BloguesSonique rendez-vous

Retour sur Iggy Pop à Heavy Montréal

Iggy-Pat

Avec Keith Richards, Iggy Pop est le mauvais exemple à donner aux enfants pour prouver que la drogue c’est pas bon pour la santé. À 68 ans bien sonnés, l’Iguane – désormais sobre – a toujours le feu sacré. Ok, il boite, il a l’air bien ravagé (et ravageur) mais ça ne l’empêche de se mettre torse nu dès le premier morceau lui qui n’a plus le physique de sa folle jeunesse. Mais outre la présence sur scène, à grands renforts, d’insultes, de poses lascives, de crachats sur les caméras et de lancés de pieds de micros, la voix est toujours là, contrairement aux derniers albums où on a l’impression d’entendre son dentier racler le micro…

Samedi dernier au festival Heavy Montréal, Iggy à démontré en 75 minutes qu’il a encore sa place sur scène. Accompagné d’un groupe capable d’assurer sans trop sonner comme des musiciens de studios – on est loin de l’époque où l’Iguane tournait en compagnie de killers tels que Clem Burke, Ivan Kral, Glen Matlock, Brian James et même Bowie -, c’était mieux que ce à quoi on se serait attendu.

On se souvient tous de la claque stoogienne au même endroit (mais pas le même festival) il y a quelques années et, comme à l’époque, on avait des doutes. L’Iguane est vieux, tous ses disques solos depuis la moitié des années 80 sont nuls, les Stooges sont presque tous morts… qu’est-ce qu’Iggy Pop va nous sortir comme set list? Et bien monsieur Osterberg nous a tous eu au tournant (en admettant qu’on n’ait pas au préalable jeté un œil sur la set list de ses précédents concerts) avec un mélange parfait de quelques incontournables du premier Stooges (No Fun et I Wanna Be Your Dog en tout début de concert, puis 1969) et presque uniquement des chansons de ses trois premiers -et de loin meilleurs- albums solos. Des morceaux qu’Iggy Pop n’avait pas joués en concert depuis des années pour certains d’entre eux. De ses deux premiers, les excellents The Idiot et Lust For Life (conçus en 1977 avec l’aide colossale de David Bowie), Iggy a a repris Sister Midnight, Nightclubbing, la difficile Mass Production, Funtime, The Passenger, Lust For Life, Sixteen, Some Weird Sin et Neighborhood Threat puis de New Values (réalisé par James Williamson en 1979) on a eu droit à I’m Bored et Five Foot One. Seules Skull Ring (de l’album du même titre) et Real Wild Child de Blah Blah Blah se sont glissées dans ce set list quasi irréprochable. On aurait aimé entendre New Values et Dum Dum Boys mais ce serait se plaindre le ventre plein.

Chapeau bas donc à Heavy Montréal qui a eu l’esprit assez large pour programmer Iggy Pop (et Rocket From The Crypt!). Les métalleux n’ont pas aimé? Tant pis pour eux. Anyway, Iggy n’a jamais été crédible quand il flirtait avec le genre. Pour plusieurs il est et restera le godfather du punk.