Avez-vous lu le dossier sur la dramaturgie québécoise dans La Presse de samedi dernier ? À lire ici.
En gros, on y affirme que le théâtre québécois, jadis inexistant, est aujourd'hui sur une lancée. Et ce, en s'appuyant sur des montagnes de chiffres: augmentation constante du nombre d'auteurs recensés par le CEAD, grand nombre de créations québécoises dans une saison, et tutti quanti.
Tout ça est très bien, mais j'ai presque envie de dire: et alors ? Il est vrai que dans les années cinquante, le théâtre québécois en était encore à son âge de pierre. Qu'il a évolué de façon fulgurante, surtout depuis la Révolution Tranquille, comme d'ailleurs l'ensemble des institutions et des entreprises québécoises. Mais n'est-il pas temps de sortir de ce discours auto-flatteur pour parler plutôt de la qualité (ou de l'absence de qualité selon les cas) de notre dramaturgie ? Car, disons-le, le fait que notre dramaturgie se soit développée pour atteindre un niveau semblable à celui des autres pays occidentaux n'est pas en soi un miracle. Le Québec est une société minoritaire en Amérique, mais c'est une société riche, moderne, et encore assez social-démocrate pour accorder de l'importance à l'éducation et au développement de ses artistes. Ça donne, en termes quantitatifs, des résultats probants. On s'en réjouit.
Maintenant, pourquoi cet article ne s'attarde pas à définir les contours de la dramaturgie québécoise, à interroger son évolution thématique et esthétique ou même à se demander si la dramaturgie québécoise est vraiment aussi merveilleuse qu'on le croit ? Rien à faire des chiffres, en fait, s'ils ne se rattachent pas à une réflexion plus large.
Qu'en pensez-vous ?
Photo: Création des Belles Soeurs, de Michel Tremblay, en 1968
C’est exactement la réflexion que je me suis fait en lisant ce dossier bien peu étoffé. Pour en savoir plus sur la dramaturgie québécoise contemporaine, je crois bien qu’il faudra chercher ailleurs.
Et un gros oubli, aucun auteur anglophone, dont Steve Galuccio qui a créé qq pièces au Centaur et a été joué, entre autres, chez Duceppe.
Il est né au Québec et il vut depuis près de 50 ans et on ne le considère pas comme un auteur québécois!!!
Et voici ce que Jasmine Dubé, auteure de théâtre jeune public, pense du dossier de La Presse. Elle a envoyé aujourd’hui une lettre aux médias, dont je vous sers quelques extraits:
« Comment peut-on, encore aujourd’hui, ignorer le public que représentent les enfants? En lisant l’article sur le théâtre québécois dans La Presse du samedi 14 novembre, je constate que tout un pan de la création québécoise est évacué. Déjà, dans l’édition de la rentrée culturelle (5 septembre), tous les secteurs artistiques étaient couverts : du théâtre à la danse, en passant par la musique, l’humour, les arts visuels, etc. Tous sauf un… je vous le donne en mille ? Le jeune public! Et de deux! Encore une fois ici, la preuve est faite que les enfants sont encore et encore et toujours perçus comme « le public de demain ». (…) Et puis, on a passé en revue la programmation des 12 principaux théâtres montréalais. Dans quelle catégorie entre donc la Maison Théâtre si elle ne fait pas partie des principaux théâtres montréalais, elle qui est au cœur du quartier des spectacles et qui programme depuis 25 ans des dizaines de pièces, qui présente près de 300 représentations par année, qui rejoint des dizaines de milliers de spectateurs jeunes et moins jeunes et qui, plus est, présente presqu’exclusivement des créations puisque, pour l’essentiel, le théâtre jeune public est un théâtre de création? (…) Dans le Palmarès des ¨créations québécoises ayant le plus impressionné nos critiques ¨ aucune mention n’apparaît pour le jeune public. Et pourtant, (soyons conséquents!) l’occasion aurait été belle de nommer Suzanne Lebeau, qui non seulement a remporté le Prix de la critique (!!!) avec Le bruit des os qui craquent mais qui vient aussi de remporter le Prix littéraire du Gouverneur Général en théâtre, (THEATRE tout court!); ou Glouglou, de Louis-Dominique Lavigne, lui aussi en nomination pour le même prix et qui, cette année encore, est à l’affiche du Théâtre D’Aujourd’hui. Ou encore de citer La migration des oiseaux invisibles de Jean-Rock Gaudreault qui s’est retrouvé, lui également, finaliste pour le Prix de la critique! ….