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Osheagaga

La 8e édition d’Osheaga s’est terminée dimanche dans la joie et l’allégresse. Trois belles journées de musique et de bonnes vibrations, que demander de plus.

Je ne m’embarquerai pas dans un retour exhaustif de j’ai vu ceci ou cela et ça c’était bien et ça c’était moins bien. Pour ça, faut tout voir et c’est impossible. Non, ce que je retiens niveau performance à Osheaga se résume à un nom: Charles Bradley. À chaque fois que je vois ce vétéran de la soul et du gros funk sale, j’en ai des frissons. La première fois, c’était dans un festival en Belgique il y a quelques années. J’ai été soufflé. James Brown réincarné. J’ai su par la suite qu’il s’était foulé la cheville pendant le concert. Personne ne s’en est rendu compte. Il a continué comme si de rien n’était. The show must go on. Et, encore une fois ce week-end, Bradley a tout donné. Y’a pas un seul artiste présent à Osheaga qui lui arrive à la cheville niveau authenticité et performance, pas un. Ce gars vit la musique, il la respire et la transpire. Dimanche après-midi sur une des grandes scènes du festival, il a subjugué la foule, plus radieux que le soleil qui était là pour le show, brillant de mille feux, charmeur, coquin, animal, intense. Armé de cuivres, du B-3 indispensable, guitare-basse-batterie, son groupe au nom bien mérité –The Extraordinaires- assurait le groove tout du long. Le vrai son vintage. Du coup, on se serait cru 40 ans en arrière, quelque part dans un de ces festivals des 60’s. Géant.

Oui, New Order, Holy Ghost en formation complète, Hot Chip (un de leurs derniers concerts?), Gramatik, Azari & III, Tricky (ben oui, moi j’aime bien ce performer imprévisible, malsain et toujours un peu dangereux) et The Heavy c’était bien aussi, mais pas autant que Charles. Bon, je n’était pas là vendredi faut dire…

Déception? Une seule: The Breeders. Rien à voir avec le groupe qui était au même endroit en 94 lors de la seule visite du Lollapalooza. La bande des soeurs Deal était maladroit, sloppy, mou. The needle and the damage done? Peut-être.

Osheaga lave plus blanc

On pourrait critiquer la programmation pour être trop ceci et pas assez cela. Par contre, on doit admettre que le festival se tire plutôt bien d’affaire en présentant une affiche variée et assez équilibrée, capable de plaire à un peu tout le monde (sauf à des journalistes snobs qui ont tout vu!). Avec ses trois journées à guichets fermés, la preuve est là.

Mais en dehors de la programmation, ce qui compte dans un festival de cet ampleur et même des plus modestes, c’est l’ambiance qui y règne. Mis à part la fois où Eminem y jouait, je ne me souviens pas d’avoir ressenti de mauvaises vibes à Osheaga. Les gens sont accueillants, souriants, cool. Je dirais même que ça manque un peu de folie. Tout est à sa place, bien ordonné, la sécurité est omniprésente, c’est propre, safe, sage. Si on compare à des événements tels que Roskilde, Melt, Pukkelpop, Dour, La Route du Rock et plusieurs autres de par le monde, Osheaga fait bonne figure mais demeure très conservateur et strict. La différence? Osheaga est un festival urbain. L’encadrement est différent, les restrictions plus nombreuses. Ça commence à 13h et ça doit être terminé pour 23h. La plupart des festivals que je couvre en Europe ne se terminent pas avant 5h du matin. Quand on y vient, on y reste. Le public campe à côté. Le trip est total. Je vous laisse imaginer l’état des gens et des lieux ensuite. Mais tout ça reste néanmoins très convivial. Osheaga ne sera jamais aussi fou que certains de ces festivals mais il deviendra certainement –si il ne l’est pas déjà- un incontournable du circuit festival-estival à grand déploiement.

On a beau dire que Montréal ne manque pas de festival, ça nous prenait un événement tel qu’Osheaga. Et ce qui est indéniable, c’est que l’organisation prend note des lacunes, des ratés, des erreurs et s’arrange pour faire mieux d’une édition à l’autre. L’aménagement du site, l’accueil du public, des pros et musiciens, le souci du détail, un choix de plus en plus vaste pour ce qui est de l’alimentation sur les lieux… Les efforts déployés depuis deux ans pour améliorer l’expérience Osheaga sont impressionnants. Gageons que la direction du festival n’en restera pas là et que l’année prochaine, ce sera encore plus épatant.