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Le TNM lance sa saison 2009-2010

Dévoilée en grande pompe par une Lorraine Pintal tout à fait rayonnante, la saison 2009-2010 du TNM flirte avec le grandiose. «On veut faire un pied-de-nez au gouvernement fédéral», a affirmé la directrice artistique en évoquant le caractère ambitieux de certaines productions. Grosses distributions, gros noms à la mise en scène, coproduction avec la France et contemporanéité assumée sont les partis pris de la saison. Il y a bien sûr un Molière, et même un Shakespeare inédit sur nos scènes, mais 4 spectacles sur 6 mettent de l'avant des paroles plus récentes. On ne s'en plaindra pas.

Ça débute avec Blackbird, de l'auteur écossais David Harrower, une production du Théâtre des Célestins de Lyon, avec qui le TNM s'est découvert des affinités artistiques. L'institution française a d'ailleurs déjà reçu cette année La Déraison d'amour, une production du TNM que nous verrons à Montréal en juin prochain, avec Marie Tifo dans le rôle de Marie de l'Incarnation. Le texte de Harrower, auteur méconnu chez nous mais rapidement traduit et acclamé par les Français, est décrit par la metteure en scène Claudia Stavinsky comme un thriller coup de poing qui aborde la question délicate de la pédophilie. Toujours avide de découvrir de nouveaux auteurs anglais de la vague «in-yer-face», le public lyonnais et parisien y aurait vu «une interrogation de la notion de consentement». La pièce met en scène deux acteurs fortement associés au cinéma, Maurice Bénichou et Léa Drucker.

En octobre, René-Richard Cyr s'attaque à Shakespeare pour la toute première fois de sa carrière avec Beaucoup de bruit pour rien, une comédie qui n'a vraisemblablement jamais été montée en français au Québec.  Il a adapté l'œuvre pour en faire une version courte (autour d'une heure quarante) et promet d'en faire un spectacle heureux et festif, d'en accentuer l'intelligence et l'esprit, mais aussi de «laisser les portes ouvertes», autrement dit de se permettre de grandes libertés. Il a confié les rôles de Bénédict et Béatrice, ces amoureux inavoués, à David Savard et Macha Limonchik, lesquels seront accompagnés d'une imposante distribution mettant en vedette entre autres Benoît McGinnis, Vincent-Guillaume Otis, Robert Lalonde et Eric Robidoux.

Surprise : Evelyne de la Chenelière est en résidence d'écriture au TNM depuis déjà deux ans et verra sa nouvelle création mise en scène par sa complice Alice Ronfard. L'imposture met en scène une écrivaine et ses démêlés avec la fiction et la réalité. «Qui raconte quoi ? Comment inventer le regard de l'autre?», sont autant de questions posées par ce texte qui constitue, sans qu'elle ne l'ait vraiment voulu, le dernier morceau d'une sorte de trilogie comprenant aussi Désordre Public et Les Pieds des Anges (présentement à l'affiche de l'Espace Go). Pour accompagner le duo Chenelière/Ronfard, un autre duo tout aussi inspirant prendra les planches d'assaut : Francis Ducharme et Violette Chauveau. David Boutin, Sophie Cadieux, Yves Soutière et Erwin Weche sont aussi de la distribution.

Après les fêtes, Benoît Brière fait son entrée au TNM en tant que metteur en scène avec Le Bourgeois Gentilhomme, comédie moliéresque dans laquelle il avait joué le rôle principal il y a bientôt 15 ans sous la direction de Denise Filiatrault. Il n'y aura rien de moins que 21 acteurs, danseurs et musiciens sur scène. «Je ne désire pas en faire une actualisation, précise-t-il, ce sera d'époque et j'ai envie que Molière nous donne l'occasion de célébrer le jeu et la comédie.» Guy Jodoin s'éclatera donc sur scène dans le rôle de Monsieur Jourdain, avec Nathalie Mallette, Sylvie Léonard, Stéphane Breton, Denis Mercier, Alain Zouvi et plusieurs autres.

Suivra Huis Clos, de Jean-Paul Sartre, que Lorraine Pintal met en scène avec grande joie. «C'est un rêve de jeunesse», confie-t-elle en insistant sur la richesse du thème de l'enfermement et de la folie qu'elle cherche à interroger plus particulièrement. La pièce marque le grand retour sur scène de Pascale Bussières, l'enfant chérie des cinéastes québécois. Elle partagera la scène avec Patrice Robitaille, Julie Le Breton et Sébastien Dodge. L'histoire de trois personnages se retrouvant coincés dans la même chambre pour l'éternité, constituant à eux seuls «la parfaite machine à se faire souffrir les uns les autres.»

De l'existentialisme sartrien, on passera à la pataphysique : la dernière pièce de la saison est un collage de textes de Boris Vian, dans une mise en scène de Carl Béchard. «Et Vian! Dans la gueule, explique Béchard, est une charge anti-belliciste s'articulant autour de la pièce Le Goûter des Généraux, mais puisant dans des nouvelles, des poèmes et des lettres de pataphysique écrites par Vian à différents moments de sa vie.» Pierre Lebeau endosse l'uniforme du général James Audubon Wilson de la Pétardière Frenouillou. Emmanuel Bilodeau, Bénédicte Décary, Sylvie Drapeau, Pascale Montpetit, Marie-Ève Beaulieu et cinq autres acteurs seront à ses côtés.

Pour tous les détails, voir le site web du TNM.

Sur la photo, de gauche à droite et de bas en haut: Guy Jodoin, Benoît Brière, Pierre Lebeau, David Boutin, Violette Chauveau, Pascale Bussières et Macha Limonchick. Crédit: Yves Renaud