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EM15

EM15
Afin de célébrer leurs 15 ans respectifs, les festivals “frènnemis” se sont rapprochés comme jamais eux qui, de leurs débuts sur un canevas assez similaire, s’étaient lentement éloignés l’un de l’autre, Elektra s’orientant davantage vers les arts numériques et Mutek restant sur sa base musicale sans trop changer de cap.
Une excellente idée qui a permis de réaliser que ces deux événements sont désormais complémentaires, l’un ne tirant plus dans les pattes de l’autre.

Les festivaliers ont donc eu la possibilité de goûter aux deux formules pour le prix d’une seule (sans compter les nombreuses activités/concerts gratuits). Ainsi, l’amateur d’Elektra a pu ajouter un volet plus ludique à son expérience et celui de Mutek a pu se plonger davantage dans l’univers en constante évolution qu’est celui des créations numériques. Ceux qui ne jurent que par l’un ou l’autre de ces événements n’ont pas été brimés non plus. Bref, tout le monde était content et ça s’est bien vu aux guichets.
Le nombre de journalistes, partenaires, artistes et festivaliers de partout à travers le monde était tout aussi impressionnant, avec une fréquentation totale battant tous les records. Voici quelques chiffres qui permettent de se faire une petite idée.

Plus de 52 000 visites au total.
15 000 visites pour les programmes réguliers payants.
22 000 entrées pour la série extérieure gratuite EXPERIENCE, sur l’Esplanade de la Place des Arts.
3 300 entrées pour le volet gratuit PLAY au MAC.
1 700 visites au Centre Phi pour le volet professionnel gratuit.
9 300 personnes au Piknic Électronik le dimanche, record historique pour le Piknic qui d’ailleurs a dû revoir impérativement ses capacités d’accueil vu la popularité exponentielle que connait l’événement. Les files d’attente seront beaucoup moins longues et la piste de danse élargie nous dit-on.

D’un naturel peu expansif, le directeur de Mutek Alain Mongeau semblait d’ailleurs assez rayonnant lorsque croisé à la performance de Ricardo Villalobos. De son propre aveu, il admettait que c’était probablement la première édition où il était “pas mal satisfait”!

15 ans mets-en!
Pour cette édition anniversaire, le public s’est vu proposer de nouveaux lieux de diffusion, dont le MAC qui a en quelque sorte remplacé la SAT, et le théâtre Impérial au lieu du Monument-National. Quand aux événements gratuits en fin d’après-midi sur l’Esplanande de la PdA, ce fut un succès assez considérable, notamment lorsque Richie Hawtin s’y est produit. Sa performance surprise, annoncée 24h plus tôt a de loin été la plus populaire du volet Experience. Le Métropolis a de son côté encore une fois été l’hôte des concerts de fin de soirée, mis à part le spectacle de clôture avec d’un côté The Mole, Mike Shannon et Guillaume & The Coutu-Dumont, trois canadiens expatriés à Berlin (et quelle fin de festival!), et de l’autre l’américain Nicolas Jaar qui présentait son long (et parfois décousu) concert improvisé au centre d’une des salles du MAC. Concert qui affichait complet mais qui pourtant ne semblait pas l’être. Plusieurs ont dû déclarer forfait après 6 jours de EM15 intensifs faut croire.

Au Métropolis les jeudi, vendredi et samedi soirs, on a pu voir que Mutek attirait désormais une clientèle que ceux qui suivent le festival depuis le début ne voyaient que les samedis lors de la classique soirée qui s’étire jusqu’à 6am. Pour cette édition 2014, un public de clubbeurs s’est mêlé à celui du Mutek, démontrant d’une certaine façon que la musique électronique s’est réellement démocratisée, rejoignant désormais une faune plus branchée EDM. Souhaitons que cette faune délaisse maintenant les Tiestö et DeadMaus de ce monde et s’intéresse davantage à ce que font les Hawtin, Villalobos et autres Audion. C’est peut-être eux le EDM de demain! Évidemment, il s’en trouvent plusieurs pour dire que le Métropolis c’est trop grand, que le son est mauvais, que ce n’est pas très convivial… reste que c’est la seule salle du secteur capable d’accueillir un plus grand nombre de festivaliers et l’organisation de Mutek n’a d’autres choix que de faire avec.
Ceci dit, malgré ceci ou cela et quelques irritants propore à tous festivals, le Mutek (puisque nous parlons musique dans ce blog, nous laisserons aux spécialistes des arts visuels/numériques du journal le soin de commenter le volet Elektra), Mutek est probablement le festival le plus stimulant à Montréal, celui où une édition ne ressemble jamais vraiment à l’autre, ou le langage de la musique électronique se dévoile sans fard, souvent dans sa plus simple expression, celle d’aujourd’hui et de demain. Un festival où on fait la part belle aux artistes locaux, aux expérimentateurs et où la nostalgie n’a pas sa place. Bref, un festival où la proposition artistique est réellement audacieuse, rigoureuse et jamais trop complaisante.