En cette fin de festival dans les rues d'Avignon, le chaos s'amenuise et la ville retrouve doucement son vrai visage. On entend un peu moins l'accent québécois dans les cafés ou les salles de spectacle; la plupart des artistes, diffuseurs et journalistes de chez-nous sont partis depuis quelques jours. Mais sur la rue Thiers, dans un petit théâtre nommé Atelier 44, une jeune troupe de Québec joue encore Les Feluettes de Michel-Marc Bouchard. Seule compagnie québécoise à se produire dans le OFF Avignon, le Théâtre Nacéo propose une mise en scène honnête, très respectueuse du texte et de ses grands débordements émotifs, portée par des acteurs (français et québécois) au jeu inégal mais sincère. Une bonne manière pour le public français de découvrir ou redécouvrir ce texte-phare du répertoire québécois, dans une version scénique épurée, artisanale et parfois maladroite, à la bonne franquette. Il y a aussi là un acteur dont le nom est à retenir: Denis Harvey, très nuancé dans le rôle de Simon. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l'article de Josiane Desloges, du Soleil, qui les a rencontrés au début du festival.
Sur la photo: Axel Arnaud dans le rôle de Vallier de Tilly
D'autres auteurs québécois sont présents dans le OFF, bien sûr, comme Suzanne Lebeau, Carole Fréchette et Jean-Rock Gaudrault, mais mon attention s'est plutôt portée sur une production d'une compagnie d'Annecy, le Théâtre du Lac, qui a choisi de porter à la scène un roman de Jean-François Beauchemin, Le Jour des Corneilles. On ne peut qu'applaudir l'idée, tant la langue de Beauchemin est théâtrale et se prête à merveille à la musique vocale. La pièce est très sobre, pour laisser toute la place à l'acteur (Raphaël Simonet). Il y a là un important travail sur la musicalité de la langue et la profondeur de la voix, avec de puissants et déroutants chants de gorge. Ca donne le goût de se plonger dans le roman, publié aux Allusifs.
°°Philippe Couture est invité au festival d’Avignon avec le soutien de l’Office franco-québécois pour la jeunesse.