A Avignon, les représentations de la trilogie de Wajdi Mouawad (Littoral, Incendies et Forêts), sont terminées depuis quatre jours. Pendant que l'équipe du Nowy Teatr de Krzysztof Warlikowski s'apprête à investir la scène de la Cour d'Honneur du Palais des Papes, les comédiens de Wajdi se reposent et reprennent doucement contact avec la réalité. J'ai demandé à Emmanuel Schwartz, fidèle collaborateur de Mouawad, interprète du rôle principal de Littoral et de plusieurs personnages de Forêts, de me parler de son expérience sur cette mythique scène.
Voici ce qu'il m'a répondu:
Nous avons passé la nuit, il fait jour. Nous, les passeurs des mots de Wajdi, avons passé notre temps à questionner ce passage, de la nuit au jour et du jour à la nuit, pourquoi passer autant de temps sur une scène, pourquoi passer par la cour d'honneur, pourquoi ce passage obligé pour marquer de mots le passage de Wajdi dans le paysage. Parce que ça fait du bien, parce que les mots passés fabriquent du sens pour le présent, parce que les spectateurs passants nous le rappellent tous les jours depuis, parce que nous avons passé le test du public et le public a passé le nôtre, parce que le passage est important, essentiel et que nous ne l'oublierons jamais. Promesse tenue, passage accompli.
Et il ajoute que "c'est peut-être un peu intense, mais on est là-dedans ces temps-ci". Expérience vibrante et intense, on n'en doute pas.
Crédit photo: Thibault Baron
°°Philippe Couture est invité au festival d’Avignon avec le soutien de l’Office franco-québécois pour la jeunesse.