BloguesParathéâtre

TOUS À LA RUE

La semaine prochaine, le tout nouveau regroupement québécois des arts de la rue tient son assemblée constitutive. Une heureuse initiative à laquelle ce groupe, mené pour l'instant par les animateurs des compagnies Toxique Trottoir, Mobile Home et Zal Théâtre, réfléchissent depuis près de quatre ans. L'an dernier, le contexte du 400e de Québec les a soudés et motivés davantage à aller de l'avant; il y avait là énormément de théâtre de rue et d'occasions de se connaître et se rencontrer.

Si vous avez voyagé en France ces dernières années, vous avez peut-être constaté que le théâtre de rue a le vent dans les voiles là-bas. Si le phénomène est récent -on en identifie les premiers balbutiements au début des années 80- il a connu chez nos cousins une progression spectaculaire. Les compagnies de théâtre de rue (ou plus largement d'arts de la rue) sont de plus en plus nombreuses, diversifiées, souvent avant-gardistes et ambitieuses, mais surtout, les compagnies les plus reconnues sont maintenant largement subventionnées et massivement diffusées. Pour ceux que ça intrigue, sachez que le FTA présente cette année Transports Exceptionnels, de la compagnie Beau Geste, une chorégraphie qui mettra en scène un danseur et une pelle mécanique sur le site du Vieux-Port de Montréal. Un exemple de ce qui se fait de mieux en la matière. Voyez par vous mêmes.

 

Chez nous, le théâtre de rue, entendu au sens large de manifestation artistique intégrée au tissu urbain et non seulement de représentation théâtrale en plein-air, est loin d'avoir atteint son plein potentiel. Marie Hélène Côté, de la compagnie Toxique Trottoir, me précise que «ce ne sont pas les compagnies qui manquent, ni les propositions intéressantes et diversifiées. Mais c'est encore une forme naissante, qui se développe ici depuis seulement dix ou quinze ans, et qui souffre cruellement de manque de financement et d'attention.» Rares, en effet, sont les compagnies subventionnées dans cet univers où le salaire des artistes est souvent seulement constitué des contributions volontaires des spectateurs. Bon, il y en a des plus chanceux, qui se sont alliés à de fortunées entreprises culturelles. C'est le cas de l'Ange à deux têtes, compagnie dirigée par Frédéric Teyssier, qui sans le soutien financier du festival Juste pour Rire, n'aurait jamais pu présenter l'été dernier son adaptation du Coriolan de Shakespeare sur une immense structure scénique dans un stationnement de la rue Ontario. Mais c'est sans doute là un cas d'exception.

La création du regroupement québécois des arts de la rue (RAR) arrive donc à point nommé. «Ça va nous permettre d'avoir un meilleur poids politique, précise Côté, de créer des occasions de réseautage et, à long terme, des structures de diffusion, des bourses, des événements.»

Plus d'infos sur le blogue du RAR.  Les artistes de rue (toutes disciplines confondues) peuvent aussi y remplir le formulaire d'inscription à l'assemblée constitutive.