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FTA et OFFTA 2009: Mon bilan

Déjà 3 jours que le Festival Trans-Amériques est terminé, comme d'ailleurs le OFFTA, qui a mis un terme à ses activités une journée plus tôt. Et déjà, l'heure des bilans est venue; les deux événements ont diffusé à grands coups d'enthousiasme leurs bilans respectifs. «Des chiffres concluants», titrait mon collègue Christian Saint-Pierre à propos du bilan du FTA, alors que du côté du OFF, on peut lire que l'événement a fracassé «des records d'assistance».

Je me suis tu depuis quelques jours, pour prendre un peu de repos après cet éreintant marathon théâtral, mais si vous permettez, je vous propose aussi mon bilan, selon la charmante formule Approuvé/Réprouvé. (Merci à Xavier K. Richard, de P45, qui orchestre chaque semaine l'une de ces savoureuses compilations et m'a ainsi donné envie de le copier. Je peux d'ailleurs me vanter d'avoir un jour fait partie de la fameuse liste des approuvés. Oui monsieur.)

Alors, dans le désordre (FTA et OFFTA mélangés), voici la chose :

APPROUVÉ

  • FTA: La pièce Rambo Solo, du Nature Theatre of Oklahoma (New York). Personne ne l'avait vue venir, mais l'expérience s'est avérée totalement jouissive. «Une forme fragmentée et démultipliée qui se déploie à l'infini», ai-je écrit sur ce blogue. Super découverte.
  • FTA: Même chose pour le Theatro en El Blanco de Santiago (Chili), qui débarquait avec deux pièces, Neva et Diciembre. Je n'ai vu que la deuxième, mais c'est assez pour me convaincre d'accorder dorénavant plus d'intérêt au «nouveau théâtre chilien». Du théâtre fortement politique mais néanmoins intimiste et centré sur le jeu des acteurs, tout à fait époustouflants de vérité, de contrôle et de sensibilité.
  • OFFTA: La formule programme double, qui permet aux spectateurs de voir consécutivement deux spectacles de disciplines différentes, et pour le même modique prix. Ça aide aussi à remplir les salles en pigeant dans un plus grand bassin de public: pas fou du tout comme idée! Mais surtout, le principe est tout à fait en accord avec le parti-pris interdisciplinaire du festival.
  • FTA : La présence de gros noms européens tant attendus. On ne dira jamais assez à quel point il fait bon de se heurter à la création étrangère: un luxe qu'on ne se paie pas assez souvent à Montréal. Pippo Delbono n'a pas déçu avec Questo Buio Feroce, une pièce d'une grande beauté, d'un lyrisme quasi éperdu et pourtant magnifiquement dosé. Jan Fabre, avec l'Orgie de la tolérance, a aussi frappé dans le mille.
  • OFFTA: Merci à la relève de nous prouver que le théâtre et la danse peuvent être résolument humoristiques sans sombrer dans la médiocrité. Je pense au Théatre Sans Domicile Fixe et à sa pièce Pour en finir avec Alexis Martin, comme à Marie Béland et ses hilarantes chorégraphies dans Dieu ne t'a pas créé juste pour danser.
  • FTA: La mise en scène d'Une fête pour Boris par Denis Marleau, encore une fois extrêmement précise et pertinente. Très heureux d'avoir été parmi les premiers à voir ce spectacle qui fera assurément un tabac à Avignon cet été (j'y serai et je vous en reparlerai).
  • OFFTA: L'ambiance très festive du festival dans son ensemble, à commencer par l'appropriation du hall d'entrée du Théâtre d'Aujourd'hui. Aller au théâtre sans trop de décorum, ça fait parfois beaucoup de bien.
  • FTA: La fenêtre ouverte sur le théâtre d'Europe de l'Est, grâce aux créations d'Alvis Hermanis et Bélà Pinter, tous deux en visite à Montréal pour la première fois.
  • OFFTA: Le site web. Beaucoup plus facile à consulter que l'an dernier, et surtout continuellement mis à jour. On pouvait y voir rapidement les photos des spectacles qu'on a ratés ou ceux qu'on a savourés, histoire de prendre le pouls de l'événement dans son ensemble.
  • FTA: La grande qualité des textes des programmes de soirée. C'est le genre de choses auxquelles je suis particulièrement sensible. Et de ce côté-là, le FTA fait du très bon boulot. Concis, précis, juste assez analytique et écrit avec style, par des rédacteurs aguerris.

RÉPROUVÉ

  • FTA: De manière générale, le festival ne m'a pas semblé aussi virulent que ses deux précédentes éditions. Même si on y a vu des spectacles de grande qualité, aucune pièce n'avait la théâtralité exacerbée d'un Seagull Play de Enrique Diaz (vu l'an dernier) ou l'étrangeté assourdissante d'un Hey Girl de Castellucci (vu il y a deux ans), ni même l'inventivité d'un Mnémopark de Stefan Kaegi (également il y a deux ans). Notons aussi qu'il serait temps d'inviter à Montréal certains metteurs en scène majeurs qui ne passent jamais ou presque jamais par chez-nous: Rodrigo Garcia, Ivo Van Hove, Thomas Ostermeier ou Mathias Langhoff pour n'en nommer que quelques-uns.
  • OFFTA : Les horaires des spectacles, pas toujours complémentaires à ceux du FTA. Je veux bien que le OFF développe son identité propre, mais tout de même, il gagnerait sûrement du public et de l'attention médiatique en programmant uniquement des spectacles en après-midi et en fin de soirée.
  • FTA: Quelques déceptions chez les créateurs québécois. Douleur Exquise, dans une mise en scène de Brigitte Haentjens, n'aura pas soulevé les passions, ni d'ailleurs Gestes Impies, du Théâtre de la Pire Espèce. Reste plus qu'à attendre les reprises de ces deux pièces au Quat'Sous et à l'Espace Libre, en version revue et corrigée.
  • FTA: Le manque d'attention accordé aux partys du Quartier Général. Tout bon festival se doit d'attirer les foules à son lieu de célébrations et s'assurer que l'ambiance y est électrisante. J'ai raté, semble-t-il, les meilleures soirées au QG, mais quand j'y étais, il ne s'y passait pas grand-chose et le lieu se vidait rapidement. Pourquoi pas un dj de renom ou un band de la scène locale chaque soir pour mettre le feu aux poudres ? Un peu plus de publicité ne ferait pas de tort non plus: plusieurs festivaliers ignorent complètement l'existence du QG et ses partys quotidiens.

Et vous ? Quel bilan faites-vous de votre expérience de festivalier ? Des joies et des déceptions à partager ?