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Dour pour les durs

La 24e édition du festival de Dour s’est terminée tôt lundi matin dans une atmosphère de fin du monde. Ce qui était des champs où pouvaient broutter tranquillement les vaches une couple de semaines plus tôt s’était transformé en un immense marécage, une mer de boue et de vestiges de toutes sortes, portrait de la folie qui a encore une fois submergé Dour.

En quatre jour, la plaine de la Machine à feu à vu défiler quelques 148 000 festivaliers, sans compter tous les pros, journalistes, artistes et membres du festival. C’est moins que l’année dernière mais il faut comprendre que le temps était loin d’être invitant. Dame nature a abondamment fait couler ses larmes sur le site, ce qui a provoqué plusieurs petits soucis techniques et divers désagréments. Mais ce n’est ni la première et ni la dernière fois que la pluie, le froid, la boue et tout le reste s’invitent à Dour. Ça fait partie du trip. Ça vient avec le prix du billet. Ceux qui se rendent sur le site année après année le savent et s’y attendent. Sinon ça ferait longtemps qu’il n’y aurait plus personne. Comment dire, Dour on aime ou on aime pas. Y’a pas de demi-mesure. Il y a d’ailleurs une certaine fierté de participer à ce qui est considéré comme un des festivals les plus éprouvants. Mais Dour ne serait pas si populaire sans toute la musique qu’on peut y entendre. 233 groupes de partout, de tous les styles: métal, punk, garage, techno, électro, hip-hop, reggae-dub, world, indie-folk/pop/rock, etc…

Made in Belgique

Cette année, le nombre d’artistes canadiens n’était pas très élevé avec Caribou, Lunice, Plant and Animals, Datsik et Rich Aucoin, mais la scène belge était bien représentée avec pas moins de 30 formations. Il est étonnant de constater la vitalité de cette scène. Pour un si petit pays, la Belgique recèle un nombre impressionnant de groupes talentueux. Ça ne date pas d’hier remarquez. Donc cette année à Dour, on a pu apprécier entre autres le rock un peu stoner et sombre de Black Box Revelation; l’indie-pop/folk de Dans San; les BRNS, un groupe dans la lignée des Arcade Fire qui commence à connaître un certain succès en Belgique et autour et les déjantés The Experimental Tropic Blues Band qui se sont retrouvés devant une foule en délire en fin de soirée, ambiance parfaite pour leur blues punk ethylique ont mis le feu au chapiteau du Cannibal Stage en fin de soirée vendredi avec leur rock-garage sexy et sauvage.

Mentionnons aussi (le duo devenu solo) Surfing Leons, ambassadeur de la techno belge qui a eu l’ingrate tâche de clôre les festivités du samedi soir à 4h du matin dans le froid et la pluie et qui a malgré tout réussi à faire danser tout le monde.

On se souviendra de…

L'envoûtante St. Vincent
L'envoûtante St. Vincent

Quand t’as 233 groupes au programme, il est impossible de tout voir et c’est aussi assez difficile de vraiment rentrer dans l’univers de l’artiste en ne restant que 15 minutes à son concert histoire de ne pas manquer le suivant. Mais il y a des fois où on reste accroché. Ce fut le cas pour St. Vincent. Cette fille est habitée par la musique. Magnétique et fascinante. Ravissante aussi. Sur disque je ne sais pas si ça me plais tant que ça, mais sur scène, à deux pas d’elle, c’est une artiste très talentueuse qui se dévoile; sa voix pleine d’émotion, son jeu de guitare, sa façon de bouger comme un petit robot hors de contrôle…

Parov Stelar et un producteur prolifique. On ne compte plus les tracks et albums qu’il a réalisé et ses nombreuses collaborations. Là, ce chef de file de l’électro/house-swing était accompagné de son band et c’était ultra festif. Le chapiteau sous lequel il jouait était archi bondé et ça dansait de partout. La méchante ambiance qu’on aimerait bien retrouver à Montréal un jour.

The Ex avec Getatchew Mekuria
The Ex avec Getatchew Mekuria

The Ex. Les vétérans hollandais ont présenté leur nouvel album en compagnie du saxophoniste éthiopien Getatchew Mekuria et d’une section de cuivres. Mélange parfait entre punk expérimental, groove éthiopien et free jazz, le tout agrémenté d’un danseur possédé. Un grand moment de musique!

Dub Dour

À Dour, le reggae dub et les soundsystems occupent une place importante dans la programmation. Des trucs qu’on n’a jamais vu à Montréal et qu’on ne verra probablement jamais! Des noms? Max Romeo, The Abyssinians, The Skatalites, Midnite, Dub Syndicate, Cornel Campbell, Jahtari Riddim Force, The Twinkle Brothers, le Zion Gate Hi-Fi, The Dubateers, Reality Shock Soundsystem, le sound belge Unbutu, Rod Taylor et j’en passe… Et il ne faut pas oublier la Raggaravane (facebook.com/RaggaravaneSoundSystem) qui mettait la bonne vibe avec ses DJ et qui m’a encore une fois accueilli pour deux petits sets downtempo au bar du Petit-bois!

D comme découvre

Tu découvres à Dour. 233 bands, t’as pas le choix. Donc tu vas un peu au hasard ici, un peu là. Tu suis des amis qui te conseillent ceci ou cela, tu écoutes les conseils avisés du programmateur Alex Stevens ou des autres journalistes présents. Des fois tu trouves ça ennuyant ou ordinaire, mais d’autres fois c’est plutôt bien. Par exemple Poliça en voie de devenir un truc sur-hypé, le duo TNGHT formé du montréalais Lunice et de Hudson Mohawke. Le binôme donne dans le hip-hop assez dark/punk à la Death Grips mais tout en gardant un côté sexy. Un peu comme les hollandais de Dope D.O.D. qui eux n’ont rien de sexy par contre. C’est dur et violent, sorte de rencontre entre les freaks de Die Antwoord et les Death Grips encore une fois.

Le duo électro-pop français The Shoes,le duo punk juvénile américain

The Bots, le britannique Baxter Dury, fils de Ian et distilleur de pop brit justement pas prétentieuse et aux accents northern soul, les platineurs/bidouilleurs de C2C qui sortent de la sphère hip-hop/scratch pour incorporer toutes sortes de grooves jazz, soul, reggae, funk avec brio; Baroness qui flirte entre le prog, le métal, le sludge, le stoner.

Et puis il y a tous les autres qu’on connaissait déjà mais que ça faisait plaisir de revoir (ou de voir pour la première fois), je pense à la belge Selah Sue, Franz Ferdinand, Ministry (quoique ce n’est plus ce que c’était), Roots Manuva, Dinosaur Jr, Bon Iver, The Pharcyde étonnant, Chairlift aussi statique sur scène que sur disque mais bon… ça reste tout de même charmant, Little Dragon et son dance punk à la ESG, les toujours très calme Atari Teenage Riot, Marcel et son Orchestre toujours aussi colorés, Switch bien défait, The War On Drugs, François and the Atlas Mountains, Destroyer, Kurt Vile and the Violators, Rich Aucoin, Caribou, Hanni El Khatib, Suicidal Tendencies encore aussi agressifs à 50 balais, DJ Food, James Blake en DJ set, l’ iconoclaste de la pop champ gauche française Sébastien Tellier qui a fait chanter à sa grande surprise toute la salle qui connaissait par coeur les paroles de ses chansons.

La liste est longue…

L’année prochaine, le festival fêtera ses 25 ans. La programmation risque d’être encore plus imposante, le public encore plus fou et la boue aussi boueuse. Rendez-vous du 18 au 21 juillet 2013. “Douré”!

Le carburant
Le carburant

 

Camion évacuant l'eau d'une partie du site
Camion évacuant l'eau d'une partie du site

 

La Raggaravane du bar du Petit bois avec DJ Pat the Brat
La Raggaravane du bar du Petit bois avec DJ Pat the Brat