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TGV GéNéRiQ

Monogrenade au salon de l’hôtel de Vogüe
Monogrenade au salon de l’hôtel de Vogüe

Après l’abondance des Trans, le festival GéNéRiQ, qui s’échellonne entre le 1er et le 11 décembre, peut paraître bien tranquille. Si le marathon rennais propose une bonne centaine d’artistes répartis sur trois jours, le GéNéRiQ se limite à une soixantaine disséminés entre une dizaine de villes de l’Est de la France et, une nouveauté en cette cinquième édition, du Jura Suisse qui est tout près. Parraîné et mis sur pied par les Eurockéennes de Belfort et cinq salles de spectacles (le Noumatrouff de Mulhouse, la Vapeur de Dijon, la Rodia de Besançon, le Moloco de Montbéliard et La Poudrière de Belfort), le TGV GéNéRiQ est en quelque sorte l’anti-festival, le petit qui ne suit pas le grand.

La particularité de cet événement pré-hivernal est de proposer des concerts dans des lieux inusités. Appartement, péniche, église, hôtel particulier, galerie, musée, château, bibliothèque, abbaye, centre hospitalier, théâtre, patinoire, court de tennis et même un salon de coiffure peuvent recevoir des artistes dans une formule souvent intimiste.

Sortir des sentiers battus et de sa zone de confort, déstabiliser, surprendre mais en respectant au mieux le spectateur, donc en privilégiant une acoustique décente et des conditions somme toute favorable autant aux musiciens qu’aux festivaliers, voilà le mot d’ordre du GéNéRiQ.

Reçu 5 sur 5

Pour cette 5e édition, l’équipe de la programmation a une fois de plus joué l’audace et la carte découverte en proposant des artistes d’un peu partout et notamment une vitrine canadienne où Montréal était franchement à l’honneur avec les Breastfeeeders, Monogrenade, Leif Vollebekk, Pat Jordache et Mark Berube. The Pack A.D., Young Empires, Saidah Baba Talibah et le combo américano-canadien Mr. Heavenly complétaient la délégation.

Si le TGV GéNéRiQ s’étalle entre plusieurs villes, c’est surtout à Belfort, Besançon, Mulhouse et Dijon -où j’étais- que la majorité des artistes s’arrêtent et qu’on retrouve le gros de la programmation.

Cette année, Dijon a recentré ses activités sur le centre de la ville. Ainsi, la salle de la Vapeur, légèrement en périphérie et où presque tous les shows avaient lieu lors de l’édition 2010, n’a accueilli qu’un seul concert. Le volet dijonnais a donc, entre appartements privés, péniche, patinoire et salon de coiffure, l’hôtel de Vogüe pour présenter une bonne partie de la “nouvelle scène canadienne”.

Un des nombreux hôtels particuliers (pensez plutôt mini château) que compte la capitale bourguignonne, l’hôtel de Vogüe est un lieu magnifique. Ainsi, à tous les jours dès 18h, entre le 7 et le 10 décembre, le public dijonnais pouvait assister gratuitement aux concerts de deux formations canadiennes et se gaver de poutine de chez Morasse (oui, le spot mythique du FME! qui hélas a manqué de fromage après deux jours seulement).

Canada Connection

C’est à Monogrenade que revint l’honneur d’entamer la série dans un des salons du vieil hôtel, avec ses murs recouverts de vielles draperies, ses plafonds aux poutres peintes et ornés de chandeliers et son immense cheminée dans laquelle se nichait souvent la batterie. Décor baroque pour la pop orchestrale du sextuor montrealais et baroque and roll pour le blues garage de The Pack A.D. ou le yéyé punkifié des Breastfeeders. Contraste saisissant, dichotomie magique. On y a aussi vu Mark Bérubé, Young Empires, Pat Jordache, Leif Vollebekk et Mr. Heavenly, groupe au sein duquel on retrouve un Unicorns/Islands, un Man Man, un Modest Mouse et l’acteur Michael Cera qui a bien fait rêver quelques filles.

L’autre coup d’éclat du festival fut de cautionner la création d’un spectacle du français Cascadeur avec un grand orchestre. Un concept exclusif au festival pour le casse-cou avec son groupe et 14 musiciens -plus chef d’orchestre- recrutés dans les écoles de musique de la région. Cordes, ondes marthenot, cuivres, percussions, choeurs, harpe, clavier, guitare, basse batterie… L’homme casqué a revisité ses chansons, s’accompagnant plus souvent qu’autrement au piano et quelques fois à la guitare acoustique ou aux percussions. Sa voix haut perchée se voyait ainsi magnifiée par des arrangements célestes dans le décor grandiose du Grand Théâtre de Dijon. Cascadeur (Alexandre Longo), qu’on pourrait situer quelque part entre Air et Pierre Lapointe, a revisité plusieurs chansons de son premier disque, The Human Octopus, et presenté quelques nouveaux morceaux qui laissent entrevoir un coté plus pop. Le projet est ambitieux et le musicien, en cascadeur, aime prendre des risques. Mais on doit avouer que c’était un peu long et monotone. Casacadeur est beaucoup plus impressionnant en solo. Puis, vu ze vilain accent, ce ne serait pas une mauvaise idée que l’homme s’essaye au chant français.

L’endroit était aussi parfait pour le rock psychédélique et plannant du néo-zelandais Connan Mockassin et de son groupe de cinq musiciens qui étaient présentés en première partie.

Apres un délicieux repas gastronomique québécois qui en a assomé quelques un peu habitués a manger si copieusement en début d’après-midi, repas où les délégués québécois rencontraient leur confrères français et suisses, les concerts du 7 décembre ont debuté dans le coeur de la bibliothèque municipale, entre les usagers et les rayons de livres, avec la chanteuse et one woman band Mesparrow. Toute seule face à une petite foule, au beau milieu d’une vaste salle éclairée par des néons, la jeune artiste a fait résonner ses chansons minimales dans une formule quasi accapella, agrémentées de boucles de voix pré-enregistrées et de légères percussions ou alors en s’accompagnant au clavier. Un univers folk sombre et intimiste. Hélas, toutes ses chansons sont chantées en anglais avec –évidemment- un vilain accent. On en est encore à se demander pourquoi tant d’artistes francophones d’Europe refusent de chanter dans leur propre langue plutôt que d’avoir l’air ridicule en s’exprimant dans une autre qu’ils ne maîtrisent pas.

L’imposant Consortium, site multi disciplinaire récemment revampé, a été l’hôte de nombreux spectacles en fin de soirée. Duchess Says en un peu moins déjanté que d’habitude, le grunge acide et bruyant des américains de The Men, les mathématiciens pop suisses de Honey For Petzi, les rythmés vengeurs masqués de Is Tropical, le folk effervescent de John Grape et la french touch 3.0 énergique de Rafale ont trouvé écho dans cette salle un peu froide et sans doute pas encore totalement rénovée. Mais de tous ceux qui étaient programmés au Consortium, c’est surtout les vindicatifs et abrasifs Underground Resistance qui se sont fait remarquer. La formation de Détroit a balancé sa techno motor city vrombissante et ses slogans à la Public Enemy avec passion et brio. Le groupe électro-new wave britannique Battant a de son côté démontré que malgré la mort récente d’un des leaders, il était capable d’assurer la suite sans flancher.

Et tout le reste!

Puis il y a aussi ce qu’on n’a pas vu: la folk militante de la tunisienne Emel Mathlouthi, le nouveau spectacle de Camille, les sinistres anglais de Murkage qui étaient de la soirée hip-hop à la Vapeur, le dirty disco de l’américain Publicist, Piano Chat dans le salon d’un autre hôtel particulier…

En guise de bilan, le festival a démontré qu’il avait désormais sa place parmi les incontournables du circuit français. Beaucoup s’entendent pour dire qu’il s’agit là de la meilleure édition du GéNéRiQ. Les organisateurs de l’événement à Dijon semblaient aussi soulagés de voir que cette année le public a suivit. Faut dire que la neige, qui bloquait tout l’année dernière en France et ailleurs en Europe, n’a pas joué de mauvais tour! Il n’y aura sans doute jamais de foule comme dans les grandes manifestations musicales européennes dans cet anti-festival et c’est ce que désirent les organisateurs. Garder un esprit de proximité, une certaine intimité, voilà ce qui fait tout le charme du GéNéRiQ!

Cascadeur entreprend une périlleuse cascade sur les genoux avec une guitare
Cascadeur entreprend une périlleuse cascade sur les genoux avec une guitare
Les Breasts en baroque’n’roll à l’hôtel de Vogüe
Les Breasts en baroque’n’roll à l’hôtel de Vogüe

 

Mesparrow en mode studieuse à la Nef.
Mesparrow en mode studieuse à la Nef.

 

Duchess Says au Consortium.
Duchess Says au Consortium.

 

L’acteur Micheal Cera avec Mr. Heavenly.
L’acteur Michael Cera avec Mr. Heavenly.
Mr. Heavenly
Mr. Heavenly

 

L’hôtel de Vogüe
L’hôtel de Vogüe