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Sexy Béton a de l’impact

Le théâtre documentaire, quand il est lié de près à l’actualité, peut-il paver la voie à des changements de société ? Après avoir vu en septembre le premier épisode de Sexy Béton, on avait très envie de le croire. La pièce révélait tant de faits troublants à propos de l’effondrement du viaduc de La Concorde et la corruption de nos gouvernements qu’il aurait été scandaleux d’en rester là (relire à ce sujet ma critique du spectacle). Surtout que le sujet est dans l’air du temps. L'auteure Annabel Soutar ne pouvait pas tomber sur une meilleure période en politique municipale pour brandir le fruit de ses recherches.

Contactée par téléphone, elle me raconte le petit impact que la pièce a eu dans les médias et chez les personnes concernées par l’effondrement. «Evidemment, les médias n’étaient pas au courant de certaines choses dévoilées dans la pièce, comme par exemple le fait que l’effondrement a été considéré comme un accident de voiture par le gouvernement Charest. Comme les représentations de l’épisode 1 tombaient pile avec le troisième anniversaire de l’effondrement, Radio-Canada s’est beaucoup intéressé à la question, a interrogé les victimes et fait dire à Michel Gagnon (président de l’association professionnelle des ingénieurs du Québec) qu’il croit que le gouvernement devrait prendre la responsabilité de l’effondrement et s’excuser auprès des victimes. C’était la première fois qu’une telle chose était affirmée par l’un des acteurs importants du dossier. Mais surtout, après la première lecture de la pièce en juin dernier, l’avocat Julius Grey a rencontré les victimes pour discuter avec eux de la possibilité de poursuivre le gouvernement en justice. L’affaire suit son cours.»

Ces événements-là, entre autres, seront racontés dans le deuxième épisode de Sexy Béton, intitulé avec beaucoup d’à-propos Justice. Jusqu’au 1er décembre au Centre Segal des arts de la scène. La pièce est bilingue.

Sur la photo: les comédiens Brett Watson et Maude Laurendeau-Mondoux. Crédit: Kirk Wight