Les Français adorent Denis Marleau. La précision et la rigueur de ses mises en scène font toujours un tabac ici, et cette année ne fait pas exception à la règle. Il avait triomphé à Avignon en 1995 avec sa lecture de Maîtres Anciens, de Thomas Bernhard, et son regard sur Une fête pour Boris, texte de jeunesse de l'auteur autrichien, fait le même effet, la surprise en moins. Car le succès de Marleau n'étonne personne ici; c'était pour ainsi dire une chose attendue, comme une retrouvaille nourrie d'espoir. Surtout que les critiques français, qui s'étaient régalés comme tout le monde de ses hypnotiques projections de visages sur masques dans Les Aveugles en 2002, savaient qu'ils assisteraient au retour de cette technologie dans le troisième acte d'Une fête pour Boris.
Et qu'en disent-ils? Une «apparition stupéfiante», écrit Emmanuelle Bouchez, de Télérama. Plus bavarde, la journaliste Fabienne Darge (Le Monde) parle avec grande justesse d'«un mélange de réalisme et d'étrangeté absolument fascinant. Et c'est assez vertigineux, ajoute-t-elle, qu'est-ce qu'un personnage? Un acteur? Qu'est-ce qu'un individu?». On ne saurait mieux dire.
Et puis, surtout, il y a la grande Christiane Pasquier, recevant à Avignon comme à Montréal les éloges qu'elle mérite. Le Figaro l'a trouvée «remarquable et musicale». Et Jean-Pierre Bourcier, de Rue du théâtre, d'ajouter que «cette fête pour Boris, travail abouti, intelligent, est porté par une extraordinaire Christiane Pasquier dont la parole, quasi incessante, ne bute jamais sur la moindre virgule.»
La pièce sillonnera la France dans les prochains mois. Heureusement que le festival Trans-Amériques nous a présenté ce petit bijou en première mondiale à Montréal en mai dernier, car le spectacle ne repassera pas sur nos scènes avant février.
°°Philippe Couture est invité au festival d’Avignon avec le soutien de l’Office franco-québécois pour la jeunesse.