Dour, c’est une toute petite ville de Belgique wallone près de la frontière française. En temps normal, il y a près de 17 000 personnes qui y vivent. Durant le festival qui investit les champs des alentours – nommés la plaine de la Machine à feu- durant 4 jours en juillet -, la population est aisément décuplée. Avec les 183 000 entrées enregistrées cette année, on n’a pas de mal à y croire.
Tous ces festivaliers logent pour la plupart sur les terrains de camping qui bordent le site, dans des gîtes ou dans les hôtels des alentours (il n’y en a pas à Dour). En 2012, 35 000 campeurs ont planté leurs tentes. Une ville dans la ville.
Quart de siècle
Cette année, du 18 au 21 juillet, le festival soufflait ses 25 bougies – en même temps que les Francofolies de Spa qui fêtaient leur 20e – avec une programmation de circonstance. 15 900 minutes de concerts dont 1000 minutes de concert en plus pour la 25ème édition, 265 heures de musique, 233 concerts et DJ Sets, 150 artistes programmés venant sur la Plaine de la Machine à Feu pour la première fois et 44 autres qui y sont déjà passés, plus le nouveau jardin Dub Corner où se retrouvaient quelques sound systems, un stack d’amplis et de nombreux amateurs de dub-reggae durant l’après-midi.
Bref, toutes les raisons du monde pour y aller avec en plus Yeah Yeah Yeahs, Wu Tang Clan, The Horrors, Nicole Willis, Charles Bradley, Action Bronson, Modeselektor, Mark Lanegan, Four Tet, Pelican, Converge, Mujeres, Diiv, Petite Noir, Devendra Banhart, Mikky Blanco, Lee Scratch Perry, U-Roy, Jurassic 5, We Are Enfant Terrible, Zebra Katz, Booka Shade, Flume, Gilles Peterson, Venetian Snares, Adrian Sherwood, Dub Invaders, Raggasonic, Smashing Pumpkins, Kate Nash, Thee Oh Sees, Two Gallants, Alborosie, DJ Shadow, Youssoupha, Prince Alla, Mungo’s HiFi, Bush Chemist, The Bug, The Experimental Tropic Blues Band, Biohazard, Aba Shanti et des tonnes d’autres pour vous convaincre….
On va comment à Dour? Si tu pars de Montréal, le mieux est d’y aller en avion. Tu arrives à l’aéroport de Bruxelles, tu prends le train direct pour Mons et de là on tu te démerdes pour te rendre à Dour, à une vingtaine de minutes en bagnole.
Dour c’est dur
Dour est un un gros festival (le plus important de Wallonie) qui a la réputation d’être un des plus difficiles au monde. Quand ce n’est pas la pluie qui engloutit tout et la mer de boue dans laquelle tout le monde patauge, glisse, perd ses bottes et se salit, c’est la poussière qui s’infiltre partout, dans tes vêtements, ton sac, ta bouche, ton nez, tes bronches… Et comme cette année il a fait très beau et très chaud à Dour, c’est la poussière qu’on a mordue. Un nuage quasi permanent sur tout le site.
Donc à Dour, tu n’y vas pas pour te reposer. Tu y vas pour l’expérience, tu y vas parce que tu sais que ce ne sera pas facile mais qu’au final tu en sortiras peut-être en petits morceaux, crevé, vidé par le manque de sommeil (qui dort à Dour?) mais totalement exalté.
Les plus
Le groupe le plus excitant : The Oh Sees. 60 minutes de garage-pop-punk-psyché bien nerveux et énergique. Réaction unanime auprès du public : ça brassait fort.
Le groupe le plus mal habillé : Diiv. Le look grunge en pire. Heureusement ça s’arrête au look parce que le band, avec son indie-rock froid, teinté à la Cure des premiers jours, est excellent!
Le groupe le plus bruyant : Dans ce registre, la compétition était féroce parmi tous ceux qui étaient programmés sur la scène Cannibal Stage. On dit Converge?
Le groupe le plus loufoque : Alek et les Japonaises. Un peu d’absurde, ça fait du bien au sein d’une programmation aussi sérieuse. Lui, Belge, à la guitare et elle, Japonaise, aux petites machines et autres bidules. Ensemble, ils concoctent une électro-pop délirante où se mêlent dérision, absurdités, chorégraphies, en français, anglais, allemand, espagnol, portugais et japonais évidemment.
Le groupe le plus belge : Ils étaient nombreux cette année, plus d’une trentaine sur les quatre jours du festival. En fait, il y a toujours à Dour plusieurs représentants de la scène belge. Mais comme cette 25e édition culminait le 21 juillet avec la fête nationale ET le couronnement d’un nouveau roi, les organisateurs du festival on eu la bonne idée de mettre sur pied un Belgian National Day Party. Pour cet événement unique, le trio The Experimental Tropic Blues Band a créé un concert-concept intitulé The Belgians où la Belgique est à l’honneur. Appuyés par une série d’images d’archives et à un certain moment d’une fanfare, le groupe vêtu aux couleurs du drapeau belge (un en noir, l’autre en jaune et le dernier en rouge) a présenté ses nouvelles compositions traitants toutes de sujets “belges”. Suivirent ensuite les Alec et les Japonaises, Salut c’est cool et l’hurluberlu Hugo Freegow. Une chouette image de la Belgique capotée.
L’artiste le plus hypé: Flume. Le jeune Australien mélange électro, dubstep, soul, hip hop de manière déconcertante. Gros buzz en Europe (à Montréal le 9 septembre).
L’artiste le plus sinistre : Mark Lanegan et son groupe. Tous en noir, lumières rouges leur donnant une image spectrale, l’ex Screaming Trees et sa bande de losers magnifiques ont livré un set de rock au ton blues sombre et prenant.
L’artiste le plus excentrique : Ex aequo Mykki Blanco et Lee Scratch Perry avec ERM. Le premier est fou fou, le deuxième est fou, point barre. L’un fait du rap, l’autre est une légende du reggae-dub mais les deux sont amusants et divertissants à souhait.
Le band le plus has been : Smashing Pumpkins. C’est lourd, les solos de guitare sont trop nombreux et pénibles, ça n’a pas changé avec le temps et en plus ça vieillit mal.
Les plus montréalais : Cette année, ça se limitait à Half Moon Run et Suuns. Deux groupes de plus en plus populaires en Europe. La réception fut d’ailleurs excellente pour l’un comme pour l’autre.
La découverte: Mujeres. Les quatre espagnols de Barcelone ne réinventent pas la roue ni le rock garage mais ça roche et ça roule avec plein de fun et d’énergie et c’est vraiment tout ce qu’on demande!