Deux suggestions pour vous qui adorez fréquenter les petites salles et encourager les efforts de jeunes compagnies et de l'underground théâtral.
Pascal Contamine a adapté le roman de Romain Gary et l'interprète avec beaucoup de sincérité. Une occasion de jouir de son indéniable talent d'acteur en toute intimité. Après tout, il n'a rien joué depuis près de 5 ans et ne remontera probablement pas sur les planches d'ici la prochaine grosse création de sa compagnie (date indéterminée). Le spectacle est modeste, d'une grande simplicité, mais Contamine livre une lecture sensible de cette œuvre pour laquelle il se passionne furieusement. Sa maîtrise du rythme et sa grande polyvalence valent le détour. Dommage que les projections vidéo, à travers lesquelles s'expriment timidement l'intérêt de l'acteur pour la culture est-asiatique, ne soient pas plus élaborées. Ça me semblait une piste fort intéressante pour aborder le thème de l'urbanité contemporaine; une occasion de tisser des liens entre les sensibilités urbaines d'ici et de là-bas et de mettre en relief l'universalité de l'œuvre.
2. ALICE SUREXPOSÉE, à l'Espace Geordie
Troisième production du Théâtre Camera Obscura, jeune compagnie interdisciplinaire qui s'attarde ici à la figure d'Alice au pays des merveilles de manière subversive et transgressive. C'est une Alice toute autre que celle du conte de fées qui apparaît sur scène, démultipliée dans les corps excessifs et souvent dénudés de six acteurs-danseurs (2 hommes, 4 femmes). Explosifs et dévoués, ils s'acharnent à exposer les sévices imposés à l'image de la Femme dans une société visiblement de plus en plus déshumanisée. Tableaux visuels aux limites du trash, textes de l'actrice porno Sasha Grey, chorégraphies violentes, corps fébriles et moments de romantisme exacerbé ou d'ambiguïté sexuelle qui rappellent un certain Dave St-Pierre : un ensemble un peu inégal qui n'est toutefois pas sans intérêt. Le spectacle, plutôt sombre, s'éparpille un peu trop mais reste ouvert à de multiples interprétations et crie son désespoir à tous vents. On ne peut pas vraiment faire comme si on n'entendait rien. La mise en scène est de Patrice Tremblay.
Bon weekend théâtre. Vous me direz ce que vous en avez pensé.
Alice aux Pays des Merveilles?
Je dois avouer avoir été déçu… je m’attendais à quelque chose de léger.. ayant invité ma nièce… nous avons eu un choc culturel!!!!
Malgré tout, je dois dire j’ai bien aimé.
La comparaison avec St-Pierre n’est pas bête… mais un peu facile je trouve.
Et si Alice n’était pas réellement Alice. Et si Alice… c’était un prétexte… complètement autre chose?
Monsieur Guignon, j’ai bien écrit que c’était une Alice « subversive et transgressive. Toute autre que celle du conte de fées ». Quel âge a-t-elle votre nièce ?? Ça m’inquiète un peu…
Monsieur Couture,
soyez sans crainte, ma nièce est une adulte avertie et fougueuse.
Mon commentaire ne voulait qu’illuminer mon message.
Soyez sans crainte que les mots transgressive et subversive ont bien été rendus et que j’y ai mordu jusqu’au plus profond de mon âme.
Je crois tout de même qu’il manquait de références directes et que le roman de Lewis Caroll n’est devenu qu’un grand prétexte.
Cela dit j’ai apprécié l’effort de nuances… bien que monotones à quelques reprises. À force de vouloir provoquer, ne devenons-nous pas comme ce petit jaune d’oeuf dans sa paroi fragile: nous cassons.!