Nouveau chapitre de la saga Israel-Palestine au théâtre. Ghila Sroka réagit ici au texte de Philippe Ducros, L'occupant à la table de l'occupé, que je publiais la semaine dernière sur ce blogue. À trois jours de la fin des représentations de L'Affiche, le débat se poursuit. Sa réponse, en deux parties, est assez longue. Mais avec un sujet aussi complexe, mieux vaut libérer de l'espace. Elle y rétablit des faits tout en pointant des aspects du sujet qui ont été occultés. Ghila Sroka est aussi visiblement en colère; elle ne mâche pas toujours ses mots. Je vous laisse prendre connaissance de son point de vue. Vous me direz ce que vous en pensez.
Israël, coupable universel. À quand le vrai
débat ?Les États arabes, dont pas un seul n'est une démocratie,
se fichent totalement des Palestiniens, qu'ils manipulent cyniquement. Mais ils
ont compris depuis longtemps qu'en faisant d'Israël le bouc émissaire de tout
ce qui va mal au Moyen-Orient, ils peuvent plus facilement justifier la
répression de leurs propres peuples.Joseph Facal, "La fabrique de la haine", 30 septembre 2009.
Le 8 décembre 2009, 2 h 14, je déclarais de bon cœur dans ce blogue à propos de Philippe
Ducros : «Ne vous méprenez pas, j'ai trouvé sa pièce de théâtre
absolument magnifique, et je vois bien que c'est un jeune homme très
intelligent dont je respecte les opinions et la liberté de parole. Je l'ai
d'ailleurs invité à s'exprimer dans les pages de Tribune Juive. »Or le 10 décembre, paraissait L'occupant à la table de l'occupé, un texte de Philippe Ducros. À la suite de son intervention dans ce blogue, je me dois de réviser mon opinion
sur cet individu. J'ai invité Philippe Ducros pour une interview au sujet de sa pièce L'affiche, que j'avais trouvée absolument
magnifique, particulièrement en raison du jeu des comédiens. Or je me suis
retrouvée face à un propagandiste en délire, qui a pris le magnétophone pour
son défouloir sur l'occupation. J'ai réécouté la cassette deux fois plutôt
qu'une, profondément déçue et peinée. Si je jouais le même jeu que lui, je
reproduirais ses propos in extenso. On découvrirait alors le délire de Ducros…Philippe, j'ai ouvertement affirmé lors de la table ronde organisée par
Hugo Latulippe que je suis une Israélienne sioniste. Si cela te dérange,
pourquoi m'avoir accordé une interview ? Est-ce seulement pour avoir une
occasion de plus d'ânonner sur la problématique de l'occupation ?La différence entre toi et moi, c'est que moi, j'ai la chance de dialoguer
avec les Palestiniens, les Arabes en général et les Berbères, et ce, depuis
toujours. Au moins nous, nous savons de quoi nous parlons !C'est la première fois en 40 ans de métier qu'une de mes interviews est
ratée alors que j'ai passé ma vie à interviewer des hommes et des femmes du
monde de la culture et du monde politique, et que j'ai toujours été
complimentée pour mon travail.Sache que je suis parfaitement capable de distinguer la qualité de ta pièce
et l'extraordinaire jeu des comédiens, que je respecte. Mais tout ce qui est en
marge de la pièce, comme ton attitude et ton parti pris anti-israélien, me
donne la nausée. C'est bien beau d'être contre l'occupation, mais il faut avoir
le courage d'être contre toutes les occupations, ce qui est mon cas mais
peut-être pas le tien !Tu es venu chez moi monté à mort contre Israël et le sionisme, mais ton
ignorance du sujet proche-oriental m'a sidérée. Par ailleurs, tu as été
incapable de faire tes devoirs, à savoir effectuer une recherche sur mon
magazine ou mes prises de position. Tu as confondu Tribune Juive de France avec Tribune Juive du QUÉBEC ! La Tribune
Juive du Québec est une tribune mise à la disposition
de tous par une juive. C'est un magazine indépendant et non communautaire. Nous
ne faisons pas dans le communautarisme, car je prône l'inter-culture.Finalement, tu es ton propre
ennemi : tu as raté l'occasion de t'adresser directement à mes lecteurs et
d'exposer ton point de vue. Au lieu de cela, sous le maquillage d'une action
altermondialiste, tu as déliré sur la Palestine.Tu te profiles de plus en plus comme un défenseur du Hamastan, non par
souci de justice, mais par esprit partisan. Tu dis, à ta manière, la même chose
que ce qu'exprimait récemment dans une table ronde Bruce Katz, ce
crypto-fasciste qui manifeste sans vergogne sa haine des juifs en général et
d'Israël en particulier.Victimes d'une injustice intolérable, les Palestiniens sont l'objet d'une
attention très fallacieuse. Je te ferai remarquer que ceux qui soutiennent la
cause palestinienne aujourd'hui, manifestant dans nos rues, ont l'indignation
bien sélective. Pourquoi l'injustice commise envers les Palestiniens
reçoit-elle plus d'échos que celle à l'endroit du Darfour, des Kosovars, des
Kurdes, des Tibétains, des Tamouls, des chrétiens du Soudan, des Indiens du
Guatemala, des Touaregs du Niger, des Noirs de Mauritanie, des Algériens,
Tunisiens et Marocains démocrates ? Mais si tu veux continuer à fantasmer
sur tes perversions moyen-orientales…Dire la vérité sur Israël, ce n'est pas vendeur ! ! ! Or
pour ma part, le sionisme fait partie intégrante de ma culture juive. Et en tant que sioniste, j 'ai
publié des articles en faveur du peuple palestinien dans Tribune Juive
et appelé à la libération de Marwan Barghout.Je suis sioniste, et alors ?
Tribune Juive du Québec est pour une paix juste et équilibrée au
Proche-Orient entre les peuples israélien et palestinien,octroyant la souveraineté
nationale aux Palestiniens avec pour capitale Jérusalem-Est ;menant à la reconnaissance
mutuelle des deux États suivant les principes négociés entre les représentants
des Israéliens et des Palestiniens, pour que les deux peuples puissent un jour
vivre en paix, côte à côte, au sein de deux États souverains et
démocratiques ;menant à l'établissement de
relations fondées sur le respect de l'autre, la tolérance réciproque et la
cohabitation harmonieuse de toutes les identités, et aboutissant à la coopération entre
Israël et les pays voisins.****
Je
reprendrai ici les propos de l'auteur et metteur en scène Philippe
Ducros afin de réagir
directement dans son texte à propos de la
table ronde de vendredi dernier sur la situation en Israël et en
Palestine.● « Une des grandes victoires
d'Israël, quand on parle de l'occupation de la Palestine, c'est de faire croire
qu'on se doit de toujours donner les deux points de vue sur le dit
"conflit" »Réponse : La raison pour laquelle il y a place pour les représentants des deux
parties, c'est que le conflit ne commence pas en 1967 avec l'occupation des
territoires, auquel cas je souscrirais pleinement à ce que tu exposes, mais en
1947, lorsque le plan de partage est voté et que la partie palestinienne
et arabe le rejette totalement, en répondant par la guerre. Que l'affaire soit devenue difficile à régler du fait que la défaite
palestinienne en 1948 s'est accompagnée du problème des réfugiés, j'en suis
bien consciente. Mais par bonheur nous sommes à
Montréal et pas en Syrie. Pour ma part, j'ai toujours invité Edmond Omran à
s'adresser à mes étudiants ou dans la communauté juive. Je n'ai jamais craint
de faire connaître le point de vue de l'adversaire, pour la simple et bonne
raison que je ne fais pas dans la propagande.● « Or lorsqu'on parle
d'occupation, il y en aura toujours qui voudront minimiser ses impacts, ou même
la nier, ou encore discréditer ceux qui prennent la parole, ou pire, nous
traiter d'antisémites. »Réponse : Si tu es antisémite, c'est ton
problème, pas le mien. Mais si tu veux être honnête intellectuellement, il faut
faire les distinctions qui s'imposent. Probablement que tu les fais à propos de
l'islam, entre ceux qui vont à la conquête du monde et ceux qui en ont une tout
autre approche. Seulement voilà, lorsqu'il s'agit d'Israël, c'est tellement
plus simple de le saisir en bloc, sans nuances… Le jour où l'occupation sera terminée (très vite, je
l'espère), j'aimerais savoir si tu admettras qu'Israël soit l'État voisin de
l'État palestinien…● « En refusant de le dénoncer,
on tolère l'oppression et donc on prend parti pour l'oppresseur, on
accepte. »Réponse : Plus de 50 ONG israéliennes
dénoncent quotidiennement l'oppression. Mais cela,
tu l'ignores, puisque tu ne sais rien d'Israël et de ses mouvements de
solidarité avec le peuple palestinien. ( Lire : Karine Lamarche, Des
« mouvements pacifistes » aux « mouvements anti-occupation »
israéliens. Matériau pour une réflexion sur les
mobilisations contre l'occupation de 1967 à nos jours)● « Edmond Omran est un
réfugié. »Réponse : Faux, faux et faux ! Il est né
à Nazareth, où toute sa famille vit très bien. Louise Harel, dont il est le
conjoint, a effectué plusieurs voyages là-bas en sa compagnie et m'a confié son
bonheur d'être dans sa famille à Nazareth. Mais il est vrai que ça fait plus
chic de se dire Palestinien qu'Arabe israélien !● « Il partage le sort des
autres réfugiés dont les familles ont été chassées de chez eux, le fusil à la
tempe. »Réponse : Cela, c'est ton fantasme de metteur
en scène. En 1948, il n'y avait pas assez de fusils pour chaque tempe !● « Plus de 700 000
Palestiniens ont dû fuir leur demeure en 1948*. »Réponse : C'est exact. Mais 1 million et demi
de juifs du monde arabe sont aussi des réfugiés de leurs pays d'origine.● « Leur parole en est banalisée,
et leur douleur ne devient qu'une opinion diluée parmi la rhétorique, et la
propagande. Cela doit cesser. »Réponse : En grand démocrate, toi, tu veux
faire taire tous ceux qui ne partagent pas tes opinions. Je ne suis pas
l'occupant !● « Je ne dis pas ici que Mme Ghila Sroka est pour l'occupation. »
Réponse : Encore une chance ! Toi, par contre, tu es un manipulateur. Tu sers
la soupe aux islamistes en prétextant que tu n'aimes pas les étiquettes, alors
que ton parti pris est foncièrement anti-israélien et pro-Hamas. Au lieu de te
spécialiser dans la propagande anti-juive, tu ferais mieux de te cantonner au
théâtre, et de justifier ainsi tes subventions.● « Elle se prétend militante
pour les Palestiniens mais elle s'est déclarée ouvertement sioniste lors de son
intervention enflammée vendredi dernier. »Réponse : Eh oui, il y a des sionistes qui
soutiennent l'occupation et d'autres qui la condamnent, comme moi et comme
d'autres Israéliens… C'est ainsi que la gauche est sioniste tout en étant
contre l'occupation. Mais ce sont là des nuances qui t'échappent totalement,
puisque tu ne sais rien d'Israël. Tu n'as jamais rencontré de membre de
l'intelligentsia israélienne. Quant à
mon intervention, je ne vois pas comment elle aurait pu être enflammée
puisqu'elle a duré deux secondes. Mais bien sûr, dès qu'une femme prend la
parole, son intervention est toujours enflammée. En Palestine, en Syrie et
ailleurs dans le monde arabe, les femmes n'ont pas le droit à la parole ;
voilà qui doit te réjouir…● « Où tracer la limite ?
Devrait-on aller jusqu'à inviter un violeur à table lorsqu'on parle de
viol ? »Réponse : De tels raccourcis sont scandaleux
et dénotent le vide de ta pensée ainsi qu'une forte tendance
phallocrate…● « Quant au boycott, la position
des syndicats palestiniens n'est pas aussi claire que le prétend Mme Sroka. Qui
croire ? »Réponse : Je t'invite à aller lire la
position de Shaher Sa'ed : Les palestiniens se plaignent du
boycott anti-Israël ! Extrait: "Le Secrétaire général de la
Fédération des Syndicats des travailleurs palestiniens (PFGTU) a déclaré à une
délégation de TULIP que son organisation n'était pas intéressée par le boycott
d'Israël. A l'occasion d'une journée de réunions à Naplouse, Shaher Sa'ed s'est exprimé devant les représentants de
sept syndicats, en affirmant que sa première priorité était d'aider les
travailleurs palestiniens et que la Fédération des Syndicats n'avait jamais
approuvé la politique générale de boycott. Sa'ed a consenti le soutien de
la Fédération au boycott de la production en provenance des implantations, tout
en mettant en balance le fait que cela nuirait davantage que cela ne servirait
les intérêts des 30.000 Palestiniens qui y sont régulièrement employés."● « Finalement je trouve qu'il y
a un manque de compassion extrêmement brutal dans le fait de dire "Le
conflit israélo-palestinien n'est pas un conflit si important dans le
monde". »Réponse : Je tenais simplement à souligner
que, dans l'ordre politique des conflits dans le monde, le problème palestinien
vient au 49e rang. Rien de plus. C'est vrai que les catastrophes humaines en Afrique,
c'est le dernier de tes soucis ! Décidément, les zones de non-droit font
tache d'huile dans les milieux alter mondialistes. Et les exemples du type de
chantage que tu pratiques abondent. Il est trop facile de stigmatiser l'Autre.● « La diversité d'opinion est
effectivement primordiale. »Réponse : C'est une farce venant de toi, qui
as essayé de m'interdire de parler à cette table ronde. Même l'animateur Hugo
Latulippe ânonnait dans le même sens que les panélistes. Tu parles d'une diversité…
Ton séjour en Syrie a visiblement déteint sur toi. Atterris à Montréal !● « Il est là le dialogue. Dans la recherche de solution et
d'espoir. »Réponse : De quel dialogue s'agit-il ? Avec qui entamer le dialogue, justement,
sinon avec des sionistes qui refusent l'occupation comme moi ? Mais vous
préférez vous parler à vous-mêmes, rester entre vous. Cette table ronde était
de la propagande à l'état pur digne du Hezbollah. Quant à l'espoir, si l'on
compte uniquement sur des gens comme vous, il n'y en a pas beaucoup pour le
peuple palestinien. Dis-moi, que vas-tu faire advenant une solution au problème
palestinien ? Tu seras au chômage ?
« Je connais Sroka depuis des années. Et chaque fois que je l’ai rencontrée dans un lieu public je l’ai fuie comme la peste. Pas parce qu’elle est juive. Parce qu’elle est une emmerdeuse de premier plan! » – Pierre Bourgault, Calomnie et injure : Journal de Montréal, 3 février 2003.
J’espère que Ghila Sroka ne m’en voudra pas trop de recourir moi aussi à une citation d’un chroniqueur au Journal de Montréal pour introduire mon propos…
Jouons carte sur table. Philippe Ducros est un ami, un meilleur ami même, et un collègue de longue. Loin de moi l’idée ici de prendre sa défense, je le sais assez habile du discours pour le faire lui-même. Mais je suis aussi un lecteur du Voir et un chroniquer ailleurs. Philippe Couture nous demande ce que nous en pensons … Ceux qui me connaissent savent que je rate rarement ce genre d’occasion. Alors voilà.
Ghila Sroka est un personnage bien connu de la polémique-variété du Québec. Il semble que depuis quelques années, si on l’invite à s’exprimer sur un sujet ou qu’on tente d’entamer un dialogue avec elle, elle en profitera pour vous traiter de crypto-fasciste et de parler à travers votre chapeau par le biais d’attaques personnelles, comme elle le fait dans cette missive. Si on ne l’invite pas, elle criera à la censure et à la pensée unique, comme elle l’a fait au tout début de cette «affaire» commencée sur ce blogue. C’est une situation perdant-perdant… On se sort de là comme on peut !
Ce fut le cas il y a quelques années, en 2003, alors qu’elle dénonçait le fascisme ambiant de la société Québécoise. Montréal, une ville «fasciste et totalitaire» écrivait-elle à l’époque. La quasi-totalité des éditorialistes du Québec, toutes idéologies confondues, avaient dénoncé cette grossière exagération qui tient plus du délire que d’autre chose. Quand Bourgault et Pratte sont d’accord, posez-vous des questions… Alors quoi ? Elle en a remis en dénonçant la pensée unique des élites et des intellectuels caractérisée par un «antisémitisme permanent et inconscient». Et puis quoi encore ?
Et ce n’était pas le premier épisode. Il suffit de chercher un peu dans les archives pour trouver des accusations toutes plus colorées les unes que les autres, comme celles à l’endroit de Lise Bissonnette et du Devoir il y a une dizaine d’année. Encore là, les mêmes griefs : censure, «le spectre de la pensée unique», une «cabale orchestrée par la petite corporation littéraire québécoise pure laine, de droite et conservatrice» écrivait-elle… Rien que ça !
Le reste est l’avenant… Philippe Ducros et sa table ronde autour de son spectacle semblent être le nouvel os qu’elle a choisi de ronger. Reste à savoir s’il y a un peu de chaire autour pour satisfaire son appétit, à part les jérémiades habituelles déjà entendues sur le crypto-facisme, la censure et la propagande de la pensée unique.
Dans ce cas-ci, le fond du problème n’est pas tellement les opinions de Philippe Ducros sur la situation qui prévaut en Israël (qu’on choisisse de la qualifier de conflit ou d’occupation) ou encore celles des intervenants qu’il a invités lors de sa table ronde, mais bien plutôt le fait que l’intervention de Ghila Sroka n’a pas été mentionnée par Philippe Couture sur son blogue du Voir. C’est tout. C’est l’origine de cette polémique et elle se résume à cela : Ghila Sroka a été «insultée». On sent bien que Mme Sroka aurait souhaitée être invitée à cette conversation. Peu importe, elle s’y est tout de même rendu et a pris la parole. C’est son droit le plus strict et c’est tant mieux. Mais elle s’est sentie «insultée» qu’on n’ait pas ensuite rapporté ses propos. Il y a fort à parier qu’elle l’aurait été de toute façon.
Mais quoi ? Ghila Sroka se targue depuis des années d’être «fondatrice et directrice (…) de l’unique média indépendant et libre» du Québec (!) Il n’y a pas à dire, l’hyperbole semble être son instrument favori! Si, selon elle, Philippe Ducros gagnerait à «atterrir à Montréal», le moins que l’on puisse dire c’est que Ghila Sroka gagnerait à atterrir au 21 siècle… Mais suivant cette hypothèse farfelue, il ne lui reste plus qu’à profiter de cette liberté et de cette indépendance dont elle se targe. En quelques clics, elle peut désormais avoir un site Internet, un blogue, un compte YouTube… Elle pourra alors diffuser à tout vent et sur toute la planète les propos de Philippe Ducros lors de son entrevue et nous pourrons tous, autant que nous sommes, en juger et les commenter selon notre bonne conscience. Pourquoi vouloir garder secret ce qu’elle considère être les propos d’un «propagandiste en délire» ? Serait-ce qu’il nous serait interdit de communier à l’autel de ses opinions ?… Dialogue vous disiez ?
D’ici à ce que Ghila Sroka diffuse la source de ces propos, intégralement en format audio, puisqu’il s’agit d’un enregistrement, on ne pourra que conclure qu’elle demande au public de considérer sa transcription et son interprétation des faits comme une parole d’évangile, ce que tout citoyen «indépendant et libre» refusera bien naturellement de faire… Le contraire serait de l’obscurantisme.
Quant au fond présumé de cette polémique, à savoir qui, à part Ghila Sroka, peut bien avoir une idée juste et claire de la situation qui prévaut en Israël et en Palestine, n’importe qui étant un tant soit peu au fait du conflit des interprétations en science humaine devrait savoir qu’il faut toujours plus se méfier de ceux qui donnent des réponses que de ceux qui posent des questions… Il me semble assez clair que si Philippe Ducros détenait une quelconque vérité à proférer sur la place publique, c’est une conférence qu’il aurait organisé, et non une table ronde. Si Ghila Sroka souhaite rétablir l’équilibre des points de vue, il ne lui reste qu’à faire de même au lieu de se livrer à un nouveau match de boxe hyperbolique. Viendra qui veut.
N’en déplaise à Ghila Sroka, cet exercice, si incomplet et imparfait soit-il, a au moins le mérite d’inviter des intervenants autre que soi-même dans une conversation. Pour une fois qu’un créateur prend ce risque, au lieu de se complaire dans sa sacro-sainte inspiration artistique qui le plus souvent se suffit à elle-même, il y a tout lieu de le reconnaître et de saluer au moins l’intention, à défaut d’endosser complètement le résultat.
Puisqu’il en est ici question, je dois vous dire que j’ai moi-même discuté longuement avec Ghila Sroka du ton de sa lettre, que j’ai hésité à publier pour ne pas encourager les propos haineux. À mon avis, les attaques personnelles et la médisance ne servent pas son propos. C’est une évidence. J’ai choisi de publier ceci tout de même pour vous permettre de lire les passages où, par exemple, elle précise son point de vue sur le sionisme et le boycott. Ceux-là me semblaient plus propices à alimenter le débat. Pour le reste, hélas, madame Sroka tient à son style et c’est son choix. Ce n’est toutefois pas le ton que je prône pour les échanges sur ce blogue. Que ce soit clair.
Simon Jodoin, merci de votre commentaire. D’autres veulent se joindre à la mêlée ?