Le Devoir nous apprenait cette semaine (dans l'édition du mardi 17 mars) que « les artistes laissés en plan par Ottawa se tournent vers Québec » pour combler le manque de financement pour leurs tournées. La nouvelle n'a rien d'étonnant, je vous le concède. Et même si, début février, la ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, appuyait bec et ongles les revendications des artistes, elle « répète aujourd'hui que son gouvernement ne palliera pas le vide laissé par le désengagement fédéral. » Les optimistes espéraient peut-être, malgré tout, une surprise dans le budget que le gouvernement dépose aujourd'hui. C'est peine perdue.
Dans ce contexte, les artistes n'ont d'autre choix que d'annuler leurs tournées ou demander la charité. Ce serait lancer un message erroné au gouvernement en lui faisant croire que les artistes n'ont pas besoin de lui. Les campagnes de financement privé, si elles sont parfois miraculeuses, sont toujours longues et ardues. Surtout, elles grugent du temps de création.
La comédienne et performeuse Dulcinée Langfelder s'est pourtant lancée dans cette vaste tâche afin de présenter sa pièce Victoria au Harare International Festival of the Arts (HIFA) à Harare, capitale du Zimbabwe. Dans un communiqué diffusé il y a quelques semaines, elle sollicitait la générosité des Québécois. « Mener de telles campagnes de levées de fonds à l'année, y précisait-elle, avec des objectifs financiers dix fois supérieurs, serait invivable pour la vaste majorité des organismes artistiques. » La preuve, c'est que trois semaines après la première publication de sa requête, les donateurs ne sont pas encore tout à fait au rendez-vous. Voici ce qu'elle en dit :
« La réponse à notre communiqué n'a pas été énorme. Chaque fois que le projet est mentionné dans les médias, nous recevons un petit don ou deux. Je suis très émue par chaque don, et ça s'accumule! Simultanément, nous essayons de réduire les coûts: en imaginant une version très réduite du spectacle au niveau du décor, en amenant une personne de moins – entraînant un Zimbabwéen sur place pour faire le show avec nous et en coupant dans nos perdiems et même peut-être nos salaires. Après tous nos efforts, on ne peut plus faire demi tour! Je vais continuer à médiatiser le projet; c'est, d'une part, pour faire comprendre aux contribuables que la tournée internationale peut être carrément de la diplomatie, utile, humanitaire et une façon d'améliorer les relations humaines à grande échelle – et d'autre part, pour démontrer l'absurdité de solliciter des dons à chaque fois qu'on a une tournée à financer! »
Une histoire à suivre.
Si vous vous sentez généreux, les dons peuvent être faits par chèque au nom de Dulcinée Langfelder & Cie ou par Internet en accédant au www.dulci-langfelder.org. La compagnie émettra des reçus pour fins d'impôts pour tout don de 20 $ ou plus.
Une bonne nouvelle, pour faire changement. Simon Boulerice , jeune auteur, acteur et metteur en scène