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Si Parizeau en parlait…

Sur ma table de chevet,
depuis quelques jours, le nouveau livre de Jacques Parizeau, La souveraineté du
Québec hier, aujourd'hui et demain
. Je l'ai lu avec passion et frénésie,
surtout la deuxième partie portant sur l'avenir d'un Québec souverain, ne
renonçant à ma lecture que lorsque mes paupières fatiguées le commandaient.

Mais en refermant le
bouquin, l'évidence m'a frappé. L'impression tenace qu'il manque un chapitre à
l‘essai de Monsieur . D'une page à l'autre, j'ai beau chercher, il n'y a
presque rien sur l'importance de réviser la politique culturelle québécoise.
Bien sûr, Jacques Parizeau est avant tout un économiste et n'a jamais été le
meilleur défenseur des artistes. Il aborde même la question fondamentale de la
langue sur le bout des lèvres et ne se risque pas trop à parler d'éducation
sans discuter par la bande du monde du travail.

Quand il défend
les capacités du Québec à se positionner comme leader au yeux du reste du
monde, il n'hésite pourtant jamais à prendre l'exemple de petits pays européens qui ont
prouvé leur valeur même s'ils n'ont pas l'avantage du nombre. Il cite entre
autres les pays scandinaves, mais évoque aussi des peuples minoritaires
rayonnants, comme les Flamands. En voilà un bel exemple, qui devrait certes
inspirer les entrepreneurs, mais aussi les artistes et surtout le Ministère de
la Culture. Les artistes flamands revendiquent encore beaucoup de choses auprès
de leur gouvernent, mais tout de même, ils sont bien mieux financés que les
Québécois. Parce que le gouvernement flamand, conscient de son statut
minoritaire en Belgique, a choisi de mettre de l‘avant une politique culturelle
à dimension internationale, ses artistes sont parmi les plus avant-gardistes,
les plus réputés et les plus applaudis à travers le monde. En théâtre et en
danse, du moins, c'est frappant. Les Jan Fabre, Jan Lauwers, Anne Teresa de
Keersmaeker
et Wim Wandekeybus, par exemple, rayonnent partout et font
grandement évoluer la pratique de leurs disciplines respectives. Et en faisant
rayonner l'art flamand, ils font rayonner toute la Flandre. C'est l'évidence
même. Espérons qu'un futur gouvernement péquiste comprendra cette équation-là.
Car chez nous, il y a des artistes brillants qui mériteraient de créer dans de
meilleures conditions et de tourner à travers le monde sans être obligé de se
joindre à des machines commerciales comme le Cirque du Soleil ou de puiser dans
des fonds étrangers comme le font Robert Lepage ou Denis Marleau à travers le
principe de la coproduction.

Culture financée et
encouragée à tourner = Pays ou province connue et admirée de par le monde =
Retombées économiques diverses. 1+1=2. Si Parizeau ne l'écrit pas, quelqu'un
d'influent va-t-il un jour le crier haut et fort ?