Lu ce weekend sur La clique du plateau :
«Soyons clair: on aime bien le journal Voir, mais nous dans
le journal quand on arrive à la section théâtre, ben on tourne la page. Donc
là, quand on entend parler de théâtre à la télé c'est long pas à peu près!»
Misère !
C'est dit un peu crûment, mais c'est bel et bien ce que
pensent une bonne partie des jeunes adultes montréalais (et sûrement ceux de Québec et d'ailleurs), même les plus
assoiffés de culture. On les rencontre dans les concerts, dans les expositions. Ils se précipitent sur le nouveau
Beigbeder et courent au cinéma pour voir le nouveau Almodovar. Mais ils ne
vont pas au théâtre. Trop ringard, trop bourgeois, trop lourd, trop exigeant,
ou que sais-je encore ?
J'exagère un peu, mais à peine. Le milieu théâtral ne s'en
plaint pas trop, après tout les salles sont relativement pleines. Mais il
suffit de parler avec quelques artistes de la relève pour sentir que le malaise
existe. Justin Laramée, du Théâtre Qui Va Là, le disait récemment dans une
causerie sur l'avenir du théâtre québécois: «Les gens cultivés, les
jeunes adultes à l'affût de l'ébullition, ceux qui courent les expos et sont
branchés sur la création contemporaine, ils ne vont pas au théâtre. Je ne sais
pas pourquoi, mais c'est vraiment un art qui ne les intéresse pas.»
Je suis moi-même très critique envers le théâtre québécois,
qui manque définitivement de moyens pour exploser et rayonner à sa juste
valeur, et manque aussi parfois d'audace et d'exigence envers lui-même. Mais il
s'y produit pourtant très souvent des miracles. Alors je m'explique mal cette mauvaise
réputation. Ça me désespère, à vrai dire.
Les gens de la Clique du Plateau peuvent peut-être nous
expliquer, avec des arguments plus fouillés, il est où le problème du théâtre
québécois ? Je serais preneur.
Misère disait-il!
S’il s’abonne au théatre, à celui qui à le plus de moyens, et oui car c’est toujours une question d’argent, c’est certain qu’il se prépare à voir du théatre… bourgeois ou même traditionnel. Peut-être pourrait-il essayer de voir et écouter du théatre dit de la relève pour faire changement.
Les jeunes adultes à l’affût de l’ébullition, qui n’a rien à avoir avec le fait qu’ils sont cultivés ou non, cherchent toujours à visiter l’expo d’un artiste émergeant… voir un film étranger…
Ça serai peut-être un idée de voir le théatre du même oeil…
p
Fréquentant régulièrement les théâtres de Québec, l’assistance ne me semble pas composée que de têtes blanches. Il y a bien sûr les étudiants, qui y viennent pour leur cours de théâtre, mais aussi d’autres jeunes par simple intérêt probablement. Et le prix du billet demeure un peu plus élevé qu’une entrée de cinéma, mais si peu, pour la qualité de cet art.
C’est une question de culture et de société. Très tôt, les enfants sont encouragés à aimer la musique et la danse. On les encourage à apprécier la peinture, le dessin, le chant, le cinéma et les livres. On ne les emmène pas au théâtre, on ne les encourage pas à aller au théâtre. Si les parents inculquaient le plaisir du théâtre à leurs enfants, l’opinion de la société se transformerait au fil du temps. À cause des ses racines, le théâtre a souvent été considéré comme un art bourgeois, mais depuis qu’il a évolué, il est loin de l’être. Le Quat’Sous ou la Licorne sont loin d’être des théâtres bourgeois et conventionnels! Deux billets pour étudiant à La licorne peuvent coûter 17$ ce qui équivaut à 2 billets de cinéma avec le trio de maïs soufflé et la boisson gazeuse.
Certes, certains théâtres coûtent plus cher, mais le manque d’intérêt est une question de culture et de société.
Je confirme l’impression de monsieur Serge Lefrançois pour ce qui est de l’âge des spectateurs. Je fréquente les théâtres à Montréal depuis de nombreuses années et en général le public est soit d’âge moyen ou la salle pleine d’étudiants. J’ai vécu cette expérience des têtes blanches à une seule reprise et c’était à l’occasion d’un spectacle d’opéra: j’étais le plus jeune. Certains spectacles ne faisaient pas salle comble cependant mais le prix demandé est raisonnable si on pense aux abonnements ou encore à la carte première. Le peu d’intérêt pour la critique des pièces de théâtre ou de danse moderne semble se confirmer si je me fie à la fréquentation de mes textes: le « tournage » de page se fait aussi virtuellement. Je laisse cependant les spectateurs se recréer comme ils le désirent en fonction de leur goût.
Z'en avez certainement entendu jaser cet été: "Ils ont bu trop de fantômes" se joue aux