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Transmusicales 2, 3 et fin

Galaxie en transe au Hall 3 le 3 décembre

Vendredi 2

Avant le début des hostilités au site principal des Trans, pourquoi pas un petit tour à la salle de La Cité où se retrouvaient Sallie Ford and The Sound Outside. Avec sa dégaine de bibliothécaire des années 50, la chanteuse de Portland capte l’attention mais c’est surtout sa voix particulière qu’on retient. Une voix si particulière qu’elle finit par devenir irritante apres 6 ou 7 morceaux. Son groupe, au look tout aussi nerd, assure néanmoins avec une musique proche du rockabilly sans l’être tout a fait, avec en bonus des mélanges de pop, de folk et de blues.

Après un saut au Bar en Trans où j’ai pu voir le trio psyché garage français The Feeling of Love et ensuite la fin du concert de Pat Jordache, c’était donc la première soirée au site du Parc Expo. Déjà, le trajet en bus est moins long, les navettes empruntants un chemin plus court.

C’est avec l’incroyable Colin Stetson qu’on a parti le bal, rien de moins. Le montrealais d’origine américaine est un phénomène. Seul sur scène, armé d’un saxophone basse ou d’une clarinettte, d’une flûte ou d’un cor, il arrive à pousser des sons et mélodies avec sa voix tout en soufflant dans ses instruments. L’ensemble est appuyé par des boucles rythmiques très simples et discrètes. Le résultat, bien que pas toujours facile d’accès, est légèrement comparable à de la musique circulaire. C’est unique et totalement novateur!

Toujours dans le Hall 4, le britannique Alexander Tucker n’a pas franchement épaté avec son électro. Ponctuées d’éléments bruitistes, de sonorités organiques et appuyés par des rythmiques hypnotiques, la musique de ce collaborateur des Fuck Buttons et Sun O))) ne se démarque pas tellement des autres bidouilleurs s’inscrivant dans la même école.

Le Hall 3, lui, accueillait cinq groupes au cours de la soirée dont trois qui ont suscité pas mal d’intérêt auprès du public et des journalistes présents. Le premier, Kakkmaddafakka, combo finlandais au nom imprononçable, est un joyeux collecif au sein duquel plusieurs musiciens vont et viennent, le groupe pouvant des fois atteindre 12 membres. À Rennes, la bande a livré une pop étincellante et jubilatoire, où se bousculaient rock, rap et électro.

Les néo-zélandais d’Orchestra of Spheres qui suivaient détonnaient avec leurs accoutrements excentriques, tels des Mothers of Invention du nouveau millénaire. Un beau groupe de freaks qui transforme une boîte à biscuit en guitare ou le sexomouse en marimba(!!) et vas-y que je te balance un truc pas possible où se retrouvent pêle-mêle disco psychédélique, no-wave polynésienne et free jazz foutraque.

Puis les ibères de Fuel Fandango, formés de la sexy chanteuse Nita et du producteur/DJ Ale Costa ont mis un peu de chaleur espagnole avec cet espèce de flamenco-techno improbable, funky à souhait et très sensuel! C’est un peu sur ce même registre que joue la productrice française Nekochan, qui s’inspire des rythmiques et cordes du flamenco pour meubler de temps à autre ses pulsations électro-dubstepiennes, musique qu’elle vient quelques fois ponctuer de sa jolie voix.

Trop occupé ailleurs, j’ai manqué la perfo de la britannique Hollie Cook dans l’immense Hall 9. La gamine du batteur des Sex Pistols Paul Cook et de Jennie Matthias des Belle Stars, a été élevée au punk de papa et à la pop de maman. Pourtant c’est vers le reggae qu’elle s’est dirigée, elle qui a fait ses classes au sein des Slits deuxième mouture. Différents sons de cloches pour ce concert. Certains ont fort apprécié son reggae teinté de ska et de bluebeat, les autres l’ont trouvé trop propret et formaté. On risque de se faire une idée cet été au FIJM à mon avis!

Ce soir là, le gros truc hypé, qui a attiré pas mal tous les pros et journalistes présent au point où la salle VIP où tout se beau monde se retrouve entre deux concerts était presque vide, se nommait SBTRKT. Déjà que le nom fait trop penser aux très ordinnaires MSTRKRFT et que le bonhomme, complice de Jamie XX et de James Blake, se cache derrière un masque comme les Daft Punk, disons que ça part mal comme entrée en matière. Le britannique, de son vrai nom Aaron Jerome, arrive tout de même a créer des atmosphères sexy avec la voix du chanteur Sampha et une approche discrète de la dubstep, 2-step, house et soul.

Mais le clou de la soirée était là où on ne l’attendait pas avec le dinguo Silverio. Le bidouilleur mexicain cultive l’art de la provocation et de la dérision sur scène, ce qui ajoute un brin de folie à sa mixture électro kitscho-punk. Avec sa coupe à la Ramones, sa moustache quasi hitlérienne, vêtu d’un costard qu’il retira bien vite pour se montrer torse poil et bien en chair, Silverio arrangue la foule et l’insulte à grand coup de “cabrones”, lui crache sa bière tout en lui adressant moult doigts d’honneur. Un second degré que pas tout le monde n’a pas saisi, provocant une pluie d’injures et de verres de bière. Camilo Lara de Mexican Institue of Sound me disait que le type avait déjà réussi à vider la salle alors qu’il se chargeait de la première partie du groupe mexicain, refusant ensuite de quitter la scène tant qu’une fille ne viendrait pas lui tailler une pipe. Une fois évacué des planches, il s’est mis en tête de balancer sa bière sur le groupe, bousillant une partie du matériel électronique. Mais Camilo Lara m’assure que c’est un garçon charmant… Voilà qui a bien terminé cette deuxième journée de Trans!

Trans 3

Le samedi, ultime journée du marathon Transmusicales, le site du festival affiche toujours complet. On tient encore debout malgré le peu d’heures de sommeil et les after interminables… Je vous passe les détails.

Ainsi, après un petit tour dans la salle du 4bis au centre ville de Rennes où j’ai attrapé quelques minutes du concert des espagnols de Guadalupe Plata, combo blues-rock dans la lignée des Black Keys mais peut-être encore plus porté sur sur le blues, je me suis rendu tôt sur le site du Parc Expo afin de ne pas manquer les Mexican Institute of Sound. Le groupe mexicain qu’on espérait voir au récent FIJM mais qui a dû annuler faute de visas en règle brasse habilement hip-hop, électro, rock et sonorités mexicaines, un mélange à la fois dansant et ludique. Sur scène, le leader et chanteur Camilo Lara est accompagné d’un bassiste-guitariste-claviériste-bidouilleur et d’un batteur, ce qui donne déjà un aspect plus dynamique au MIS. Programmé assez tôt, bien avant que le public ne soit assez alcolisé et réchauffé, le trio a eu du mal à faire lever la foule. Comme me l’expliquait le chanteur après le concert, le groupe a l’habitude de salles plus intimes et surtout de concerts plus tardifs! Pour rester dans le sujet, MIS prepare un nouvel album avec Matt Freeman de Rancid et un projet est en cours avec les Beastie Boys. Mais ça le groupe ne sait pas quand ça va paraitre.

Suivirent Galaxie qui étaient programmés dans le Hall 3, et tant pis pour le jeune duo Carbon Airways qui jouait en même temps et dont on dit beaucoup de bien. La bande à Olivier Langevin, dans laquelle on retrouvait Fred Fortin à la basse, a réussi a attirer l’attention de bien des gens -des gars surtout!- avec son boogie rock psyché-bluesé. Somme toute, les Galaxie se sont fort bien tirés d’affaire. En fait, ce qui semblait surprendre les français, surtout certains journalistes, c’est que le combo ose chanter en… français. Olivier Langevin, avec qui je discutais avant le spectacle, n’en revenait tout simplement pas de s’être fait poser plusieurs fois la question. Ceci dit, le groupe est bien conscient qu’un passage aux Trans pourrait leur ouvrir plusieurs portes en France et en Europe et d’après les réactions post-concert, ça semble bien s’enligner pour le band!

J’ai capté ensuite quelques minutes du groupe sud-africain Spoek Mathambo. Cette formation propose un hip-hop à la fois sombre et festif mais plutôt coloré avec danseurs et costumes sur scène, Mais surtout, Spoek Mathambo ne se limite pas aux barrière imposées par le genre en tâtant même de la cold-wave en revisitant à la sauce kwaito le She’s Lost Control de Joy Division.

Après un tour dans l’ultra bondé Hall 3 pour attraper un bout des britanniques de Janice Graham Band qui jouent un rock un peu punk, un peu brit-pop, où on sent l’influence des Clash, je me suis rendu dans la petite salle du Green Room, qui est en fait un espace délimité par de grands rideaux et où la techno sous toutes ses formes est reine, pour voir à l’oeuvre le vénézuélien Cardopusher. Breakcore, glitch, dubstep et basses dans le tapis, on le verrait bien au Mutek celui-là!

Le concert de la soirée fut sans doute celui des Holloys. Ce groupe US dans lequel on retrouve d’ex Breeders et Rye Coallition, se vautre dans un dance-punk où les influences afrobeat, électro, funk et post-punk se bousculent. Un genre de !!! ayant flashé sur LCD Soundsystem mais avec deux basses et deux batteries, des guitares et… un trompette!

Dans le Hall 9, la vedette de la soirée était le producteur français Don Rimini qui proposait pour la première fois un set live, cadeau pour les Trans. Juché en haut d’un énorme podium de plusieurs mètres, le bidouilleur a matraqué la foule très dense de beats assassins et de grooves torrides. Dancefloor killer!

Ce sont les Wolf People (comme si on avait besoin d’un autre band avec un loup dedans…) qui ont mis un terme à mes 8e Trans. Le band britannique propose un folk-rock sombre touffu et psychédélique, idéal pour descendre après la charge Rimini.

Ainsi, une fois de plus, les Trans ont pris des risques, évitant les têtes d’affiches, axant sa programmation sur la découverte. Voilà pourquoi on tient tant à s’y rendre d’une année à l’autre.

Choisir de couvrir les Trans, c’est aussi faire un peu l’impasse sur les Bars en Trans qui eux se déroulent en pleine ville. De ce “spécial Canada”, où se retrouvaient Les Breastfeeders, Pat Jordache, Leif Vollebekk, Monogrenade et Young Empires, il semblerait que ce sont les Monogrenade qui ont attiré le plus l’attention des pros et journalistes. Le groupe montréalais, qui s’était fait remarquer dernièrement au festival MaMA à Paris est de retour pour une petite tournée française et selon les dires, ça commence à sérieusement décoller pour lui en Hexagone et autour.

 Génériq en général

Maintenant, on passe du cidre au vin de Bourgogne et on entame le Génériq à Dijon qui s’échelonne du 6 au 10 décembre. Le festival, pas mal plus modeste que les Trans mais non moins captivant, est parraîné dans plusieurs villes de la région (Besançon, Belfort, Mulhouse, Baume-Les-Dames, Bâle, Pays de Montbéliard, Épinal, Kingersheim, Dole, Porrentruy) par les Eurockéennes de Belfort. Les artistes se déplacent d’une ville à l’autre sans toutefois les visiter toutes. Sur Dijon, la “Nouvelle scène canadienne” sera représentée par Duchess Says, Les Breastfeeders, Pat Jordache, Monogrenade, Leif Vollebekk, Mr Heavenly, Mark Berube, The Pack A.D. et Young Empires. Le reste de la programmation inclue entre autres le nouveau spectacle de Camille, celui de Cascadeur avec grand orchestre, le néo-zélandais Connan Mockassin, Murkage, Underground Resistance, Piano Chat en appartement, The Men, Is Tropical et j’en passe.

Une belle affiche!

Quelques photos des Trans 2011

 Les espagnols de We Are Standard le 1er décembre au Liberté en mode brit-pop dance-punk
Les espagnols de We Are Standard le 1er décembre au Liberté en mode brit-pop dance-punk

 

L’Anglo-ougandais Michael Kiwanuka se la cool douce à La Cité le 1er décembre

 

Le power trio garage français The Feeling of Love aux Bars en Trans le 2 décembre
Le power trio garage français The Feeling of Love aux Bars en Trans le 2 décembre

 

Le mexicain Silverio donne son avis aux festivaliers du Hall 9 le 2 décembre
Le mexicain Silverio donne son avis aux festivaliers du Hall 9 le 2 décembre

 

“Yo digo baila, tu dices dance”: le Mexican Institue of Sound fait groover le Hall 4 le 3 décembre

 

Galaxie en transe au Hall 3 le 3 décembre
Galaxie en transe au Hall 3 le 3 décembre