dire. Heureusement, miss météo était assez clémente
cette année. Il a plu mais rien pour décourager les belges qui en ont vu
d'autres. Prévoyante, l'organisation n'a qu'une seule grande scène extérieure,
les trois autres étant couvertes, dont un énorme chapiteau qui remplace le
grand Hall des Foires détruit par le feu il y a quelques mois (lors d'une fête
de policiers…)
Les têtes d'affiche étaient nombreuses cette
année. Entre les héros locaux tels que Stromae, la formation pop-rock Puggy, la
polyvalente (ragga, soul, hip-hop, chant lyrique…) chanteuse Selah Sue, Arno et
quelques autres en devenir, le pubic liègeois avait l'embarras du choix: Kelis
(décevant concert trop court), Snoop Dogg, la sensation dance-rock britannique
Is Tropical, Katerine , Ziggy Marley, Wu Tang Clan, Limp Bizkit, le duo italo
disco-house français Mustang, le rock authentique du super classe Jim Jones
Revue, Sum 41, l'ex Libertines Carl Barât, la chanteuse power pop anglaise Kate
Nash, le retour du Asian Dub Foundation et de Cake, les toujours irrévérencieux
Sexy Sushi, l'ex chanteur de Bloc Party Kele, le projet de Teki Latex Sound
Pellegrino, les touchants Staff Benda Bilili et finalement l'excentrique Mika
pour clôturer en couleur ces quatre jours de fête. Hip-hop, rock'n'roll, pop,
indie, folk, techno, nouvelle chanson française, punk, métal fusion, new wave,
world beat, reggae… pas mal tous les styles étaient représentés en cette 6e
édition.
Les festivaliers ont aussi amplement de quoi se
sustenter avec une bonne quinzaine de comptoirs d'alimentation variés, ce qui
est assez rare dans les festivals et qu'ici aux Ardentes ils nomment "la route
des saveurs".
Arrivé vendredi, j'ai donc manqué la première
journée du festival et la perfo des Braids, seul groupe montréalais à
l'affiche. Mes coups de coeur? Ils sont nombreux: Snoop Dogg fidèle à lui-même.
Il arrive une demi heure en retard, la foule gueule, mais une fois sur scène,
il livre la marchandise, contrairement aux inégaux Wu Tang par exemple. C'est
super slick, précis et calculé. Un vrai bon show de hip-hop, même si le hip-hop
n'est pas trop votre truc. Sexy Sushi dont la sulfureuse chanteuse topless
était quasiment sur le point de se faire arracher le pantalon par une foule de
gamins super excités quand je suis entré dans la salle. Une techno simple,
simpliste même, des paroles provos, une fille délurée, une mise en scène lo-fi,
rien n'est laissé au hasard et le groupe offrait une solide concurence au Snoop
qui était sur la grande scène extérieure au même moment. Asian Dub est toujours
aussi efficace, le poing levé et la charge en avant. Ça faisait plaisir de les
retrouver toujours aussi vindicatifs et motivés. Belle surprise aussi que ces
Junip qui, malgré un hall assez vaste et tout de même peu approprié pour leur
musique plus intime, sorte de croisement entre le Velvet, un certain folk noir
et le krautrock, ont réussi à captiver l'auditoire. Le Jim Jones Revue s'est
retrouvé à 16h30 dans un grand hall à moitié plein, ce qui n'est pas vraiment
le moment idéal pour saisir toute la puissance de ce band rock'n'roll tout de
même assez conventionnel. L'inéfable Katerine a démontré toute son ironie et
son sarcasme en donnant un concert complètement dingue, accompagné d'un groupe
solide et de trois choristes clownesques. Sur scène, les chansons un peu trop
étranges du dernier disque prennent tout leur sens dérisoire et gagnent en
puissance. On pensait bien le voir aux récentes Francos de Montréal lui! Autre belle
surprise que certains ont déjà eu l'occasion de découvrir lors du dernier FME,
le groupe français GABLé. Le trio ne ressemble à rien. Il créé son propre
univers fait de sons de toutes sortes, déconstruit une pop un peu expérimentale
sans pour autant la rendre inaccessible à l'aide de divers instruments ou
outils et rend tout ça sur scène avec une énergie et une authenticité
contagieuse. Rare de nos jours. Le vrai moment de bonheur est venu un peu plus
tôt, dans la même salle et dans un registre similaire avec les étonnants
Hoquets de Bruxelles. Composé d'un liégeois, d'un français et d'un américain,
le trio apatride propose une musique complètement patraque avec des instruments
bricolés. Armés de leurs drôles d'engins, la bande s'amuse d'une chanson à l'autre
à rendre un hommage rigolo à la Belgique. C'est fou, original et très amusant.
Les Ardentes terminées, on passe maintenant à du
lourd avec Dour. À partir du jeudi 14 juillet jusqu'au dimanche 17, je sais pas
combien de groupes et quelques 150 000 festivaliers convergeront sur ce petit
village du sud de la Belgique. On y va tête baissée!