C’est hier qu’à démarré la 24e édition du festival de Dour en Belgique. Du 12 au 15 juillet, des dizaines de milliers d’amateurs de musique en tous genres viendront se rincer les oreilles (et le gosier!). Les quelques 1350 journalistes et pros de l’industrie aussi! Sept scènes accueilleront les 230 concerts et DJ sets à l’affiche. Il va être difficile de faire des choix, comme d’hab’!
Des valeurs sures il y en a, et pour tous les goûts: Roots Manuva, Ministry, Flaming Lips, Franz Ferdinand, Bon Iver, Tiken Jah Fakoly, Busy P, Dinosaur Jr, The Pharcyde, Sébastien Tellier, Caribou, Plants & Animals, The Rapture, Little Dragon, Parov Stelar Band, Shaka Ponk, Squarepusher, Assassin, François & The Atlas Mountain, The Ex, Destroyer, St. Vincent, Napalm Death, Suicidal Tendencies, James Blake, Max Romeo, Pantha Du Prince, etc…
Et il y aura surtout pas mal de découvertes à faire. Car le festival de Dour aime prendre des risques.
Dour à cuire
Le festival de Dour a donc démarré sous un ciel prometteur, contrairement à ce que la météo annonçait… jusqu’à ce qu’il se mettre à pleuvoir en début de soirée et que l’ensemble du site se transforme en un énorme champ de boue. Mais qu’à cela ne tienne; encore une fois, les festivaliers ont fait fi du mauvais temps. Car on ne vient pas à Dour pour parader. On y vient pour la musique et l’ambiance! Bottes, imperméables et vêtements chauds qu’on se moque bien de salir. Voilà le look Dour. D’autres moins prévoyants s’inventent toutes sortes de moyens pour se protéger de la pluis et d’autres encore s’en fichent… ou sont trop “out there” pour se rendre compte qu’il pleut… Anyway.
La musique maintenant. Hier on a eu droit à quelques heureux moments, notamment du côté belge avec Dan San et son indie-folk à saveur pop à aussi suscité pas mal d’intérêt chez les pros ainsi que Montevideo avec son indie-pop dansante. Great Mountain Fire –que je n’ai pas vu- est aussi sur la liste des groupes à suivre en Belgique. Mais de tous les bands du plat pays au programme ce fut Black Box Revelation et son rock sombre de qui m’a le plus séduit. Enfin un peu de danger. Ça change de l’indie gentil et propret qui semble être la norme chez les bands belges ces dernières années. Plusieurs groupes et DJ belges seront à l’affiche jusqu’à dimanche.
Même si ils n’ont rien fait de vraiment intéressant depuis quelques temps déjà, les écossais de Franz Ferdinand ont offert un show solide et enlevé sur la grande scène en fin de soirée. Pour Caribou, les avis diffèrent. Certains ont aimé, d’autres se plaignaient du mauvais son. Disons simplement qu’on les a déjà vu dans de meilleures conditions et dans une atmosphère plus intime qui sert bien la musique du canadien et de sa bande. Les montréalais de Plants and Animals étaient mieux servis sous le chapiteau de La petite maison dans la prairie, scène plus conviviale que celle plus grande du Clubcircuit Marquee où jouait Caribou. Le trio, augmenté d’un quatrième membre sur scène, était à l’aise et la vibe de sa musique, qui demande une certaine intimité, passait bien.
Bien qu’ils soient un peu boudés par une certaine intelligentsia, la formation française Shaka Ponk présente un show hyper efficace et parfaitement adapté aux larges scènes des festivals. Oui son rock teinté de pop est assez convenu mais la bande, plutôt sexy, à le sens du spectacle, un visuel impressionant et des hooks en masse.
À partir de 22h, ce sont davantage les bidouilleurs et DJ qui ont monopolisé l’attention. Le showcase Ed Banger, avec Mickey Moonlight et ses grooves assassin, Breakbot en formule live, le grand manitou du label parisien Busy P, Sebastian et la nouvelle coqueluche Feadz a été l’événement électro de la soirée. Mais il ne faut pas passer sous silence les excellents Africa Hitech avec leurs UK garage/grime/juke tout en infra-basses vrombissantes et leurs petites touches world 2.0 (afro-beat, dancehall, dub…) qui donnent une couleur plus chaude à la mixture du duo signé sur Warp. Rone aussi ne manquait pas d’intérêt. Le parisien aujourd’hui basé à Berlin dévoile une techno plus “classique” dans la forme mais non moins captivante grâce à certains éléments empruntés à la pop. Quand à Squarepusher, son nouveau show est malade. Il sera au Piknic le 28 juillet. Be there or be carré.
Niveau découvertes, le californien Nick Waterhouse, qui ressemble à un croisement entre Buddy Holly et le type assis au premier rang à l’école, devrait rapidement attirer l’attention avec son rhythm and blues old school très américain. Seul bémol, quand on compare avec l’écurie de l’incontournable label Daptone ou la regretté Amy Winehouse, disons que c’est un peu trop sage, propre et que ça manque de soul.
Owiny Sigoma Band, protégé du DJ-producteur Gilles Perterson, c’est tout simplement génial. L’OSB, c’est la rencontre made in London de Joseph Nyamungo et Charles Okoko, originaires d’un petit village du Kenya nommé Owiny Sigoma. Un band qui détonnait complètement dans la programmation de la première journée du festival mais qui, sommes toutes, cadre parfaitement avec l’esprit de cet événement ouvert à (presque) toutes les tendances et cultures.
Ça se poursuit aujourd’hui… sous la pluie!