En juin, le Théâtre Porte-Parole présentera la première partie de Sexy Béton, un spectacle visant à démystifier l'effondrement du Viaduc de la Concorde. Oui, oui, vous avez bien lu. La directrice artistique de cette compagnie bilingue qui oeuvre dans le théâtre documentaire, Annabel Soutar, s'est mis en tête de rendre «sexy» la problématique des infrastructures au Québec. Pas mal comme défi!
C'est un éditorial d'Alain Dubuc, dans la Presse, qui a allumé la metteure en scène (vous pouvez le lire ici). Le problème des infrastructures n'est pas assez sexy pour intéresser la populace, disait en substance l'éditorialiste, réagissant à l'indifférence générale devant le « vaste projet de travaux d'infrastructures annoncé par le gouvernement Charest».
Il n'en fallait pas plus pour stimuler l'équipe de Porte Parole, qui y a vu un symptôme du règne de la pensée à court terme dans nos sphères politiques et s'est demandé pourquoi diable on en est arrivé là. L'objectif, c'est de raconter l'effondrement sans la langue de bois et la rigidité du discours médiatique, pour en faire un portrait humain, émotif, et même humoristique. «Les gens accusent le théâtre documentaire d'être trop didactique, remarque Soutar. Je crois que c'est exactement le contraire, et je veux pouvoir aborder des problématiques sociales comme on se raconte une bonne histoire, de manière tout à fait limpide.»
Et il se trouve que derrière le fracas de l'effondrement se cachaient quantité d'histoires intrigantes : des histoires de corruption et de secrets bien gardés. Depuis les débuts du projet, Annabel Soutar et la dramaturge Carole Fréchette ont entre autres rencontré des témoins de l'effondrement, se sont entretenus avec le président de la commission d'enquête sur l'effondrement, Pierre-Marc Johnson et le président de l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec, Michel Gagnon, ainsi qu'avec quelques ingénieurs du gouvernement qui hésitent à lui dévoiler des informations-clé. Mais Soutar cherche aussi à établir un dialogue avec ses futurs spectateurs, par l'entremise du groupe facebook Sexy Béton (que vous trouverez en cliquant ici). «On veut avoir une idée de ce que le public connaît de la situation et ce qu'ils ont à dire là-dessus, explique Soutar.»
Les témoins de l'événement sont aussi les bienvenus sur le groupe. Porte-Parole a également mis en ligne un blogue sur le sujet. Envie de vous joindre à la discussion ?
Sur la photo: Carole Fréchette et Annabel Soutar en pleine séance de travail