Je vous balance une dernière critique du Fringe, que je n'aurai malheureusement plus le temps de fréquenter d'ici dimanche. Vous trouverez toutefois, dans le compte-rendu critique que je publie aujourd'hui, des commentaires sur Under the radar et Teen Sleuth & the Freed Cyborg Choir, deux spectacles anglophones qui valent assurément le détour. Mes collègues du Hour vous parlent aussi du second sur leur blogue, que je vous invite à consulter de long en large – ils sont bien plus assidus que moi.
Critique :
LE DÉSIR ATTRAPPÉ PAR LA QUEUE
Tiens donc, Pablo Picasso a écrit une pièce de théâtre? Ceux qui ont suivi les spectacles des premières années du Théâtre Ubu de Denis Marleau le savent; le metteur en scène a monté en 1985 un collage de cette pièce et d'autres écrits surréalistes. Mais pour les autres, l'existence de ce texte constituera peut-être une surprise. Et toute une. Un truc injouable, d'une grande poésie, à grands coups de métaphores gastronomiques, de sensualité brûlante et d'envolées lyriques et baroques. Difficile d'assimiler d'un seul coup cette fable dont plusieurs passages ont été rédigés selon le principe de l'écriture automatique. En 1941, Paris est sous le joug de l'occupation. Gros-Pied fait la cour à La Tarte, sous le regard de huit autres personnages qui ont froid et faim. Leur appétit n'a pas d'égal, ils ont soif de sexe, de bouffe et de chaleur. Un joli bordel que la mise en scène de Véronick Raymond matérialise par une multiplicité de formes, misant avant tout sur l'image et le corps, puis sur un jeu contrasté, où les sensations et le relief des mots priment sur l'émotion ou l'intellect. À cela s'ajoutent des projections d'œuvres picturales et photographiques (par le concepteur Pierre Guillaume), nous invitant à promener l'œil et chercher des liens, en plus d'une scénographie de chariots et de panneaux métalliques roulants, dont la perspective est sans cesse modifiée. Il y a même quelques odeurs et émanations culinaires pour ajouter à la sensorialité de la chose. Le point de vue est multiple, ce qui a le mérite de déployer l'œuvre dans ses multiples tonalités et de dévoiler ses multiples réseaux de sens. On pourrait s'y perdre, et la surcharge n'est pas toujours maîtrisée, mais il y a tout de même là une certaine unité esthétique, une ligne directrice bien visible dans le choix des couleurs et des textures: le tout est définitivement charnel. Il faudra certainement retravailler certains passages pour les rendre plus organiques, améliorer certaines transitions dans lesquelles les images se superposent trop vite pour qu'on ne les attrappe, mais franchement il y a là une démarche digne d'intérêt. Vous pouvez encore voir ce spectacle les vendredi 19, samedi 20 et dimanche 21 juin au Cabaret Juste Pour Rire.
Je m'arrête là, mais je vous suggère de continuer à déambuler d'une scène à l'autre. On ne sait jamais trop à quoi s'attendre au Fringe, mais cette année aura été, dans mon cas, l'occasion de quelques étonnantes découvertes. Par voie de communiqué, hier, le festival rappelait aussi la tenue d'événements spéciaux gratuits, comme le Piknic Electronik spécial Fringe, suivi d'une bataille d'oreillers sur la Main, ou la Course Drag (une course à obstacles dont les concurrentes sont des drag queens professionnelles, animée par Mado Lamothe). Courez-y, l'ambiance est bonne dans les rues du Plateau en temps de Fringe.
Oui en effet, un spectacle tout en image, toute en impression, tout un délire, tout un monde de beauté, d’horreur presque animale… comme si nous étions dans la tête du penseur, de l’auteur… de la créatrice du ce spectacle : Véronique Raymond!
Courrez vite acheter vos billets et quittez notre monde l’espace d’un instant pour entrer dans cette univers …pour le moins intriguant !
Je connais bien ce texte pour l’avoir lu souvent et vu : Par Denis Marleau ici, en France et aussi en Allemagne.
Alors je me dois de mentionner le jeu de madame Brigitte Pogonat (fabuleuse) et de mr. Stefan Perreault (solide et touchant) sans qui, je serais sorti de la salle. Je suis surpris que vous ayez omis de les mentionner. Les gens qui sortaient de la salle parlaient plus de ces deux acteurs que du spectacle.
Ce spectacle avait plus l’allure d’un spectacle sans direction et sans but que d’une oeuvre qui peut devenir claire et limpide avec de l’imagination et une direction approfondie.
… Votre commentaire me fait réfléchir. Étant plus plus sensible au visuel , Il est vrai que j’en ai oublié de parler des comédiens… oui bravo aux comédiens …comédiennes…
beaucoup de puissance … dans le jeux. Beaucoup de contraste… ca me donnait envie d’être la. Souvent quand le jeu nous accroche cela donne envie d’être à « sa place » …. enfin pour moi en tout cas…
C’est un spectacle qui est un « working progress » comme se plait à dire Véronique Raymond la metteur en scène(J’espère que je suis pas trompé dans l’appellation). Un spectacle qui va évoluer, prendre en force et beauté, après le Fringe et en dehors des impératifs de présentation du Festival(temps de montage, démontage … etc.
Pour ce qui est de la direction ou du but… est-besoin d’en avoir? L’artiste a-t-il un but dans sa création? Doit-il y avoir un début et ..une fin? S’il est écrit la-haut, sur le grand rouleau, que c’est oui alors, c’est oui! Mais s’il est écrit la-haut que c’est non alors c’est non! … Savons-nous ce qui est écrit la-haut … ? moi non … Je le saurai sans doute un jour…. (pas trop tôt j’espère)
En tout ce spectacle ne laisse pas indifférent!
oups… manque quelques mots…
A vous de les replacer. il – cas … et peut-être d’autres…
Bonne soirée ou bon matin… ou encore bon après-midi… en tout cas bon spectacle!
Le spectace allait-il dans une seule direction ? Certainement pas, mais en mon sens, les multiples directions empruntées se rencontraient à plusieurs moments. À mon avis il y avait bel et bien un dialogue entre l’image, le jeu, l’éclairage, les trajectoires des corps dans l’espace, ou du moins une invitation à y chercher des liens et du sens. Rien de bien constant, mais j’ai tout de même senti le souci de cohérence. De quoi nous laisser imaginer le mieux pour la suite – car ce spectacle, comme plusieurs productions du Fringe, est assurément le fruit d’une première étape de travail. Cela dit, peut-être qu’une connaissance plus approfondie du texte me l’aurait fait voir autrement. L’effervescence du Fringe et le nombre de spectacles vus en peu de temps ne me permet pas ce genre de préparation. Il faut considérer les commentaires critiques de ce blogue comme ce qu’ils sont: des réflexions sérieuses mais spontanées.