Not Waterproof-l'érosion d'un corps erroné, le spectacle-performance de Julie-Andrée T., se présente comme une sorte de parcours, une trajectoire dans laquelle le corps de la performeuse entre en contact avec la matière (essentiellement de l'eau et de la gouache) et l'investit dans un esprit de communion et/ou de confrontation. Quoiqu'il soit hasardeux de définir trop précisément l'objet. La série d'actions à laquelle se soumet Julie-Andrée T. ne semble en effet répondre à aucune logique prédéfinie, ni à une intention précise, autre que celle de faire dévier le corps de sa route quotidienne et en ressentir les effets physiques et psychiques. Cela, autant pour elle que pour le spectateur, invité à recevoir le spectacle comme une expérience personnelle et à y trouver son propre chemin. Ou à admirer les morceaux comme des tableaux, des images offertes à la sensibilité et l'interprétation de chacun. Images fortes, il va sans dire. Pour plusieurs, le spectacle évoquera sans doute un monde onirique, pour d'autres, il rappellera, à quelques distorsion près, la performance sportive.
Voyez que je n'ose pas trop me mouiller. Or, il me semble qu'il ne serait pas pertinent de porter un véritable jugement sur ce spectacle, ou de le cantonner à une perspective trop étroite. Quoi qu'il en soit, l'artiste se joue aussi des codes de la représentation théâtrale, en choisissant le rapport frontal et en accordant une énorme place à l'éclairage et l'environnement sonore. Les éclairages de Jean Jauvin brisent régulièrement le quatrième mur et agissent parfois comme des électrochocs, réveillant le spectateur et l'empêchant de sombrer dans la passivité. Sinon, la lumière se fait atmosphérique, comme d'ailleurs l'environnement sonore de Laurent Maslé. La performeuse, lorsqu'elle s'adresse au public en début de spectacle, reprend d'ailleurs le principe théâtral de l'adresse au spectateur, non sans une certaine arrogance, et surtout dans un esprit de transgression.
Pour le reste, je préfère vous renvoyer à cette analyse du philosophe Jean-Ernest Joos, publiée dans le magazine Spirale. Et à ce segment de l'excellente émission Vous êtes Ici de Radio-Canada, où Julie-Andrée T. parle de son travail à Patrick Masbourian.
Il y a encore une représentation ce soir, et la performeuse présente aussi, toujours dans le cadre du Festival Trans-Amériques, un autre spectacle, Rouge, les mardis et mercredis 2 et 3 juin.