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Prix de la critique: qu’en pensez-vous?

L'Association québécoise des critiques de théâtre, présidée par mon collègue de Voir Christian Saint-Pierre, annonçait hier les lauréats des prix de la critique pour la saison théâtrale 2008-2009. À Montréal, la pièce BOB, de René-Daniel Dubois dans une mise en scène de René-Richard Cyr, a récolté les honneurs, alors que les collègues de Québec ont couronné le parcours théâtral Où tu vas quand tu dors en marchant..? de Frédéric Dubois.

Je ne vous cacherai pas que les délibérations des critiques montréalais ont été houleuses et que, malgré un nombre de votes très élevé en faveur de Bob, les défenseurs du Complexe de Thénardier (Théâtre Ubu-Denis Marleau), ont vivement fait entendre leurs voix. Il est vrai que le spectacle de Marleau était rempli de qualités et qu'on y jouissait encore une fois de sa très fine et très précise direction d'acteurs, comme de l'interprétation fulgurante de Christiane Pasquier, nous donnant à voir et entendre le texte de José Pliya dans ses multiples couches de sens. Mais Bob, ce texte foisonnant, romantique, fougueux et totalement ancré dans le tissu social, a séduit les critiques par sa diversité, sa pertinence, son engagement, sa manière toute singulière de questionner la théâtralité et l'énergie frémissante de ses jeunes acteurs (Benoît McGinnis et Etienne Pilon). Il a remporté la palme malgré les quelques bémols reconnus par tous, en particulier l'utilisation déficiente de la vidéo. Un choix déchirant.

Je n'étais pas aux délibérations des critiques de Québec, mais je parie que les discussions ont été tout aussi douloureuses. Comment renoncer à souligner l'extrême pertinence et l'intelligence de la mise en scène de Martin Faucher de l'Asile de la pureté de Claude Gauvreau? Il y avait là une vraie relecture de l'œuvre, et un séduisant pari esthétique. Je n'ai pas vu Où tu vas quand tu dors en marchant…?, mais les critiques de la Vieille Capitale y ont reconnu un louable effort de démocratisation de l'art et un rafraîchissant désir d'amener le théâtre vers le monde.

Comme quoi on adore quand le théâtre nous parle de notre société et interroge la collectivité que nous formons. Qu'en pensez-vous? D'accord ou non avec les choix de l'AQCT ?