Julie Martel et Virginie Laganière sont des artistes en arts visuels et médiatiques, qui ont toutes deux fait quelques incursions dans les sphères musicales, et qui ne vivent pas de leur art. Mais qui a dit qu'avoir un emploi de subsistance était un frein à la création ? Dans leur cas, travailler à temps partiel à l'UQAM fut bénéfique: ça leur a permis de se rencontrer, de jumeler leurs univers artistiques et de fonder le duo The Maconik Majesties. Le résultat: K35, une étrange «prestation musicale» à cheval entre le bruitage et la mélodie. Et non une performance sonore comme l'indique le programme du OFFTA. «On était un peu déçues de se voir attribuer l'étiquette de performeuses, explique Julie Martel, parce que vraiment, ce qu'on fait, c'est avant tout du son. C'est plus proche de la musique expérimentale que de la performance, ça demande une qualité d'écoute chez le spectateur car certaines sonorités sont très subtiles. Avec un certain souci pour la mélodie, on a entre autres intégré du clavier et des percussions électroniques.»
N'empêche que leur proposition a un petit côté théâtral, ou disons, scénographique. Elles se cachent derrière des stores verticaux, sur pied, dans lesquelles elles ont dissimulé des micros contact (petits micros qui captent les sons et les vibrations des objets ou des matériaux). De la manipulation des stores émerge une symphonie de bruitages hétéroclites, de quoi créer un véritable effet d'«étrangeté». À cela, elles ajoutent toutes sortes d'autres bruits, pré-enregistrés ou joués en direct sur un pad de percussion. Une machinerie assez artisanale, en somme, mais qui devrait faire son effet.
Quand on demande à Julie si elles veulent aussi créer une expérience visuelle ou sensorielle, elle hésite. «C'est certain que notre installation et la manière dont on l'utilise vont laisser croire qu'il y a un souci esthétique derrière tout ça. Mais c'est un hasard, ce n'est pas notre objectif premier. Reste que le fait qu'on soit cachées derrière des stores, ça évoque pour nous l'idée de la clandestinité. Pour travailler sur ce projet, on a squatté un local, ou plutôt une sorte de mezzanine juchée entre deux studios de télévision, dans le secret et l'interdit (photos). C'était aussi une manière de subvertir notre lieu de travail, de se l'approprier et le refaçonner.»
Performance ou pas, ça intéresse le spectateur de théâtre que je suis. K35 ne sera présenté qu'un soir, le vendredi 22 mai à 22h au Théâtre d'Aujourd'hui, en programme double avec Duets: Wish you were here, une pièce dansée des chorégraphes Andrew Tay, Sasha Kleinplatz, Thea Patterson et Annabelle Savard, où est examinée «la fragilité de la correspondance entre deux corps ainsi que le défi d'établir un lien avec l'autre», à travers une série de duos.