BloguesParathéâtre

OFFTA: Les passages de Catherine Djaczman

Dimanche à 19h, pour une seule représentation, la comédienne Catherine Djaczman monte sur scène pour dévoiler son premier texte, Passages, dans une mise en lecture de Marcel Pomerlo. Ce texte a été chaudement accueilli au dernier festival de théâtre de l'Assomption (FAIT) et à Vue sur la relève. Le OFFTA nous permet de s'y abandonner à nouveau, pour une dernière fois avant qu'il ne soit produit par la toute nouvelle compagnie de la comédienne, le Théâtre Nu, en octobre prochain à l'Espace Go.

Je me suis entretenu brièvement avec l'auteure et comédienne. Voici des bribes de notre conversation.

«Je me questionne sur les origines et la manière dont elles nous définissent et nous constituent, ou même déterminent nos comportements quotidiens. Dans mon cas, d'un côté, j'ai un grand-père juif polonais, qui a survécu aux camps nazis et dont l'histoire est ponctuée par des morts et des tragédies. Et du côté maternel, ma mère est québécoise, née dans un rang à l'Association, dans une famille de quatorze enfants, tous en vie. C'est ce contraste entre la vie et la mort qui m'a d'abord intéressée; j'ai voulu voir quelles traces ça laissait en moi. Lesquels de mes comportements suis-je en train d'emprunter à mes ancêtres, quelle part de mon patrimoine génétique me traverse ?»

«Ce questionnement-là est aussi relié à une quête de sacré. J'ai étudié pendant deux ans dans une école privée dédiée aux rites de passage, on y réapprend à construire des rites de passage signifiants. Je ressentais un vide au moment de traverser les étapes importantes de la vie. De l'adolescence à l'âge adulte ou à travers le deuil par exemple, il me semble qu'il n'y a plus de rites sociaux pour faciliter les transitions. L'ossature de la pièce est donc inspirée d'un rite initiatique amérindien, qui me fournit une structure dans laquelle j'insère mes propres questionnements, mon propre rite de passage. Plus la pièce avance, plus elle se libère de la structure de base, mais le rite amérindien était un très beau prétexte à déployer le récit de ma quête personnelle. Et à voyager à travers mon histoire et celle de mes ancêtres, de la Pologne jusqu'à l'Annonciation.»

«J'écris dans une langue contrastée, parfois très poétique, parfois très crue. J'incarne différentes facettes de moi-même et différents personnages de ma famille, ce qui nécessitait une écriture très variée. C'est aussi rempli de dérision. Je plonge dans la quête tout en me moquant de ma trop grande motivation à tout savoir et tout comprendre.»

«L'objectif, c'est aussi de créer une forme très intime. Peut-on, en allant très loin dans l'intimité, toucher à l'universel et réveiller des questionnements fondamentaux sur la vie et la mort, de même qu'évoquer des images fortes et universelles, les camps de concentration par exemple. C'est un monologue, mais j'avais aussi envie d'une forte théâtralité, de créer un lien particulier, poétique, avec le spectateur.»

Jetez un œil au site web du Théâtre Nu pour en savoir plus. Il y a aussi un court extrait vidéo.